Disparues de l’Yonne : « Il serait temps de rendre justice au gendarme Jambert »
« Il serait temps de rendre justice au gendarme Christian Jambert, enquêteur opiniâtre sans lequel l’affaire Emile Louis n’aurait jamais pu être jugée. Le procès-verbal qu’il rédige en juin 1984, resté curieusement égaré dans un coffre du parquet au tribunal d’Auxerre, contenait déjà six noms des sept victimes », martèle Pierre Monnoir, l’emblématique président de l’Association des disparues de l’Yonne qui a porté à bout de bras le combat judiciaire dans cette affaire. Un dossier longtemps empêtré à cause d’une certaine passivité de la justice et de l’incurie de la gestion de l’époque des foyers d’accueil des enfants de la Ddass. « L’adjudant-chef Jambert a été maltraité et a servi de bouc émissaire. Je constate que dans ce dossier, malgré bien des errements, certains magistrats ont continué leur carrière sans être inquiétés ou si peu… Jambert mérite que les gendarmes l’honorent. Bon, Jambert avait du caractère. Et alors ? Qu’on le désigne comme parrain serait la moindre des choses », insiste Pierre Monnoir.
« Les éléments réunis par ce sous-officier ont permis aux enquêteurs de la section de recherches de comprendre les faits et de reprendre la procédure à partir de ce procès-verbal. Mais il a fallu tout reconstruire », détaille le général Michel Pattin, actuel n o 3 de la gendarmerie.
Un enquêteur très investi
A l’époque, il était le jeune patron de la section de recherches de Paris chargée de l’affaire Emile Louis jusqu’à son arrestation. « Ce bon enquêteur a fait ce qu’il pouvait avec les moyens de l’époque, travaillant en solitaire. Aujourd’hui, les méthodes ont changé, et on ne travaille plus seul », précise le général de corps d’armée qui ne peut intervenir sur le choix de désigner Jambert comme parrain d’une promotion. Le journaliste de RTL Jacques Pradel, qui avait consacré à l’époque l’émission de TF 1 « Perdu de vue » sur les disparues de l’Yonne, plaide, lui, « pour la reconnaissance légitime » du sous-officier.
Quant à Isabelle Richard, la fille du sous-officier qui s’est suicidé dans des circonstances troubles en août 1997, elle se souvient d’un père « très investi qui voulait aboutir coûte que coûte et donnait de sa personne ». « Un gendarme dévoué, persévérant, qui savait écouter les gens. Il a sorti cette incroyable affaire et, à l’époque, il n’y avait pas de recours à l’ADN », décrit celle qui considérerait comme « un honneur et une fierté » de voir son père « être le parrain de futurs gendarmes ».
Exemplarité exigée pour le parrain d’une promotion
La désignation des parrains de promotion de sous-officiers ou officiers répond à un strict protocole. Le parrain doit être un gendarme à la carrière exemplaire et décédé en service. C’est le Service historique de la défense qui fournit une liste parmi une série de noms de gendarmes. « Le parrain que se choisiront les futurs sous-officiers ou officiers ne doit soulever aucune polémique ni émotion. Sa désignation doit faire l’objet de l’approbation de sa famille, certaines pouvant être parfois réticentes », explique le commandement des écoles de la gendarmerie nationale. Le nom de Jambert n’a jamais été désigné par les services du ministère. Il est décédé en 1997 alors qu’il était déjà en retraite. La thèse du suicide a été retenue après une enquête pour assassinat relancée en 2004. Et le sous-officier courageux avait eu quelques conflits avec sa hiérarchie. Mais il peut y avoir des exceptions exceptionnelles…
Source : Le Parisien
Laisser un commentaire