Des policiers appellent à un rassemblement après le suicide de 18 collègues en deux mois

946e6c9e53a23e3bcd1a524e5a2f5(photo d’illustration) – – AFP

« Epuisées, fatiguées, écorchées » par des conditions de travail harassantes, les forces de l’ordre prévoient de se rassembler le 12 mars à 20 heures à Paris pour faire entendre leur ras-le-bol. Depuis le 1er janvier 2019, 18 agents de police se sont suicidés.

Le nombre de suicides chez les policiers est en forte augmentation. Depuis le 1er janvier 2019, les syndicats ont dénombré 18 suicides dans leurs rangs. Et tous les secteurs sont concernés: Brigade anti-criminalité (BAC), CRS, Police aux frontières ou encore brigade de sécurisation des réseaux ferrés. Le corps d’un policier de 26 ans affecté à la BAC de l’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) a été découvert mardi 15 janvier à son domicile dans l’Essonne. Mercredi 16 janvier, c’est un brigadier de la compagnie de sécurisation des réseaux ferrés qui s’est donné la mort avec son arme de service à Lieusaint, en Seine-et-Marne. Plus tôt, à Saint-Omer, dans le Nord-Pas-de-Calais, un CRS de 42 ans, ancien adjoint au maire de la ville, a également mis fin à ses jours.

« Il y a eu des années terribles, mais c’est la première fois qu’on en dénombre autant en si peu de temps », déplore auprès de BFMTV.com Jean-Pierre Colombies, porte-parole de l’Union nationale des policiers nationaux.

Rythmes difficiles à tenir

Pour faire entendre leur ras-le-bol et surtout leur épuisement, des associations de policiers organisent, mardi 12 mars à Paris, un rassemblement dénonçant un « mépris total de notre mal-être ». A l’initiative du collectif des Femmes des forces de l’ordre en colère, la mobilisation – qui se tiendra sur la place du Trocadéro – devrait être rejointe par plusieurs associations ainsi que des syndicats.

« On espère que les syndicats majoritaires (Alliance, Unsa et Unité SGP, ndlr) se joindront à nous et qu’on pourra, sans bannière, tous s’unir en faveur de nos revendications », commente pour BFMTV.com Pierre Ehrel, porte-parole de la Mobilisation des policiers en colère (MPC).

Parmi les principales doléances des policiers, le changement de leurs cycles horaires.

« Nous devons travailler cinq samedis et dimanches avant d’avoir un week-end complet de disponible. Sur ce rythme, c’est très difficile d’entretenir une vie de famille ou même un lien social en dehors de la police. C’est en partie pour cela que plus de 55 de nos collègues se sont suicidés en 2017, 36 en 2018 et maintenant 18 en un peu plus de deux mois », cingle Pierre Ehrel.

Ce policier qui exerce depuis 2015 souhaite également l’anonymisation des procédures. « J’ai une plainte contre moi pour des violences imaginaires. Il y a un an, j’ai interpellé un individu en marge d’une manifestation, tout s’est bien passé et il est revenu 10 jours plus pour porter plainte contre moi. A ce jour, je ne sais toujours pas si je vais être sanctionné ou non », raconte-t-il.

« La situation est très grave »

Jean-Pierre Colombies, le porte-parole de l’Union nationale des policiers nationaux insiste quant à lui sur des conditions de travail exécrables, des locaux et du matériel vétustes… « Sans parler des conditions salariales et des dégradations en terme d’effectif. Au commissariat de Neuilly, ils ne sont plus que 82 alors qu’ils étaient encore plus d’une centaine il y a peu ». Ce policier qui a porté l’uniforme pendant 35 ans assure qu' »il est important d’avoir des policiers sur le terrain pour collaborer avec le tissu associatif et surtout avec la citoyenneté. En étant moins présent, on ne nous voit plus que comme des forces d’intervention », explique-t-il de manière caricaturale.

Et le comportement des citoyens face aux forces de l’ordre joue un rôle important dans leur état mental, assurent les représentants associatifs.

« Les gens ont de la haine envers nous alors qu’on ne fait que notre travail », poursuit Pierre Ehrel. Le 12 mars, « il faut qu’on arrive à faire entendre que la situation est très grave », ajoute Jean-Pierre Colombies.

Et si cette « énième tentative » ne porte pas ses fruits, les associations préviennent dans un communiqué qu’elles sont « à un cheveu de se soulever ». Concrètement? « On pourrait lancer un nouvel appel à bloquer les commissariats comme au mois de décembre dernier« , prévient Pierre Ehrel. Une grogne qui pourrait encore s’intensifier avec le 17e épisode des manifestations des gilets jaunes, qui prévoient de « bloquer Paris » tout le week-end pour cet « acte décisif ».

Source : BFMTV

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *