Françoise Poulain. À la tête de 172 gendarmes dans le Morbihan

À Vannes, le chef d'escadron Françoise Poulain occupe « l'un des postes de commandement les plus intéressants pour un officier ».
À Vannes, le chef d’escadron Françoise Poulain occupe « l’un des postes de commandement les plus intéressants pour un officier ».

Nommé cet été à Vannes, le chef d’escadron Françoise Poulain est la première femme à commander une compagnie de gendarmerie dans le Morbihan. Un retour sur le terrain qui ravit cette « grosse tête », passée entre-temps par la direction générale de la gendarmerie nationale.

« J’ai toujours eu la vocation militaire et ce, dès l’enfance. Nous avons une longue tradition d’officiers de réserve dans la famille. J’aime ce milieu et ses valeurs, l’idée du groupe et de servir son pays ». À 34 ans, Françoise Poulain affiche un parcours sans faute. Bac en poche, elle quitte Laval (Mayenne) et ses parents fonctionnaires pour une année d’hypokhâgne (prépa littéraire). « J’étais prise aussi en prépa math-sup », précise-t-elle. Puis ce sera Science-Po Bordeaux pendant quatre ans, le temps de valider un master de management des organisations et des institutions. Parallèlement, elle s’engage comme officier de réserve dans la Marine nationale. Embarquement sur un bâtiment militaire, officier de liaison sur un trois-mâts norvégien, lors du rassemblement de vieux gréements Brest 2004, stage au service historique de la Défense. « Cette expérience a fini de me convaincre, même si la diplomatie m’attirait aussi, pour l’aventure et l’ouverture sur le monde ». Elle passe le concours de l’École des officiers de la Gendarmerie nationale (EOGN) et, après deux années à Melun (Seine-et-Marne), en ressort lieutenant en 2007.

Première femme

Françoise Poulain demande et obtient sa première affectation comme chef de la Communauté de brigades (Cob) de Crozon (29). Un poste de terrain jusqu’alors réservé aux sous-officiers dans la gendarmerie. « En plus d’être la première femme, déjà, j’ai été le premier officier à occuper ce poste ». Elle obtient aussi de sa hiérarchie de transformer la Cob en Brigade territoriale autonome (BTA), afin de concentrer les effectifs (20 militaires, le double l’été) sur un seul site. « J’ai adoré le travail interarmées, avec la Marine nationale, l’école et la base d’aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic (29). On a pu mettre en place de nouveaux dispositifs autour de l’Île-Longue (le port base des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins français), qui étaient à l’époque la cible d’organisations antinucléaires ».

« Elle connaît le terrain »

Après cinq années au bureau juridique de la Direction générale de la Gendarmerie nationale (DGGN), à Paris puis Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), à faire la navette vers le Conseil d’État pour traduire des textes et des décrets en procédures pour ses frères d’arme, la voilà de retour sur le terrain. Avec cette fois, le grade de chef d’escadron et le commandement des 172 militaires de la compagnie de Vannes : cinq communautés de brigades, une brigade de recherches (enquêteurs), un peloton de surveillance et d’intervention (Psig) et des renforts de gendarmes mobiles. Elle est la première femme à occuper ce poste dans le Morbihan. « C’est une question de génération : on était presque à parité dans ma promotion universitaire et on commence à prendre les commandes ». Elle n’en fera pas toute une histoire. « Commander, c’est d’abord une affaire de personne. J’essaye de le faire avec le sourire et dans la bonne humeur. Pour créer une dynamique, les personnels doivent se sentir soutenus. C’est vrai chez nous comme partout », défend celle qui a passé une licence de psychologie à distance lorsqu’elle était en poste à Crozon (29). Ses nouveaux gendarmes louent déjà « son sens de l’écoute » : « On sent tout de suite qu’elle connaît le terrain ».

« J’aime l’opérationnel »

Comme le veut l’évolution des carrières dans la gendarmerie, Françoise Poulain sera amenée un jour ou l’autre à retrouver Paris, l’administration centrale et les postes dans les cabinets ministériels. En attendant, à la tête de son « effectif manoeuvrant », elle profite de « l’un des postes de commandement les plus intéressants pour un officier ». « J’aime l’opérationnel : mettre en place des dispositifs et des tactiques d’intervention ». Surtout, elle se sent « utile ». Comme lorsqu’elle avait retrouvé une personne suicidaire avant qu’elle ne passe à l’acte, sur la presqu’île de Crozon. « Un coup de chance ». Ou lors des nombreuses recherches de personnes et missions de renseignement et de maintien de l’ordre qu’elle a eu à coordonner depuis son arrivée à Vannes.
Source : Le Télégramme

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