Albert Chennouf, père d’une victime de Merah, entendu à la gendarmerie

Affaire Merah

Albert Chennouf-Meyer place Abbal, à Toulouse, la semaine dernière./ DDM, Thierry Bordas
Albert Chennouf-Meyer place Abbal, à Toulouse, la semaine dernière./ DDM, Thierry Bordas

Albert Chennouf-Meyer, dont le fils a été tué en mars 2012 par Mohammed Merah, soupçonne les autorités françaises de lui cacher la vérité sur le véritable profil du tueur au scooter. Il est entendu aujourd’hui par les gendarmes à la suite de sa plainte déposée en février 2015.

Mohammed Merah, le délinquant jihadiste retourné par les services secrets français ? Cette thèse longtemps écartée par les autorités judiciaires et sans cesse rejetée par les services du renseignement français refait surface par l’intermédiaire d’Albert Chennouf-Meyer, le père d’Abel Chennouf, le militaire abattu, en mars 2012 à Montauban, par le tueur au scooter. Aujourd’hui, cet infatigable père en quête de vérité sur la mort de son fils est entendu par les gendarmes de Nîmes, son lieu de résidence, après son dépôt de plainte de février 2015 auprès du procureur de la République de Paris, François Molins. Selon Albert Chennouf, «ma conviction dans toute cette affaire, c’est que le pouvoir français nous cache la vérité». Cet ancien cadre commercial s’estime entravé et considère qu’il a fait l’objet de «pressions» et «d’intimidations pour «ne pas poursuivre ma procédure à l’encontre des services de renseignement.» D’où sa plainte déposée contre X, en février dernier et pour laquelle il est entendu pour la première fois.

Alors qu’il se trouve à Alger, en décembre 2012, Albert Chennouf est abordé par deux agents des services secrets algériens. «Ils m’apprennent que les documents vidéos qu’avait en sa possession le père de Mohammed Merah lui ont été achetés 30 000€ par les services français de la DGSE en échange de son silence.» Au cours de cet échange, les fonctionnaires algériens sont sans équivoque : «Désolé, mais vous ne saurez jamais la vérité…» Groggy, bouleversé par ces révélations, Albert Chennouf avise le juge d’instruction en charge de l’affaire Merah, au parquet antiterroriste. Il a été entendu en janvier 2013, puis plus rien. Que contiennent véritablement ces enregistrements vidéos ? C’est ce que veut savoir, Albert Chennouf.

Selon le père Merah, ces fameuses vidéos étaient censées contenir la preuve que son fils était victime «d’un complot» et qu’il travaillait pour le compte des services français. Une plainte avait été déposée par son père, en 2012, contre l’État français, pour «meurtre.» Mais depuis cette date, «le père Merah a congédié son avocate mandatée pour suivre la procédure et ne s’est plus jamais expliqué sur ces documents troublants», explique le père d’Abel Chennouf qui multiplie les initiatives pour rencontrer le père du tueur au scooter. Comme à Toulouse, la semaine dernière, mais sans succès.

Albert Chennouf a par ailleurs acquis la certitude que les 30 000€ aurait permis au père Merah de faire l’acquisition d’un terrain de trois hectares en Algérie. Le père du tueur au scooter a été auditionné par les enquêteurs antiterroristes lorsqu’il était à Toulouse, le 4 février 2015. «On ne sait toujours rien du contenu de ces auditions», regrette Albert Chennouf, persuadé que tout un pan de l’enquête sur l’affaire Merah dissimule encore trop de zones d’ombre.


Le mystère des vidéos

Officiellement, le père Merah ainsi que l’avocate algérienne Zahia Mokhtari chargée du dépôt de plainte en 2012 contre l’Etat français, pour «meurtre» après la mort du tueur au scooter, n’ont jamais produit la moindre preuve de l’existence de ces documents vidéos. À ce jour, les services de renseignement français n’ont jamais mis la main sur ces enregistrements.

L’audition du père Merah, en février à Toulouse, n’a pas permis non plus d’en savoir plus sur l’existence de ces documents. Des vidéos de 20 minutes qui auraient été réalisées par Mohammed Merah, juste avant l’assaut du Raid , et à l’aide d’un smartphone. Dans la retranscription de ces documents, il serait apparu que «Mohammed Merah aurait été manipulé par les services de renseignement français et s’affirmait certain de finir exécuté par les forces de l’ordre.»

Source : La Dépêche

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