Affaire Benalla : l’Elysée peine à se réorganiser

7977933_46c7531c-0ac4-11e9-9fb5-3a99d6ce7f2c-1_1000x625L’affaire des passeports diplomatiques d’Alexandre Benalla nourrit de nouveaux reproches qui ont du mal à passer dans les couloirs de la présidence. AFP/Ludovic Marin

La réorganisation des services de l’Élysée, amorcée avant l’affaire Benalla, prend du temps, tandis que les cafouillages se multiplient.

De mémoire d’un ancien collaborateur de l’Élysée, « on n’avait jamais atteint pareil niveau d’amateurisme. Et pourtant, Dieu sait qu’on a été pas mal servi pendant le quinquennat de François Hollande ! »

Empêtré dans l’épisode 2 de l’affaire Benalla – celle du passeport diplomatique –, le palais présidentiel ne sait plus comment se défaire de ce mauvais feuilleton qui clôt une année déjà bien compliquée pour Emmanuel Macron.

Voilà effectivement plusieurs jours que le nom de l’ancien chargé de mission empoisonne à nouveau les plus hautes instances de l’État. Ce vendredi, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a d’ailleurs annoncé qu’il allait saisir le procureur de la République. L’entourage d’Alexandre Benalla assurait, lui, que l’ancien chargé de mission s’était vu remettre ces passeports « début octobre ».

Soupçonné de toujours détenir ses deux passeports diplomatiques, Benalla, qui n’est pourtant plus salarié de l’Elysée, aurait, selon les informations du Monde et de Mediapart, continué de voyager avec l’un d’eux, comme lors de son récent déplacement au Tchad. En septembre dernier, il avait affirmé, sous serment, devant la commission d’enquête du Sénat, avoir laissé ces documents dans le coffre de son ancien bureau à l’Élysée.

« Faute des services de l’Elysée »

« Mensonges », « dissimulation », l’opposition s’est immédiatement engouffrée dans la brèche quand même certains députés de la majorité s’interrogent : « Comment a-t-on pu laisser ce type errer avec ses passeports diplomatiques ? Il y a manifestement un problème dans l’entourage du chef de l’État. Et maintenant, c’est sur lui que ça rejaillit. Il n’est pas assez protégé », s’agace un macroniste.

Vendredi matin, invitée de France Info, la députée LREM Cendra Motin n’a pas hésité à parler de « faute des services de l’Élysée », évoquant même « un dysfonctionnement grave ». « Cette parlementaire connaît visiblement mal le fonctionnement des institutions de la République. L’Élysée n’imprime pas et ne délivre pas de passeport diplomatique, c’est le Quai d’Orsay », cingle froidement l’entourage présidentiel. Il n’empêche, selon la députée : « Une action plus forte aurait été nécessaire car personne n’avait besoin que cette affaire resurgisse ».

Des reproches qui ont du mal à passer dans les couloirs de la présidence. « Si on avait pu récupérer ces passeports d’un claquement de doigts, on l’aurait fait ! s’agace une collaboratrice. Mais il y a des procédures, des étapes pour récupérer ce genre de documents quand ils ne sont pas remis par leur détenteur. Nous sommes encore dans un état de droit. »

Une réorganisation qui prend son temps

À l’été pourtant, l’Elysée pensait bien mettre un bon coup de pied dans la fourmilière en annonçant la réorganisation complète du Palais, censée répondre aux dysfonctionnements mis en lumière par l’affaire Benalla. En restructurant son service communication notamment, avec la mise à l’écart de son porte-parole Bruno Roger-Petit et la nomination de sa plume Sylvain Fort au poste de directeur de la communication. Puis en se dotant d’un directeur général des services pour chapeauter les 850 personnels de la présidence, avec l’arrivée de Jérôme Rivoisy, ancien camarade de promo de Macron à l’ENA et autrefois directeur général adjoint de Pôle emploi.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Toujours en cours. « Une organisation de cette nature-là, avec autant de personnes concernées, c’est entre un à deux ans », explique l’entourage du chef de l’État. Un organigramme général a pourtant déjà été présenté à l’ensemble des salariés en novembre, avec la nomination de quatre sous-directions : ressources et modernisation (budgets, finances, action sociale des personnels, etc.), opérations (voyages présidentiels, événements, intendance, etc.), sécurité et communication. Pour le reste, tout est désormais questions de patience. « Mais à ce rythme-là, Macron aura peut-être déjà quitté l’Élysée », piaffe un sénateur LR.

Source : Le Parisien

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