Garde nationale. « Nous avons gagné 20 000 réservistes en deux ans »

le-general-anne-fougerat-commande-la-garde-nationale_4327390_347x330pLe général Anne Fougerat commande la Garde nationale. (Photo DR)

À 53 ans, le général Anne Fougerat est la patronne de la Garde nationale, une composante armée, née de l’élan citoyen de milliers de Français désireux de s’engager dans la réserve opérationnelle après la vague d’attentats de 2015-2016. C’est aujourd’hui une force de 75 000 hommes et femmes qui revêtent l’uniforme quelques semaines par an.

Est-ce que l’élan citoyen qui avait prévalu au lendemain des attentats est toujours intact ?

Oui, la réserve opérationnelle, c’est-à-dire les réservistes en armes, s’appuie sur un effectif de 75 000 hommes et femmes. En deux ans et demi, nous avons gagné 20 000 réservistes, soit une progression de 36 %. L’objectif qui nous avait été assigné à l’époque par François Hollande a été largement atteint. Pour l’anecdote, j’étais sur le terrain au moment des premiers attentats de 2015. J’ai assisté personnellement à l’afflux des jeunes et moins jeunes qui venaient déposer leur candidature auprès des services de gendarmerie. Nous avons dû renforcer nos effectifs en conséquence pendant plusieurs mois. Aujourd’hui, le niveau des engagements s’est stabilisé à son rythme de croisière.
Comment cela se traduit-il sur le terrain ?

Par la mobilisation quotidienne de près de 7 000 personnes déployées sur le territoire. C’est ce que nous appelons l’empreinte au sol : chaque jour, 6 989 réservistes viennent renforcer les effectifs des armées, de la gendarmerie et de la Police nationale pour les épauler dans leur mission de surveillance et de sécurité.
Qu’en est-il en Bretagne ?

La région compte 4 200 réservistes dans les quatre départements. Dans le détail, 2 769 personnes sont rattachées aux armées et 1 411 à la gendarmerie. Leur mobilisation se fait en fonction des besoins qui diffèrent d’un secteur à l’autre. C’est l’opérationnel qui commande. Les besoins identifiés dans le Finistère (base navale, sites sensibles, surveillance des côtes…) sont très différents de ceux exprimés en Ille-et-Vilaine par exemple.
Justement, est-ce que tous les besoins sont pourvus ?

Notre mission, c’est d’arriver à 85 000 réservistes à terme. C’est l’objectif qui nous a été fixé par les ministères de la Défense et de l’Intérieur, les deux piliers auxquels est rattachée la Garde nationale. Après deux années de montée en puissance, nous sommes aujourd’hui dans une phase de consolidation. À ce titre, on peut dire que le contrat 2018 est largement rempli.

Avez-vous bénéficié de l’adhésion des entreprises ?

Depuis la création de la Garde nationale en octobre 2016, nous avons clairement ressenti le soutien des employeurs, publics et privés. 170 nouvelles conventions ont été signées avec le ministère de la Défense depuis cette date, sur les 500 comptabilisées depuis 1996. Nous avons également recueilli de nombreux témoignages d’entreprises et de DRH de grands groupes désireux d’accompagner au mieux l’engagement de leurs salariés. Pour preuve, l’allongement de la durée moyenne d’activité qui est passée de 24 jours par an en 2015, à 37 jours en 2018. Un signe qui ne trompe pas, puisque près de 70 % des réservistes sont issus de la société civile.
Un exemple ?

Je citerais l’initiative du groupe Casino. La loi oblige les entreprises à libérer leurs salariés au moins cinq jours par an pour des périodes de réserve, sans les rémunérer. Casino a choisi de porter cette durée à dix jours, tout en maintenant le salaire cumulé avec la solde militaire. Le distributeur a également instauré un « fonds de congés » auquel les salariés non-réservistes peuvent abonder, en faisant don de jours de vacances et de RTT pour compenser l’absence de leurs collègues réservistes.
Quels critères d’aptitudes exigez-vous des candidats ?

Pour un premier engagement, il faut avoir entre 17 et 40 ans, être de nationalité française, ne pas avoir été condamné ou déchu de ses droits civiques. Après un entretien de motivation, il faut se plier à deux visites médicales, l’une pour la sélection, l’autre à l’incorporation. Les contrats d’engagement s’étalent sur une période de un à cinq ans. La solde est établie sur le même standard que les militaires d’active, à la seule différence qu’elle est quotidienne et non mensuelle. Elle varie de 50 à 200 € par jour.
Ces ambitions seront-elles confirmées dans le budget 2019 ?

Je n’ai pas d’indication à l’heure qu’il est. Notre impératif est d’éviter une rupture de rythme. L’engagement de nos jeunes est exceptionnel. Certains y consacrent tous leurs congés, en se rendant disponibles 60 jours par an. Nous ne pouvons pas les décevoir. Il faut répondre à cette attente en inscrivant notre action dans la durée.

Source : Le Télégramme

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