Victime d’arnacœurs, la Vannetaise Anne Mer traque les faux profils

Voila ce que c’est le vrai courage ! Bravo Anne Mer.

Anne Mer, une Vannetaise victime de plusieurs faux militaires sur les réseaux sociaux, est membre de l’association « Aide aux victimes d’escroqueries sentimentales ou d’usurpation d’identité – Europe ». (Le Télégramme/Caroline Lafargue)

Anne Mer a succombé sept fois au mirage du beau militaire. Derrière les photos de quasi-mannequins, de faux profils créés par des « brouteurs ». Ces arnaqueurs lui ont soutiré près de 1 200 €. Et brisé le cœur. Aujourd’hui, la Vannetaise soutient les autres victimes.

« Ça a duré neuf mois. Neuf mois de pur bonheur, avant que je découvre la vérité ». Anne Mer en a encore les yeux qui brillent. Il y a six ans, la Vannetaise, mère célibataire esseulée, s’est fait approcher sur Facebook par un certain Michael Morgan Brown, Marine américain. Anne Mer maîtrise l’anglais et entame avec lui une correspondance virtuelle. « Il était plutôt beau, il parlait très bien. Il était simple. Il me racontait quand il était déployé, sans dévoiler le but de ses missions. Je me sentais aimée pour ce que j’étais ». Jusqu’à ce que la cupidité de ce chevalier servant la tire de son rêve éveillé. « Il m’a dit que j’étais sa fiancée et qu’il fallait que j’envoie 3 500 dollars à un site pour lui permettre de quitter l’armée avant la fin de son contrat, et de me rejoindre ». L’amoureuse fait alors des recherches sur internet et découvre qu’il usurpait la photo d’un vrai marine, Pierre B. « J’ai réussi à l’appeler. Au téléphone, c’était une voix africaine. Il m’a dit « tu es trop naïve, j’aurais dû essayer de t’arnaquer plus tôt » ».

Les militaires, un péché mignon

C’est la première fois qu’Anne Mer, 49 ans aujourd’hui, témoigne de cette arnaque sentimentale. « C’est important pour moi de le faire à visage découvert », souligne cette Vannetaise de Kercado, évoquant la honte brûlante qui l’a tenaillée. Une déception dont elle est sortie le cœur encore plus assoiffé d’amour. « J’avais envie d’y croire. J’avais du mal à rencontrer des gens. Je ne travaillais pas ». Le scénario « Michael Morgan Brown » se répète, avec deux autres faux militaires américains et quatre faux légionnaires (ceux-là lui ont coûté 525 €). Cette attirance pour les militaires n’est pas uniquement une question de plastique pour Anne Mer. Elle aussi voulait servir, mais elle a échoué aux tests de recrutement de la marine nationale. « Ce qui me fascine chez les militaires, c’est qu’ils ont le sens de l’honneur. Ils respectent les femmes. Je ne peux que craquer ».

Sur un groupe Facebook, des femmes partagent les faux profils qui utilisent les photos d’un légionnaire pour ne plus tomber dans l’arnaque.

Chasseuse de brouteurs

Aujourd’hui, Anne Mer l’assure, elle a « décroché pour de bon » : « J’ai quelqu’un (de réel) dans ma vie ». Mais la colère est toujours là. « J’ai une haine envers les brouteurs qui m’ont fait souffrir. Même si dans leur pays il y a de la pauvreté, c’est inhumain. Ma fille a failli me ramasser avec une dépression nerveuse ». Elle passe de longues heures sur les réseaux sociaux à chasser les brouteurs. « Je discute avec eux, et je fais des recherches à partir des photos. Je les signale à la personne dont ils ont usurpé l’identité, qui les signale à Facebook et Instagram et, enfin, j’alerte les personnes qui suivent ces faux profils. Ça me fait plaisir ».

C’est ainsi qu’elle a croisé la route d’Anna Guard, originaire de La Flèche (Sarthe). Toutes deux enquêtaient sur un arnacœur commun, le faux légionnaire Radu, derrière lequel se cache un serial brouteur roumain. En juin 2022, Anna a fondé l’association Avesu (Aide aux victimes d’escroqueries sentimentales ou d’usurpation d’identité), dont Anne Mer est porte-parole. « Je suis sûre qu’il y a plein de victimes sur Vannes, hommes ou femmes. Je veux qu’elles sachent qu’on est là pour les écouter et les soutenir ».

Pratique

Contact de l’association : 06 52 37 27 30. Page Facebook : Aide aux Victimes d’Escroqueries Sentimentales ou d’Usurpation d’Identité.

Source : Le Télégramme

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