Entre une policière espagnole et l’AFP, qui désinforme le plus ?

Le « factuel » à géométrie (très) variable. FS

Suite à l’appel vidéo lancé par une policière espagnole incitant les spectateurs à enquêter sur ce qu’elle considère être « un recul inquiétant de la démocratie et des libertés » au sein de pays comme la France et l’Espagne, qu’elle qualifie de « dictatures sanitaires », l’AFP-Factuel, le service de vérification de l’Agence France Presse, lui a répondu en dénonçant les incohérences et autres fausses informations qu’elle pense déceler dans son discours. Problème : l’AFP s’appuie elle-aussi sur des informations erronées pour asseoir sa démonstration. Pire, elle ne peut l’ignorer, puisque France Soir l’en avait déjà avertie.

Sonia Vescovacci est, comme nous le rapporte le site Publicocité par l’AFP dans son article, officier du Corps national de police espagnole (CNP). Elle est également à la tête du collectif « policiers pour la liberté » (« policiàs por la libertad », la traduction en français de la description du collectif est proposée sur ce blog). Un collectif qui avait notamment appelé fin 2020 les agents des forces de l’ordre espagnoles à ne pas verbaliser les citoyens ne portant pas de masque ou ne respectant pas les restrictions sanitaires.

Dans sa dernière vidéo rapidement devenue virale, la policière, qui déclare avoir grandit dans la région marseillaise, se présente devant la caméra en uniforme et s’exprime dans un français à la tonalité hispanique. Elle y dénonce des « lois liberticides, absurdes et sans fondement scientifique » et appelle les citoyens et les journalistes à enquêter sur « les anomalies, les mensonges et les incohérences » existant autour de la crise actuelle, ainsi que sur cette « dictature sanitaire » qui, selon elle, fera « prochainement place à une dictature économico-techno-sanitaire ».


Considérée par les uns comme une « lanceuse d’alerte », elle est moquée et raillée par les autres. L’AFP en tête.

Dans son papier, l’Agence France Presse isole quatre points contenus dans les propos de Sonia Vescovacci qu’elle considère comme fallacieux :

– Les tests PCR sont frauduleux

– Les masques sont inutiles et toxiques

– Il existe des traitements capables de mettre fin à la pandémie

– Les vaccins sont toxiques

Une logorrhée d’arguments accessoires

Concernant ces quatre points, l’Agence France Presse va mettre en avant une logorrhée d’arguments nous renvoyant vers différents articles qu’elle a déjà écrit. Plusieurs heures de lecture vous seront ainsi nécessaires si vous souhaitiez consulter l’ensemble des papiers et autres références vers lesquels nous renvoie l’AFP.

Quelle meilleure preuve possible, pour nous convaincre que cette démonstration faite à l’encontre des arguments avancés par Sonia Vescovacci est juste, que celle de constater que l’AFP avait déjà éclaircie et largement étayée cette problématique ? Sous-entendu qu’il est particulièrement agaçant pour l’agence de presse de devoir nous informer à nouveau sur un sujet qu’elle pensait pourtant à présent entendu par chacun, tant elle avait déjà longuement écrit et « enquêté » sur le sujet.


Comment en vouloir à l’AFP de se sentir agacée de devoir se répéter quand nous le sommes nous-mêmes de lui faire à nouveau remarquer qu’elle ne cesse de toujours mettre en avant les mêmes arguments erronés ?

À l’instar de la manière d’opérer des complotistes les plus fantaisistes, obsédés par la conquête d’un auditoire qui, pour se laisser séduire, réclame de nos jours des théories aux allures de plus en plus vraisemblables, factuelles et argumentées, l’AFP pratique la technique de la « noyade de poisson ». Dit de manière plus intellectuelle, l’agence de presse verse dans le sophisme. En assénant sur un même thème des dizaines de paragraphes reposant principalement sur des préceptes factuellement vrais, l’agence de presse en profite ainsi pour faire passer des contre-vérités et pour, in fine, fuir les véritables questions posées qu’elle entendait pourtant éclaircir.

Par exemple, Sonia Vescovacci parle de « fraude aux tests PCR que l’on appelle aussi la fabrique de faux cas positifs pour ensuite justifier la mise en place de mesures pernicieuses ». Elle déclare que, selon elle, « l’inventeur de ce test, le prix nobel Kary Mullis, a bien expliqué que ce test ne pouvait pas servir à diagnostiquer de maladies et encore moins le covid… encore moins si l’on l’utilise couramment comme des cycles d’amplification supérieurs à 25 comme c’est le cas à 99% ».

Ce que l’agence de presse résumera ainsi : « La policière fustige, dès le début de sa vidéo, « une fraude aux faux cas positifs pour les tests PCR » et assure qu’ils ne sont pas efficaces si on les utilise « avec des cycles d’amplification supérieurs à 25 comme c’est le cas à 99% » ».

Notez comment l’AFP détourne le sens du discours de la policière. Elle qui explique que « ce test ne pouvait pas servir à diagnostiquer de maladies et encore moins le covid… encore moins si l’on l’utilise couramment comme des cycles d’amplification supérieurs à 25 » voit ses propos être mutilés en : « la policière (…) fustige qu’ils ne sont pas efficaces si on les utilise avec des cycles d’amplification supérieurs à 25 ». La partie considérant l’efficacité d’un test en fonction de sa capacité à détecter une maladie a été retirée, vidant ainsi de son sens le propos initialement défendu par Sonia Vescovacci.

Et c’est du coup sur cette base tronquée, et donc fallacieuse, que l’AFP va contredire la policière en expliquant pourquoi il est, à juste titre, faux d’annoncer que les tests PCR ne sont pas en mesure de détecter le Sars-CoV-2. Pour autant, tout au long de son argumentaire, l’agence de presse prendra précisément bien garde à rester beaucoup plus évasive concernant la nuance existant entre « présence de virus » et « maladie ».

Pour remettre en question les propos de l’agent des forces de l’ordre espagnoles, l’AFP va brièvement rappeler avoir déjà « démystifié » l’affirmation selon laquelle Kary Mullis aurait déclaré que les tests ne permettaient pas de diagnostiquer « des virus ». L’agence de presse nous renvoie ainsi vers deux articles, l’un du journal Le Monde et le second issu de son cru. (cf le point 2.).

Dans ces papiers, il est expliqué que, contrairement à une affirmation largement relayée sur les réseaux sociaux, jamais Kary Mullis n’a dit que « les tests PCR étaient incapables de détecter des virus ». Dont acte, mais l’AFP nous emmène bien sur un chemin de recherche qui ne convient pas à l’objet du débat instigué par la policière, puisque celui-ci porte sur la détection, via ces tests PCR, de maladies, et non de virus.

Une nuance qui ne semble vraiment pas évidente aux yeux de l’AFP qui considère peut-être qu’il n’est pas possible d’être porteur d’un virus, voire d’une infime part de virus, sans pour autant être malade ? Ce qui serait bien évidemment une erreur d’analyse non-négligeable.

Toujours est-il que dans ce second papier, l’agence de presse s’épanche un peu plus sur la question de la fiabilité du test et en vient à conclure qu’il « est exact en revanche qu’il n’est pas conçu pour déterminer précisément la quantité de virus présent dans l’échantillon ».

De son côté, l’exposé du Monde se contente de retrouver l’article originel d’où est véritablement tirée la phrase partagée sur les réseaux sociaux et dont l’auteur, John Lauritsen, n’est en effet pas l’ancien prix Nobel de chimie inventeur du test PCR.

En résumé, ces conclusions de l’AFP sur l’efficacité des tests PCR sont pour le moins déconcertantes, puisque selon elle :

– Il est inexact de déclarer que ces tests empêcheraient de détecter des virus, alors que Sonia Vescovacci parlait de maladies.

– Cette détection est réalisée à l’aide de tests dont l’agence de presse consent à reconnaître que leur résultats ne permettent pas de quantifier la présence d’un virus, et donc implicitement de pouvoir estimer sa proportion à pouvoir rendre malade l’organisme qui le porte.

Face à cette argumentation aux aspects proches de celui d’un oxymore, nul doute que les esprits les plus cyniques auront tendance à vouloir répondre à l’Agence France Presse : Kamoulox ! 

Une conclusion particulièrement contradictoire qui n’est pas, ou plus, partagée par Reuters (texte en anglais). En effet, l’agence de presse britannique qui, comme Le Monde, avait également décidé de classer cette citation attribuée à Kary Mullis (« PCR tests cannot detect free infectious viruses at all », c’est-à-dire « Les tests PCR ne peuvent pas du tout détecter les virus libres et infectieux ») comme « fausse » a finalement décidé de se rétracter pour la qualifier de « trompeuse ».

Reuters explique, tout comme l’AFP l’avait fait avant elle, que « le contexte autour de la citation montre que Lauritsen ne dit pas que les tests PCR ne fonctionnent pas. Au lieu de cela, il précise que la PCR identifie les substances qualitativement et non quantitativement ».
 

« Les tests peuvent détecter les séquences génétiques des virus, mais pas les virus eux-mêmes. »

Là où l’interprétation varie entre les deux agences de presse, c’est lorsque Reuters cite l’extrait de l’article de Lauritsen incluant la fameuse phrase polémique : « La PCR est destinée à identifier les substances de manière qualitative, mais de par sa nature même, elle n’est pas adaptée à l’estimation des nombres. Bien qu’il y ait une fausse impression commune que les tests de charge virale comptent réellement le nombre de virus dans le sang, ces tests ne peuvent pas détecter du tout les virus libres et infectieux (…) Les tests peuvent détecter les séquences génétiques des virus, mais pas les virus eux-mêmes. ».

Ce qui incite Reuters à conclure en notant que « même si Mullis avait fait une déclaration similaire avant sa mort en 2019 (ndla : comme par exemple ici), cette citation ne signifie pas que le test PCR est incapable de détecter la présence du SARS-CoV-2 (…) [mais] plutôt qu’il ne peut pas déterminer si l’individu testé est infectieux (ndla : « infectious » se traduit en français par « infectieux », il faut donc comprendre ici : « il ne peut pas déterminer si l’individu testé est contagieux et/ou porteur d’un virus infectieux ») ».

En résumé :

– Avant sa mort, Mullis avait bien fait une déclaration similaire à celle de Lauritsen, ce pourquoi Reuters a requalifié la citation comme « trompeuse ».

– Le test PCR est bien en mesure de détecter des traces de virus, mais il n’est pas capable de qualifier dans quelle proportion il s’est développé dans l’organisme sur lequel on a détecté sa présence, tout comme il n’est pas en mesure de déceler si vous êtes malade.

Soit, en définitive, une conclusion proche de ce qu’affirmait Sonia Vescovacci lorsqu’elle disait que : « ce test ne pouvait pas servir à diagnostiquer des maladies et encore moins le covid ».

Même si l’AFP a dénaturé le sens de ses propos, l’agence de presse a, ainsi que Le Monde et Reuters, démontré de manière plus ou moins explicite et consciente que les tests PCR ne faisaient en réalité que révéler la présence, même inactive et infime, d’un virus dans un organisme, sans pour autant être en capacité de qualifier si un individu était malade.

Or, en médecine, la différence entre un individu qui abrite un virus et celui qui est malade est bel et bien de taille. Une différence si notable que nous pourrions trouver là motif à nous interroger sur la fiabilité des tests positifs au Covid quotidiennement recensés sur des personnes « asymptomatiques » et en pleine possession de leurs moyens.


« Le nombre de cycles, on s’en fiche » ?

Une nuance qui devient d’autant plus importante puisque, selon Sonia Vescovacci, ce test devient de moins en moins fiable dès lors qu’on « l’utilise couramment avec des cycles d’amplification supérieurs à 25 ».

La policière fait ici référence à la méthodologie utilisée lors de la recherche de virus à l’aide de ces tests. Plusieurs cycles d’amplification sont effectués sous diverses conditions. Plus vous effectuez de cycles, plus vous avez ainsi de chances de déceler la présence d’un virus. Une méthodologie expliquée dans cette vidéo des Hôpitaux universitaires de Genève et reprise en exemple par l’AFP dans son article.

À la différence des propos tenus par l’agent des forces de l’ordre espagnoles, pour l’AFP il n’est pas possible de parler de manière générique concernant ces cycles d’amplification, puisque, comme l’agence de presse le démontre, chaque type de tests PCR répond à des technologies et à des normes différentes. De plus, selon les caractéristiques du virus que vous recherchez, vos analyses se devront d’être plus ou moins approfondies. Vouloir fixer une barre universelle maximale à 25 cycles d’amplification n’aurait donc pas de sens.

C’est ce qu’explique à l’AFP Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre national de référence des virus respiratoires de l’Institut Pasteur : « cette valeur est généralement comprise entre 10 et 45. (…) En fait le nombre de cycles, on s’en fiche, tout dépend de la PCR, de la technologie que vous utilisez ».

« On s’en fiche » dans le sens où le nombre de cycles optimal à effectuer variera selon le virus et selon la technologie utilisée. Il ne peut donc pas y avoir de seuil normé.

« On s’en fiche » donc surtout en tant que référence universelle, mais s’en fiche-t-on réellement dans l’absolu ?
 

Quid d’un éventuel seuil, propre à chaque type de tests PCR (par exemple et au hasard 25 cycles pour l’un, 35 pour l’autre, 45 pour un troisième), qui une fois franchi rendrait caduc le résultat d’un test, tant on aurait multiplié ses cycles d’amplification au point de détecter d’infimes parties de virus qui n’impliqueraient aucune maladie chez le sujet testé ? À moins que l’AFP et Vincent Enouf ne considèrent qu’un test reste fiable quel que soit le nombre de cycles effectué ?

Il est malheureusement impossible de le déterminer après lecture du flot d’articles pourtant proposé par l’AFP sur ce sujet. En étant à la fois incapable de définir s’il existe un seuil maximal de cycles à ne pas dépasser pour chaque technologie utilisée, tout en n’ayant aucune idée du nombre de cycles d’amplification effectué dans les différents laboratoires français, l’Agence France Presse est, contrairement à ce qu’elle s’estime être en mesure d’affirmer, factuellement dans l’impossibilité de nous apporter des éléments tangibles permettant de contredire sur le fond Sonia Vescovacci quant à la potentialité que les résultats de tests PCR puissent être, d’une manière ou d’une autre, frauduleux.

En l’état, l’agence de presse s’obstine simplement à expliquer pourquoi le stade fixé à 25 cycles par la policière est en soi un non-sens et pourquoi ces tests sont bien en mesure de déceler la présence du virus. Si l’AFP a raison sur ces points, cette superposition d’arguments orchestrée autour de questions secondaires sonne davantage comme des victoires à la Pyrrhus pour sa démonstration, puisque in fine, face à un poisson refusant de se noyer, nous restons sur notre faim.

Peut-être ces tests PCR peuvent-ils être frauduleux si sujets à trop de cycles d’amplification, peut-être pas, mais ce n’est pas à la lecture de l’article de l’AFP, et de ses nombreux satellites, que nous sommes plus avancés pour le définir. Pourtant, ces-derniers entendaient bien répondre à notre attente par la négative, tout en prétendant contester la véracité des propos tenus par Sonia Vescovacci.
 

Une vingtaine de scientifiques, un grand média et des juges portugais ne partagent pas les mêmes conclusions que l’AFP 

Ce manque d’informations autour de la fiabilité d’un test en cas de dépassement d’un certain nombre de cycles est d’autant plus dommageable que cette question n’est quasiment jamais soulevée dans la presse, tout comme la vidéo des Hôpitaux universitaires de Genève ne l’explicite pas non plus. À l’inverse, ils sont nombreux à dénoncer une aberration autour de ce sujet. C’est notamment le cas de cette vingtaine de scientifiques dont l’étude remet en cause l’utilisation des tests PCR sous leur forme actuelle.

Et ils ne sont pas les seuls. Au Portugal, des juges ont qualifié de « discutables » les résultats obtenus par ces tests, notamment concernant ces ambiguïtés touchant aux cycles d’amplification.

En Belgique, un « grand média », la RTBF, ira même jusqu’à communiquer le nombre de cycles réalisé, selon eux, dans le plat pays : « entre 30 et 35 ». Mieux, la RTBF interrogera Frédéric Cotton, responsable de l’un « des cinq plus grands labos belges ». qui admettra « [qu’]aujourd’hui, on n’a peut-être pas intérêt à autant amplifier le virus parce que le risque est d’en détecter parfois des traces d’un virus qui n’est plus infectieux, d’un virus entre guillemet mort ».

Frédéric Cotton ajoutera, avec un certain bon sens que l’AFP aime à occulter dans ses analyses, que « cela dit, on devrait pouvoir donner au médecin un résultat de dépistage où le nombre de cycles seraient mentionnés, ce qui lui donnerait une meilleure idée de la contagiosité de son patient Covid. (…) N’empêche en attendant, une standardisation, les labos pourraient commencer à donner une évaluation de la quantité de virus (faible, moyenne ou forte), ce serait un progrès. ».

Un progrès qui permettrait surtout d’offrir de la transparence à l’étude scientifique et publique relative à la fiabilité de ces tests, puisque selon Frédéric Cotton, il suffit de communiquer sur la quantité de virus détectée à chaque cycle pour avoir une idée bien plus précise de la contagiosité, et donc de la charge virale d’un individu. De quoi y voir beaucoup plus clair dans la différenciation à réaliser entre les cas les plus graves et ceux les plus anodins.

Dans Hold-up, le documentaire de Pierre Barnéras, qui avait défrayé la chronique l’an dernier et dont les approximations et diverses projections subjectives avaient permis de dénaturer son travail journalistique aux yeux de l’opinion publique, figurait l’extrait d’un reportage de 8 Mont-Blanc, une chaine de télévision savoyarde disponible sur le cable. Dans cet extrait, un analyste était interrogé sur le nombre de cycles d’amplification effectué dans son laboratoire (à partir de 11’06 »). Ce-dernier expliquait alors devant la caméra procéder à des recherches allant jusqu’à 50 cycles, ponctuant sa phrase par « ce qui fait qu’on est très très très très sensible (sic) »

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Image tirée du reportage réalisé par 8 Mont-Blanc dans un laboratoire effectuant des tests jusqu’à 50 cycles d’amplification.

Qu’importe l’avis que chacun s’est fait sur Hold-Up, ce passage est extrait d’un reportage réalisé par une rédaction de journalistes, dont le travail ne peut pas, faute de contradiction probante, être remis en question.

Si grâce à l’AFP nous sommes à présent en mesure d’affirmer que le seuil de 25 cycles ne peut pas être pris comme référence universelle maximale à ne pas dépasser pour obtenir des résultats fiables lorsque l’on cherche à détecter la présence suffisamment importante d’un virus dans un organisme, nous restons en revanche ignorants sur l’interprétation que nous pouvons faire vis à vis d’une amplification portée à 50 cycles, et ce, quelle que soit la technologie utilisée par ce laboratoire. Les seules réponses que nous ayons pour le moment émanent d’individus qui ne sont, certes, pas journalistes à l’AFP, mais qui le sont néanmoins bien à la RTBF, ou qui sont des scientifiques reconnus, quand ils ne sont pas juges au Portugal, et qui, tous, remettent en cause la fiabilité supposée implacable des tests PCR.

Quant au responsable du grand labo belge, s’il juge déjà qu’à « 30 à 35 cycles », « on n’a peut-être pas intérêt à autant amplifier le virus parce que le risque est d’en détecter parfois des traces d’un virus qui n’est plus infectieux, d’un virus entre guillemet mort », il serait intéressant de le questionner sur la technologie utilisée permettant, selon lui, de nécéssiter de monter jusqu’aux 50 cycles évoqués dans le reportage de 8 Mont-Blanc.

N’en déplaise à l’AFP, voici la preuve a minima que le débat scientifique et sociétal sur le sujet n’est pas tranché, et encore moins clos. La probabilité que des tests PCR puissent être frauduleux existe. Pour lever tout soupçon, il suffirait, comme le préconise Frédéric Cotton, de rendre plus transparent le calcul des résultats en donnant simplement « au médecin », et au patient, « un résultat de dépistage où le nombre de cycles seraient mentionnés ».

Différents avis divergents auxquels chacun décidera d’octroyer plus ou moins d’importance selon l’analyse qui lui est propre, mais que l’AFP, elle, ne juge visiblement que trop peu pertinents pour devoir nous les dévoiler. On notera toutefois que le seuil de 50 cycles d’amplification se situe en dehors de la « valeur généralement comprise entre 10 et 45 » annoncée par Vincent Enouf.

De quoi à nouveau relancer nos interrogations concernant les cas asymptomatiques et en bonne santé. De la même manière, redescendre sous la barre des 5,000 cas par jour fixée par Emmanuel Macron pourrait dès lors apparaître comme particulièrement difficile à atteindre si toute personne abritant une infime part de virus, potentiellement « mort entre guillemets », était obligatoirement testée positive.


L’AFP répète systématiquement les mêmes erreurs… et les mêmes fausses informations

Autre preuve du déni de l’AFP, dès les premières lignes de son article, l’agence de presse cherche à contredire la policière espagnole qui dit s’appuyer sur les propos des « professeurs Perronne, Toussaint, Raoult et Alexandra Henrion-Caude ». Pour cela, l’agence de presse fait référence à l’un de ses précédents papiers (qui lui-même renvoyait déjà à de nombreux autres) censé(s) prouver pourquoi Hold-up était truffé d’une trentaine de fausses informations.

Or, déjà à l’époque dans sa démonstration, l’AFP s’était elle-même faite l’écho de nombreuses informations erronées, pour ne pas dire mensongères, comme nous vous le révélions dans ce non moins court article sur le sujet.

Malgré notre travail journalistique qui n’a depuis été contredit ni de près ni de loin par aucun service de vérification de la presse dominante, il est particulièrement exaspérant de constater que l’Agence France Presse persiste et signe dans sa démarche visant à cultiver des zones d’ombre, voire des passages purement fallacieux ou faux, lors de démonstrations pourtant extrêmement détaillées.

En effet, si vous allez au bout de la lecture des différents papiers proposés par l’AFP, vous constaterez qu’en ce qui concerne la partie de son article touchant aux « traitements capables de mettre fin à la pandémie », et donc à la question de l’hydroxychloroquine, elle continue d’appuyer l’ensemble de sa contre-argumentation sur 3 études scientifiques qui, contrairement à ce qu’affirme l’agence de presse, ne démontrent en réalité pas que cette molécule est inefficace pour lutter contre le Covid (ndla : Cf le point 5/ de notre papier).

Deux d’entre elles, Solidarity et Discovery, ont administré des doses de cheval à leurs patients, qui plus est sans avoir associé la molécule à aucun antibiotique, rendant ainsi caduque tout constat fiable sur le traitement proposé par le professeur Raoult. Des doses véritablement dangereuses au regard des posologies préconisées par l’Agence nationale de sécurité du médicament. La troisième étude, Hycovid, a, pour sa part, clairement eu tendance à prouver l’inverse de l’interprétation à laquelle se réfère l’AFP, puisqu’elle montrait qu’associée à l’azithromycine, l’hydroxychloroquine obtenait des effets sensiblement positifs sur les malades atteints de Covid-19. Le trop faible nombre de patients concernés et la trop courte durée de l’étude n’ayant pas permis de confirmer ces résultats.

Bis repetita sur le sujet des masques, où l’AFP contredit l’idée qu’ils puissent être inutiles et toxiques. Là encore, l’agence de presse usera de multiples arguments pour expliquer pourquoi le masque est bien utile dans certaines situations et conditions, tout en omettant de préciser dans lesquelles il ne l’est pas et en ne mentionnant pas le fait que l’Organisation mondiale de la santé, elle-même, n’est pas en mesure de prouver scientifiquement qu’il le soit. Le même procédé est utilisé concernant leur toxicité (ndla : cf les points 1/ et 2/ de notre précédent papier).

Que l’AFP puisse faire des erreurs, voire qu’elle puisse colporter plusieurs fausses informations dans ses articles, est de l’ordre du tolérable. A fortiori durant une crise où se mêlent de multiples incertitudes. Nul n’est parfait… même s’il fut un temps où cela impliquait une démission immédiate de son équipe dirigeante. En revanche, ce qui intrigue davantage sur les motivations qui animent maintenant la parution de ses articles, c’est que, même une fois alertée, l’AFP choisisse tout de même de s’obstiner à répéter des démonstrations interminables qu’elle sait pourtant biaisées, et donc fausses, le tout en promotionnant toujours la même idée directrice sans jamais chercher à opposer ses arguments aux informations contradictoires les plus pertinentes.

En bref, l’AFP ne s’embarrasse à présent plus à chercher la vérité. Elle la décrète directement et distribue ensuite ses bons points.

 

Wolf WAGNER est journaliste indépendant.

Auteur(s): Wolf WAGNER pour FranceSoir

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