Pirates !

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Piiirates ! crachotent les trois mamies bigouden alors que l’on vient de leur voler la recette du caramel au beurre salé… et aussi du couscous, ce qui est moins crédible dans cette publicité ; l’AOC « couscous breton » n’étant pas encore enregistrée à l’INPI. Ces vieilles outragées auraient dû mieux protéger leurs arrières en se méfiant des nouveautés transfrontalières qui furent maquillées en progrès par le délicat pinceau d’une mère maquerelle. Mais se faire faire un enfant dans le dos peut, quelquefois, passer inaperçu. On ne s’en rend compte que trop tard alors qu’on l’a déjà… dans le tiroir. Un véritable déni de grossesse !

C’est ainsi que les pirates apatrides surfent sur le Net pas très net. Pourtant, ils étaient si mignons, quand les GAFA n’étaient encore que de toutes petites « start-up », quand, jeunes perdreaux de l’année, ils babillaient et vagissaient, bramant d’indignation : Ne nous entravez pas de lourdes chaînes, d’ancres ou de freins. Surtout ne pas légiférer ! Nous ne pourrons grandir que dans une liberté sans limite. Nous sommes les nouveaux libertaires, derniers espoirs d’une humanité trop bridée ! Ayez confiance. Nous sommes les hérauts du Nouveau Monde… Puis, ceci étant validé comme étant acquis, ils bâtirent leur puissance dans le vide juridique… en une vitesse supra-luminique. Et quand, enfin, l’objectif fut atteint, les masques tombèrent avec fracas.

Dans la contrée merveilleuse des comics de Mickey, Donald se révèle en Oncle Picsou et tous les défauts déjà insupportables de son petit neveu Gontran sont sublimés chez ces adolescents géniaux mais attardés que sont les patrons en silicium montés trop vite en graine dans une vallée gonflée de silicone aussi clinquante que Vegas : arrogance, avidité sans foi ni loi. Hissez haut les valeurs de la « Californication » au mât de misère où oscillent les pendus, les perdants de la mondialisation et « tous ceux qui ne sont rien » dans notre « start-up nation »! Afin d’être conforme à son image de « Captain America », Super Donald vient de sortir de l’accord qui devait pourtant très humblement taxer les bénéfices délirants réalisés sur le Vieux Continent par ces entreprises prédatrices : « America Great Again » appliqué avec la finesse qu’on lui connaît tandis que l’Europe tendait la sébile avec le courage que l’on sait.

Consentantes victimes, hypnotisées, subjuguées de tant d’audace et de modernité, les pathétiques Castors Junior que nous sommes ont laissé se tisser la Toile du Web qui, maintenant, nous englue, nous empoisonne et nous vampirise. Comment résister au vent de liberté qui souffle sur le monde dans les voiles corsaires qui n’ont plus que l’appât du gain en guise de lettres de course. Leurs drapeaux sont aux couleurs du dollar masqué. Tels les frères de la côte, ils pillent les nations et entassent leurs rapines dans des îles aux trésors. Le pavillon noir est hissé. Il n’y aura pas de quartier.

Ne l’avons-nous pas voulu ?

Mais à quoi nos enfants jouent, pendant que nous dansons sur le volcan ?

Élevés dans la « droiture » par des parents dévoyés qui pleurent sur le chômage tout en commandant sur Amazon, nos enfants détroussent sans vergogne les idoles qu’ils admirent. Ils téléchargent à tout va, à grands coups de flux gigabits, les films, les clips et la musique qu’ils vénèrent. De même que, pour eux, sucer n’est pas tromper, trahir en toute ignorance ne viole pas la conscience – c’est là tout l’avantage de l’innocence. Une nouvelle façon d’aimer, d’admirer, de consommer. Le fine amor version Docteur Folamour 2.0.

Alors, les gosses, dans la grande illusion du gratos, après avoir mangé le gras, il ne vous restera que l’os.

Source : Boulevard Voltaire

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