Coronavirus. Pourquoi la Bretagne est-elle la région française la moins touchée ?

La Bretagne est la région française qui enregistre le moins de décès du Covid-19 depuis le début de l’épidémie. Comment expliquer cette situation alors même que plusieurs clusters ont été détectés dès le début du mois de mars dans le Morbihan et en Ille-et-Vilaine ?

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La Bretagne est la région la moins touchée par le coronavirus, en nombre de décès depuis le début de l’épidémie. Jeudi, elle comptait 232 morts. Un bilan largement inférieur aux régions les plus touchées comme l’Île-de-France (6 663 décès enregistrés jeudi 14 mai) et le Grand Est (3 222). Sur la carte du déconfinement dévoilée par Olivier Véran, les quatre départements bretons (Côtes-d’Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine et Morbihan) sont d’ailleurs classés verts.

Un constat qui peut sembler paradoxal dans une région où plusieurs clusters sont apparus tôt. À commencer par le Morbihan, dès le début du mois de mars. Le département était alors le troisième foyer de contamination du pays, après l’Oise et la Haute-Savoie. Quelques jours plus tard, c’est en Ille-et-Vilaine, à Bruz, qu’un nouveau foyer de contamination est identifié, avec une dizaine de personnes infectées. La commune de la périphérie rennaise est classée comme « zone active de circulation » du coronavirus le 11 mars. Pourquoi la Bretagne s’en sort-elle alors mieux que les autres ? Éléments de réponse.

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Des clusters précoces maîtrisés

 

Retour en arrière sur les moyens qui ont permis de limiter la propagation en dehors des clusters. À Carnac, Auray et Crac’h, dans le Morbihan, la fermeture des écoles et de tous les lieux recevant du public (cinémas, médiathèques…) est décidée dès le dimanche 1er mars par un arrêté préfectoral. Tous les rassemblements sont aussi interdits dans le département, du 1er au 14 mars, selon le même arrêté. Neuf personnes ont alors été testées positives. Ce même dimanche, il n’était déjà plus possible de rendre visite à des proches en Ehpad.

 

Dans le pays d’Auray, un cordon sanitaire a été mis en place autour des foyers infectieux. Les communes qui jouxtent les clusters doivent alors suivre les mêmes restrictions que dans les foyers de contamination : écoles fermées et « les déplacements et rassemblements doivent être limités à ceux permettant de satisfaire aux besoins indispensables de la vie sociale et économique », indique alors la préfecture. Une « sorte de confinement local » deux semaines avant le confinement national mis en place le 17 mars.

À Bruz, la préfecture d’Ille-et-Vilaine a pris un arrêté imposant une série de restrictions le 11 mars : fermetures des écoles, collèges, lycées, lieux de cultes, cinémas, salles de concert… Dans la commune, les cas inhabituels ont été testés rapidement, alors même que la consigne était à l’époque de tester les personnes qui revenaient de voyage. « La reconnaissance précoce de l’épidémie nous a beaucoup aidés à la contenir », souligne Pierre Tattevin, infectiologue au CHU de Rennes. Une campagne de dépistage a été organisée, « tout le monde n’a pas été testé mais ceux qui présentaient des symptômes sont restés isolés », une méthode qui a fonctionné car il n’y a pas eu d’épidémie autour de Bruz.

Deux jeunes femmes au parc du Thabor, à Rennes le 14 mai 2020. | MARC OLLIVIER / OUEST-FRANCE

Un confinement bien respecté et arrivé « au bon moment »

Le confinement semble aussi avoir porté ses fruits dans toute la région. Le 10 avril dernier, la préfète de Bretagne, Michèle Kirry estimait que « le confinement en vigueur depuis près de quatre semaines a probablement payé » et saluait « l’attitude particulièrement responsable des Bretons ». Un respect du confinement également confirmé par l’Agence régionale de santé jeudi, grâce au « civisme de la population ».

Plusieurs hypothèses permettent également d’expliquer la situation épidémique bretonne. Selon Pierre Tattevin, le principal élément est la temporalité de la mise sous cloche : « Quand le confinement a été décidé au niveau national, c’était le bon moment pour nous. Au bout de deux semaines confinées, fin mars – début avril nous étions en haut de la vague ». Les personnes infectées étaient donc déjà isolées depuis deux semaines et le sont restées, ce qui a permis de limiter la propagation du virus. « Les personnes qui ont développé le Covid-19 n’avaient pas de contact. »

« Il faut rester humble, le facteur chance a pu jouer, le cluster d’Auray n’a pas été explosif. Nous n’avons pas eu de situation de regroupement aussi dense que dans l’Est, comme à l’église à Mulhouse », note aussi Pierre Tattevin.

L’avantage de la ruralité

La géographie permet également, d’expliquer, en partie, le faible taux de contamination. « Nous sommes dans une zone essentiellement rurale, avec une absence de métropole comme Paris, Lyon ou Marseille, l’habitat est peu dense donc le nombre de contact par habitant est plus faible qu’en ville », explique l’infectiologue.

Il rappelle cependant que la prudence doit rester de mise avec le déconfinement : « Même si la première a été contenue, il faut se méfier d’une deuxième vague. »

Source : Ouest-France

 

 

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