Laïcité, antisémitisme, gilets jaunes… Depuis Barcelone, Manuel Valls fait la leçon à Emmanuel Macron

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Manuel Valls demande à Emmanuel Macron de s’exprimer « clairement » à propos de « la laïcité, sur la construction d’un islam coupé de toutes les influences néfastes, sur l’antisémitisme ». – Andreu Dalmau/EFE/Newscom

Candidat à la mairie de Barcelone, l’ex-premier ministre Manuel Valls porte toujours un œil attentif à l’actualité française. Dans un entretien accordé au « Point », il charge Emmanuel Macron. Selon lui, le chef de l’État a « pendant trop longtemps » trop faiblement affronté la question de la montée de l’antisémitisme.

Bien qu’en exil, Manuel Valls garde un œil sur la France. Un regard particulièrement critique, notamment à l’encontre du chef de l’État, Emmanuel Macron. Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Le Point en kiosque ce jeudi 21 février, l’ex-Premier ministre de François Hollande cible « l’ambiguïté » du président de la République et de sa majorité autour de la montée d’un « nouvel antisémitisme ». Une ambivalence qu’il compare à celle qu’il a pu « rencontrer par le passé au sein du Parti socialiste« , explique-t-il.

Interdiction des manifestations de gilets jaunes ?

Interrogé sur la hausse de 74% des actes antisémites en 2018, Manuel Valls ne se dit pas surpris. « Oui, je l’ai imaginé », répond-il, faisant référence à ses mises en garde passées. En 2017 par exemple, dans les colonnes de Marianne, le candidat malheureux à la primaire de la gauche avertissait déjà de la montée de cet antisémitisme, ce « phénomène profond » que certains cherchaient à « minimiser ».

Des propos sur lesquels il revient désormais, avec un certain recul : « Beaucoup disaient que j’exagérais, que je jetais de l’huile sur le feu, que j’utilisais même la lutte contre l’antisémitisme à des fins politiques, que l’économie, c’était bien plus important que le reste ». Directement visée : la gauche, « en crise faute d’avoir apporté une réponse à la question identitaire », mais aussi la majorité La République en marche (LREM) à laquelle il appartenait il y a quelques mois, en tant que député de l’Essonne.

En direction d’Emmanuel Macron, dont il considère que « pendant trop longtemps » il « n’affrontait pas cette question de face avec la République et la laïcité comme étendards », mais aussi de sa majorité, Manuel Valls se fait vindicatif : « L’appel à la responsabilisation ne suffit plus, nous l’avons vu ce dernier week-end ». Il convient donc, selon lui, de s’interroger sur la proposition d’Eric Ciotti, député Les Républicains (LR), d’interdire les manifestations des gilets jaunes : « Je sais que c’est compliqué d’interdire, mais des manifestations dans lesquelles s’expriment la haine antisémite et la haine tout simplement peuvent-elles être tolérées ? Voulons-nous de nouveau des manifestations dans lesquelles on crie ‘mort aux juifs’, comme en 2014 et 2015 ?« 

« Il faut de la clarté »

Pour l’ex-Premier ministre, il faut donc « changer de braquet ». Jugeant la comparaison avec les années 1930 pertinente, il estime – à propos des rassemblements contre l’antisémitisme de ce mardi 19 février dans toute la France – que « ces grandes marches ou ces manifestations ne serviront à rien si on ne prend pas la mesure de ce qui est en train de se passer ». Cette triste période, « c‘est l’occasion pour les responsables politiques de parler d’une seule voix, lance-t-il. Le message doit être très clair : la République ne laissera rien passer. C’est une question de ton, de mobilisation, d’action, face à quelque chose d’un tout autre ordre que ce que nous avons connu jusque-là ».

C’est pourquoi il demande à Emmanuel Macron de s’exprimer « clairement » à propos de « la laïcité, sur la construction d’un islam coupé de toutes les influences néfastes, sur l’antisémitisme qui ronge aussi une partie de la jeunesse de notre pays. Il ne peut pas y avoir d’ambiguïté ». Et de demander, à propos du membre du Conseil présidentiel des villes qui avait qualifié les députés LREM de « ramassis d’incompétents avérés«  : « Que fait Yassine Belattar dans les allées du pouvoir alors qu’il ne cesse d’insulter les élus de la majorité ? Oui, il faut de la clarté ». Manuel Valls n’a pas perdu sa poigne en traversant la frontière.

Source : Marianne

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