Affaire du petit Grégory : «AnaCrim», le super logiciel qui a aidé les gendarmes

Portrait du petit Grégory Villemin, 4 ans, dont le corps a été découvert dans la Vologne le 16 octobre 1984.

MARCEL MOCHET/AFP

Les interpellations opérées ce mercredi dans l’emblématique dossier de l’affaire Grégory sont le résultat d’une longue enquête judiciaire de la gendarmerie avec l’aide d’un logiciel d’analyses criminelles dit «AnaCrim».

Un outil informatique mis en place au sein du Service central du renseignement criminel (SCRC) et de toutes les sections de recherches. Un outil qui accompagne depuis une dizaine d’années les enquêteurs de la gendarmerie traitant des dossiers criminels les plus complexes et notamment les affaires non élucidées, les «cold cases». Le colonel Didier Berger, chef du Bureau des affaires criminelles (BAC) de la gendarmerie explique la méthode d’une enquête dite «AnaCrim».

 

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Comment fonctionne Anacrim ?
C’est d’abord un travail méthodique de longue haleine pour les analystes criminels. Il s’agit de relire pièces à pièces tous les procès-verbaux rédigés ns le cadre d’un dossier judiciaire et d’en retenir les éléments les plus utiles pour les enquêteurs. Dans chaque document, les analystes vont retranscrire minutieusement tous les éléments constatés par les enquêteurs sur le terrain ou les détails figurant dans une audition.

Cela peut être la précision d’une conversation, le lieu et l’heure où un témoin déclare avoir été etc. Toutes ces informations sont alors versées dans une importante base de données qui replace tous les éléments d’une enquête dans le temps et dans l’espace. L es gendarmes formés «AnaCrim», ne travaillent que sur une affaire à la fois ce qui permet de se concentrer sur toutes les données accumulées au fil du temps. Ils sont de «véritables experts du traitement de l’information criminelle.»

«Il permet d’avoir une vision globale de la procédure»

Quel est l’objectif ?
L’objectif est de mettre en évidence des incohérences d’emploi du temps d’un témoin ou d’un mis en cause, des contradictions entre certains témoignages et des constatations effectués par les enquêteurs. Si un témoin dit être à tel endroit à telle heure, cette analyse permettra de recouper cette information et de vérifier son authenticité. On peut aussi travailler sur les procès-verbaux liés à la téléphonie. L’application «AnaCrim» livrera alors un tableau relationnel entre chaque acteur d’un dossier et permettra d’identifier précisément le rôle de chacun. Ce logiciel permet de déterminer toutes les hypothèses de travail et de préparer des stratégies d’audition de témoins. Elle permet d’exploiter toutes les pistes et de les prioriser.

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Ce logiciel ne laisse rien passer… ?
Il permet surtout aux enquêteurs, submergés parfois par de grandes masses d’informations, de ne rien oublier sur un dossier regroupant plusieurs milliers de données notamment lorsqu’il y a une multitude de témoins et de mis en cause. Il sert aussi lors des crimes ou délits commis en série sur l’ensemble du territoire. Il permet d’avoir une vision globale de la procédure et de distinguer la logique qui se dessine au travers de la commission d’un fait criminel ou délictuel. Tous les grands services d’enquête européens se sont dotés de ce type d’outil et notamment Europol.

Peut-on s’en passer ?
C’est désormais une aide fondamentale pour les enquêteurs sur les dossiers d’homicides notamment. Il est devenu un outil indispensable. Le cerveau humain a ses limites et n’est pas toujours capable d’analyser de manière objective des faits parfois anodins. AnaCrim permet surtout de ne pas passer à côté d’une hypothèse de travail.

Source :   leparisien.fr

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