Défilé du 14 juillet La 6e compagnie de l’école de gendarmerie de Tulle parée pour les Champs-Élysées

La 6e compagnie de l’école de gendarmerie de Tulle parée pour les Champs-Élysées

Préparation des élèves gendarmes de l’ école de gendarmerie de Tulle en préparation à Egletons © Agnès GAUDIN

Depuis plusieurs mois, la 6e compagnie d’instruction de l’école de gendarmerie de Tulle se prépare pour le défilé du 14 juillet. Fin juin, sur le tarmac de l’aérodrome d’Egletons, les 80 élèves gendarmes effectuaient l’ultime répétition sur le sol corrézien pour préparer la grande parade des Champs-Élysées d’aujourd’hui. Un peu de stress, mais surtout beaucoup de fierté étaient au rendez-vous.

« Envoyez la musique ! En avant… Marche ! » Sur la piste d’atterrissage de l’aéro-club d’Egletons, en Corrèze, les 80 élèves de l’école de gendarmerie de Tulle se mettent en mouvement alors que résonnent les premières notes de la musique du défilé de la garde républicaine. Si la météo, qui alterne bourrasques et pluie battante, n’est pas vraiment de la partie, l’envie, elle, est là.
Parmi les valeurs que se doivent de porter tous ces élèves sous-officiers, il y a celle de la rusticité, insiste un encadrant : « Un gendarme doit pouvoir servir en toutes circonstances ! »

« C’est un grand moment pour nous tous, une chance formidable et un honneur de pouvoir défiler le 14 juillet »

Romain (Elève gendarme)

Mais la perspective d’être acteur de la grande parade sur les Champs-Élysées le 14 juillet atténue les caprices du temps et la 6e compagnie d’instruction fait contre mauvaise météo bon cœur. « On est habitué, la semaine dernière, il faisait pas loin de 40 °C sur le tarmac. Les semelles d’un élève ont même fondu ! », s’amuse le gradé. Nous sommes fin juin et la piste aérienne tient lieu de piste aux étoiles pour les jeunes futurs militaires : « C’est notre dernière répétition en Corrèze avant de partir pour Satory, dans les Yvelines, où nous allons terminer les préparatifs pour le jour J. C’est un grand moment pour nous tous, une chance formidable et un honneur de pouvoir défiler le 14 juillet », confie Romain, 25 ans.

« Il nous faudra être irréprochables sur l’intégralité des 800 mètres  du défilé »

Pour ce futur gendarme, c’est un rêve d’enfant qui prend forme, alors tant pis pour la pluie, tant pis pour la fatigue qui s’installe, alors que les pas se multiplient sur la piste de 800 mètres de long. « C’est un métier que je veux faire depuis toujours. Quand j’étais gamin, je regardais les militaires avec envie. L’opportunité de défiler sur les Champs en sortie d’école, c’est juste énorme. Je me dis que ça n’arrivera qu’une fois. »
À peine le temps de reprendre son souffle et c’est déjà le moment de reformer les rangs. S’il reste encore plusieurs séances d’entraînement en région parisienne depuis le 6 juillet jusqu’à la veille du 14 juillet, rien ne dépasse pour un œil non averti. À l’unisson, les jeunes militaires s’élancent fièrement, menton droit, regard planté sur l’épaule du camarade de devant, pied gauche calé sur la grosse caisse qui donne le rythme. Pour les instructeurs, il reste pourtant des défauts. Le ton, loin d’être coercitif, est plutôt aux encouragements. « Plus en cadence le 5e rang ! Là, c’est mieux… C’est bien ! Continuez et pensez à organiser vos bras… », lance une encadrante. « UN, deux, UN, deux, UN, deux… Oh les gars, l’alignement ! »
De l’autre côté de la formation qui avance à bonne vitesse, le capitaine Chevray, qui commande la 6e compagnie d’instruction, veille lui aussi à chaque détaille. « La difficulté est de rester concentré en respectant les alignements et la cadence. Mais tout doit être parfait car le 14 juillet, nous serons plus de 3.600 militaires présents. »
Le défilé comportera trois phases, poursuit l’officier : la première, effectuée par le président de la République avec les officiels, sera la revue des troupes. Ils passeront devant les militaires et ces derniers leur rendront les hommages ; la deuxième phase sera la mise en place pour préparer le départ du cortège ; enfin, la troisième sera le départ pour les 800 mètres de défilé.

Les élèves de l’école de gendarmerie de Tulle en uniforme

Une affectation dans la foulée du défilé

« L’intégralité du parcours est importante et ne souffre aucune faute, cependant, les 200 derniers mètres seront les plus importants, car c’est là où nous allons arriver à la tribune présidentielle et que toutes les caméras seront braquées sur nous. Mais par principe, et par respect du public, il nous faudra être irréprochables sur l’intégralité du défilé. »
Tenue officielle « numéro 11 » sur le dos, à l’exception de la veste de pluie car ce jour de juin, il pleut à verse, Roxane, 22 ans, affiche beaucoup de sérieux et d’application dans l’exercice. Bachelière, puis étudiante en droit, elle a fait le choix d’être d’abord « GAV » (gendarme adjoint auxiliaireavant de revenir à l’école de gendarmerie de Tulle après avoir été admise au concours de formation des sous-officiers. Comme tous ses camarades, elle quittera l’école dans la foulée du défilé, début août, pour être affectée dans l’unité de son choix. « À la suite de mes études de droit, j’ai demandé la gendarmerie départementale. Le côté enquête m’intéresse beaucoup, avec pour projet de devenir officier de police judiciaire », explique la jeune femme au regard clair, les cheveux impeccablement tirés en arrière et ramassés en chignon.

Tout un symbole

Tout aussi tiré à quatre épingles, rigueur militaire oblige, Romain se destine quant à lui à la gendarmerie mobile. « J’ai envie de pouvoir voyager, voir du pays », confie-t-il, avec en ligne de mire les « opex », les opérations extérieures. Si les deux futurs gendarmes se destinent à des corps différents, pour chacun, un seul maître mot prévaut : servir.
Symbolique forte pour cette 6e compagnie qui va achever bientôt sa formation, 20 gendarmes réservistes de la région Ile-de-France seront à leurs côtés sur la prestigieuse avenue de la capitale ce 14 juillet. « Ce sont des réservistes qui étaient engagés sur les événements tragiques de 2015 », précise un officier. D’autres jeunes militaires tullistes en formation, s’ils ne défilent pas, se verront confier d’autres tâches non moins importantes durant la parade. L’un d’entre eux, le « marchepied », aura notamment pour mission d’ouvrir la porte au chef de l’État accompagné du chef des Armées pour prendre place dans le « VLRA », le « véhicule léger de revue de l’autorité ».
« On essaie de ne pas trop penser que tout le monde aura les yeux rivés sur nous ce jour-là et on s’efforce de rester concentrés. Ce sera on le sait un moment unique, et ce d’autant qu’avec la présence du président américain, on défilera aussi avec nos frères d’armes d’outre-Atlantique et on marquera ainsi le prolongement d’une longue histoire », relève un élève avant de se remettre en rang. Encore tout un symbole.
Tout un symbole en fin de carrière

Le capitaine Chevray à l’aérodrome d’Egletons
Le capitaine Chevray, commandant la 6e compagnie d’instruction, défilera avec d’autres gradés en tête aujourd’hui. S’il explique avoir déjà participé à la grande parade militaire du 14 juillet, mais en tant que motocycliste, le capitaine Chevray sera cette fois-ci à pied sur la prestigieuse avenue des Champs-Elysées. « Mon rôle est, comme durant les sept mois de formation, d’encadrer les élèves. Là, il s’agit de les accompagner. Mais cette fois-ci, ce sera la première fois que je mettrai les pieds sur les Champs-Élysées pour défiler. La première et la dernière, puisque je partirai ensuite à la retraite après 38 ans de service dans la gendarmerie. »

Source : La Montagne

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