Viser au Flash-Ball un manifestant qui se tient les bras levés, « c’est une faute » affirme un colonel de gendarmerie

Un œil crevé, une main arrachée… Après des blessures d’un nombre et d’une gravité exceptionnels dans les rangs des « gilets jaunes » le samedi 8 décembre, les armes dont disposent les forces de police et leur usage posent question. « Envoyé spécial » s’est rendu au centre d’entraînement des forces de gendarmerie.

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Depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », les violences sont inédites. Plus de 1 500 personnes ont été blessées. Œil crevé, main arrachée… des blessures hors du commun pour des manifestations. « Envoyé spécial » a rencontré Antoine, le jeune homme de Bordeaux dont la main droite a été déchiquetée par une grenade, rendant toute greffe impossible. Même les CRS qui lui ont fait un garrot, raconte-t-il, « étaient choqués de voir les dégâts que ça avait pu faire, eux-mêmes étaient atterrés ».

« J’ai clairement sous-estimé la réponse des CRS, dit aujourd’hui Antoine, qui affirme n’avoir lancé que des œufs sur les forces de l’ordre. Du coup, je l’ai payé de ma main. Donc moi, ma question, c’est : pourquoi étaient-ils équipés de cette grenade-là ? »

« C’est un usage qui n’est pas justifié »

Cette question, « Envoyé spécial » est allé la poser aux responsables de la formation des gendarmes mobiles. Ces gradés ont accepté de nous présenter leur arsenal. Le type de grenade qui aurait blessé Antoine, c’est la GLI-F4. Avec 25 grammes d’explosif, c’est ce qu’ils ont « de plus puissant dans [leur] arsenal », l’usage de la grenade offensive étant interdit depuis la mort de Rémi Fraisse à Sivens. Au vu de la blessure d’Antoine, l’usage de cette grenade GLI-F4 n’est-il pas disproportionné ? « Ça fait partie de l’arsenal, répond le colonel Hervé Massiot, et c’est autorisé par la loi », dans le but d’empêcher que des gendarmes soient blessés ou tués. « Toute blessure de manifestant est considérée comme un échec, précise le colonel Stéphane Bras. (…) Malheureusement, dans des situations comme celle que l’on a pu connaître, il y a des violences extrêmes qui sont commises. On le regrette, bien évidemment. »

Le journaliste Yvan Martinet leur montre ensuite une vidéo, où l’on voit un homme touché par un tir de Flash-Ball alors qu’il fait face, bras levés, à une rangée de CRS. Qu’en pensent-ils ? « C’est un usage qui n’est pas justifié, qui ne correspond pas à ce qui est enseigné », juge le colonel Stéphane Bras. Est-ce une faute ? « Oui, c’est une faute. »

Source : France TV Info

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