Des avocats de Rouen s’alarment de difficultés à défendre les Gilets jaunes en garde à vue

Dans un texte diffusé dimanche 27 janvier 2019, une avocate de Rouen (Seine-Maritime) s’est insurgée des difficultés à défendre les Gilets jaunes placés en garde à vue. Précisions.

avocats-rouen-garde-vue-gilets-jaunes-commissariat-policeDes avocats de Rouen (Seine-Maritime) se sont plaints de difficultés à accéder à leurs clients, dans un texte diffusé dimanche 27 janvier 2019 sur les réseaux sociaux. (Archives ©RT / 76actu)

Depuis dimanche 27 janvier 2019, un texte signé de la présidente de la section de Rouen (Seine-Maritime) du Syndicat des avocats de France (SAF) est viral sur les réseaux sociaux. Me Sandra Molinero y alerte sur les difficultés qu’auraient des avocats « pour défendre les personnes en garde à vue et notamment les Gilets jaunes ». La Direction départementale de la sécurité publique a démenti ces allégations.

Un mail privé partagé plusieurs milliers de fois

À l’origine, le « message important » de l’avocate était un mail privé. Il a pourtant été relayé par la Legal team Rouen sur Facebook. Écrit « de manière informelle » par son auteure, le texte a été partagé plusieurs milliers de fois, surtout parmi les Gilets jaunes. Et pour cause : il accuse la police de « balader » certains des avocats chargés de défendre « les personnes en garde à vue, notamment les Gilets jaunes ».

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Selon le texte, des agents de police chargés des auditions inciteraient des interpellés à renoncer au droit de représentation par un avocat. Si « ce n’est pas une généralité », tempère Sandra Molinero, elle assure que « plusieurs avocats » lui ont transmis des témoignages allant en ce sens.

Une avocate « baladée » entre Elbeuf et Rouen

C’est le cas de Me Hélène Veyrières, de permanence le jeudi 24 janvier quand elle a été appelée pour une femme arrêtée pour « entrave à la circulation sur un rond-point » :

Elle a été placée en fin d’après-midi à Elbeuf. On devait m’appeler pour fixer l’heure de son audition. Personne ne l’a fait. J’ai appelé, elle avait été transférée à l’hôtel de police de Rouen. Le lendemain matin, elle était repartie à Elbeuf et avait renoncé à son droit d’être assistée.

L’avocate est « en colère », car elle estime « abusif » un placement en garde à vue la veille avec une audition le lendemain pour des faits de ce type et « désagréable » le fait que « des gens renoncent ainsi à leurs droits ».

La loi octroie au gardé à vue 30 minutes d’entretien avec son avocat, avant des interrogatoires auxquels la défense peut assister. Dans l’usage, l’avocat contacte les policiers pour demander quand sera effectuée l’audition, « afin que l’entretien ait lieu juste avant », explique Me Veyrières.

« Il n’y a pas d’incitation à renoncer » à l’avocat, dément la police

Selon l’avocate et sa consœur Sandra Molinero, la renonciation des mis en cause à leur droit s’explique par le discours que tiendraient certains policiers. « Ils disent que renoncer à l’avocat fait gagner du temps sur la garde à vue, c’est une fausse croyance », martèle Hélène Veyrières. Les avocats assurent tenir le délai de deux heures qui leur est imparti à partir de la notification de la garde à vue pour assurer leur mission.

Or, le temps de garde à vue « ne dépend que de la procédure », selon les avocates. Si cette incitation « n’est pas une nouveauté et arrive assez fréquemment », elle reviendrait à la mode avec les Gilets jaunes. « C’est fait de manière sympa par les policiers », relève la présidente du SAF :

En face d’eux, ils ont un public novice qui n’y connaît rien. Ils disent que ce sera plus rapide, c’est une technique pour être tranquille.

La Direction départementale de la sécurité publique dément ces allégations : « Les services de police et les officiers de police judiciaire respectent le code de procédure pénale et le droit à un avocat comme celui de voir un médecin. » Le service communication est formel : « Il n’y a pas d’incitation à y renoncer. »

Si une telle pratique était avérée, elle ne serait pas illégale, ce qui rend les choses « très compliquées », selon les avocates. Cependant, le procureur de la République, Pascal Prache, affirme que « toutes les difficultés signalées au parquet notamment par un avocat ou le bâtonnier et relatives au déroulement d’un acte d’enquête ou d’une garde à vue font l’objet d’une étude ou d’un traitement ».

Source : Actu.fr

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