Bretagne. Les militaires blessés en quête de reconversion
Véronique Bosquain (cheffe d’antenne) et Erwan Gicquel (référent des militaires blessés) pour Défense Mobilité Vannes Coëtquidan encadrent Allan Briend, ancien militaire, réinséré dans la vie professionnelle comme cariste. | OUEST-FRANCE
Les militaires blessés, physiquement ou psychiquement, voient leur vie bouleversée. Le ministère des Armées incite les élus et les chefs d’entreprise à les recruter pour les aider à se reconstruire.
La possibilité d’une réinsertion professionnelle des militaires blessés dans une entreprise civile est méconnue. De fait, les employeurs ne pensent pas à recruter ce type de profil.
Pour sensibiliser sur ce sujet, Défense Mobilité, agence de reconversion du ministère des Armées, en partenariat avec le Medef, a organisé, ce jeudi matin 5 septembre 2019, sur le site des écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan à Guer, une rencontre ouverte aux élus et aux chefs d’entreprise.
Un devoir de reconstruction
« Outre le fait de nous faire connaître, notre démarche a pour ambition de faire découvrir les acteurs et le processus de cette reconversion,
indique Véronique Bosquain, cheffe d’antenne Défense Mobilité de Vannes Coëtquidan. Pour mieux comprendre, des militaires blessés témoignent. Attachants, ils montrent la réussite de leur recrutement. »
« Recruter un militaire blessé, pour qui il y a un devoir de reconstruction, est une démarche citoyenne porteuse de sens. Pour ces blessés, le travail intervient comme une thérapie. Cette réinsertion est un partenariat gagnant »
, ajoute Erwan Gicquel, référent des militaires blessés Défense Mobilité.
« Je ne dormais plus »
Allan Briend s’est engagé en 2010. Il est un ancien caporal du 7e bataillon de chasseurs alpins. Désormais cariste à la scierie Woodstone Epaillard de Bains-sur-Oust (Ille-et-Vilaine), il est venu parler de son parcours.
Ce militaire a connu plusieurs opérations extérieures : Côte-d’Ivoire, en 2012, Centrafrique, en 2015. « Au cours de cette dernière, avec quatorze camarades, nous sommes tombés dans une embuscade. L’un de nous a été blessé. Puis, nous avons été déployés à Batangafo, trois jours de conflits terribles. Je ne dormais plus »
, se remémore Allan Briend.
Avant de poursuivre : « Toujours en 2015, je suis retourné à contrecœur au Tchad. Je ne supportais plus le noir. Comme un enfant, il me fallait une veilleuse pour espérer dormir. Je ne voulais plus toucher à mon arme. »
80 % des blessures d’ordre psychique
Le militaire sera rapatrié fin 2015, où son état de stress post-traumatique est avéré. « Je me suis mis à boire le soir afin de pouvoir dormir, un cercle vicieux. Pour m’en sortir, je me suis fait aider par une psychologue dans le civil. Il m’arrive encore de m’énerver. Mais aujourd’hui, je peux vous parler sans pleurer »
, confesse Allan Briend.
2016 sera l’année de la rencontre avec Erwan Gicquel et de la lente reconstruction, jusqu’à trouver un employeur qui accepte de l’embaucher. « 80 % des blessures sont d’ordre psychique. Par réticence, il est difficile pour eux de se découvrir. J’ai été militaire pendant 20 ans, j’ai connu le feu. Je comprends ce qu’ils traversent »
, souligne Erwan Gicquel.
Il en découle un accompagnement « sur mesure »
adapté aux besoins de chaque blessé. Des points réguliers sont faits avec les anciens militaires, les employeurs et Défense Mobilité.
Allan Briend reconnaît avoir une seconde vie, gagner en confiance, tout en insistant sur l’importance de recruter les militaires blessés.
Source : Ouest-France
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