En immersion avec « Les Experts » de la gendarmerie

Ils sont cinq et bientôt six sur notre île. Très discrets, vêtus de blanc intégralement, lunettes et masques sur les scènes de crime, les Techniciens en Identification Criminelle sont « les yeux et les oreilles » de la justice.

 

Chargés d’effectuer les relevés sur les scènes de crime, les Techniciens en Identification Criminelle (TIC) ont un rôle crucial dans toute la chaîne des preuves qui finiront devant la cour d’Assises.

On les voit dans les séries télévisées, pinceaux et appareils photo à la main, ou dans une chambre noire à passer les preuves au luminol.

Un Technicien en Identification Criminelle est tout d’abord un sous-officier de gendarmerie qui s’est qualifié. Il est d’abord TIC de proximité, avec pour champ d’action la délinquance de masse, les cambriolages, vols de véhicules, la « délinquance du quotidien ». Sur notre île, il y a 250 Techniciens en Identification Criminelle de proximité.

Il intervient sur un phénomène sérial qui prend de l’importance

Le Technicien en Identification Criminelle va pousser les investigations plus loin. Il agit dans un champ d’infractions criminelles, du meurtre, au viol, à la découverte de coffres, aux incendies criminels, soit des affaires à dimension plus importante. Il est un appui majeur dans le cadre d’une enquête judiciaire.

« On peut les retrouver sur des affaires de délinquance de masse quand on a un phénomène sérial qui prend de l’importance. À La Réunion, nous ne sommes à l’abri de rien, avec un pourcentage de criminels et de délinquants. Les violences intrafamilliales sont particulièrement graves ici » explique Bernard Fischer, Capitaine de la Brigade Départementale de Renseignement et d’investigation Judiciaire de la Réunion.

« C’est aussi être régulièrement confronté à la mort »

 

Pour être TIC, il faut avoir un solide mental. « Ce n’est pas que faire des constatations, mais aussi avoir la curiosité, l’intelligence des lieux et avoir une pertinence dans la recherche des indices » précise le Capitaine Fischer.

« Les gens voient le côté enquête, trouver la trace, les indices mais ils oublient que c’est aussi être régulièrement confronté à la mort, d’enfants parfois, et derrière il y a des choses difficiles à vivre » ajoute-t-il.

Un point de vue largement partagé par les acteurs de terrain, dont l’Adjudant-Chef Gilbert T., de la Cellule d’Identification Criminelle de Saint-Denis.

« La remise en question est permanente. Il ne faut pas oublier l’aspect sensible du métier, que l’on occulte en arrivant sur les lieux avec une attitude professionnelle. On travaille sur des scènes qui nous touchent car on reste humains avant tout, mais il faut avoir ce mental fort pour pouvoir faire la part des choses et effectuer notre travail de constatation de manière efficace. »

 

« Une photographie judiciaire évite parfois de longs discours… »

Et ce travail crucial va souvent être le socle des preuves présentées dans les procès. Sans preuve, difficile de prouver la culpabilité. « Devant le jury et les magistrats, on explique nos constatations techniques.

Il faut permettre à des gens qui n’étaient pas sur la scène de crime de pouvoir comprendre. Notre travail sera regardé, consulté, interprété mais nous n’avons pas cette phase d’interprétation. Nous sommes là pour faire des constatations.

On voit l’importance des constatations techniques et des photographies judiciaires présentées aux Assises. Une photographie judiciaire évite parfois de longs discours… » précise l’Adjudant-Chef Gilbert T.

Faire parler les preuves, mais aussi les conserver

Le plateau opérationnel de Saint-Denis a été entièrement rénové est mis en service en 2015. Il est labellisé ISO 17-025 et aux normes COFRAC (COmité FRançais d’ACcréditation). Les TIC obéissent à un manuel détaillé, dans lequel chaque procédure est normalisée et contrôlée.

Ils manipulent tous les jours plusieurs produits chimiques pour faire parler les preuves ramenées du terrain mais également les conserver de manière optimale.

Que pensent les Techniciens en Identification Criminelle des séries dans lesquelles leurs techniques de pointes sont révélées? « Pas terrible. On montre des choses qu’il vaudrait mieux garder secrètes, ça peut donner des idées à certains… ». À défaut de renseigner les criminels, la fiction a en tous cas l’avantage de créer des vocations dans les rangs de la gendarmerie.

 

Source : Zinfos974

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