Coût et soupçon de favoritisme : l’appli StopCovid dans le collimateur d’Anticor

L’association Anticor, qui lutte contre la corruption, a déposé un signalement auprès du Procureur de la République. Le coût de l’application StopCovid est en cause. L’inquiétude ne porte pas sur l’utilisation de nos données, mais sur son coût et… un soupçon de favoritisme.
Le coût de l'application remis en cause
Le coût de l’application remis en cause © AFP / VOISIN / Phanie

Tout est parti d’un article de Boris Manenti, journaliste à L’Obs sur le site Internetdu journal. Il a révélé que l’application StopCovid, mise au point par le gouvernement pour pouvoir alerter rapidement les personnes qui ont été à proximité d’un porteur du virus, coûtait beaucoup plus cher que prévu.

Pourtant le secrétaire d’État chargé du numérique, Cédric O, s’était félicité que l’Inria, un institut de recherche public, l’ait mise au point avec des salariés du privé qui travaillaient “pro bono”, c’est-à-dire gratuitement, pour la bonne cause, celle de la “guerre contre le coronavirus”.Autour du berceau de StopCovid, on retrouvait des salariés de Lunabee, un studio de développement, de Capgemini, de Dassault Systèmes et d’Orange.

Et finalement ce n’est pas si gratuit que ça

Et non ! La gratuité n’était valable que jusqu’au 2 juin 2020, le jour du lancement. Depuis, l’État doit payer les corrections de bugs, l’hébergement et la sécurisation des données. Et la facture grimpe vite. On parle de 200 000 à 300 000 euros par mois. 

Ce montant paraît très élevé. Pour d’autres applications comparables, il serait plutôt de l’ordre de 2 000 euros par mois. Anticor veut donc comprendre l’écart. D’autant que le marché a été attribué sans appel d’offres.

Cédric O, qui était peut-être un bon conseiller pour Emmanuel Macron mais qui n’est pas le plus brillant des secrétaires d’État de Bercy, balaie le problème d’un revers de main : pour lui, ce montant est “epsilonesque” par rapport au coût d’un patient en réanimation. Ça ne donne pas envie de lui confier nos finances.

Ce n’est pas la première fois que l’État surpaye un service informatique…

Les très gros systèmes qui fonctionnent plus ou moins, mais qu’on facture une fortune à l’État est même une de ses spécialités. Souvenez-vous du système de paie du ministère de la Défense. François Hollande avait essayé d’y mettre de l’ordre en créant la Dinsic, une direction informatique de l’État, confiée à un entrepreneur, Henri Verdier.

Celui-ci avait embauché un petit groupe de développeurs hyper motivés qui, au lieu de payer des prestataires hors de prix (Cap Gemini, Accenture..), lançaient des start up d’État, pour rendre des services agiles et pas chers.

Bizarrement, ils étaient trop “nouveau monde” pour la macronie. Ils ont été écartés et l’ancien monde a visiblement repris ses habitudes.

Source : France Inter

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