Variole du singe: la fiction apocalyptique imaginée par Nuclear Threat Initiative en mars 2021

Publié le 27/05/2022 à 19:32

l’ONG américaine Nuclear Threat Initiative imaginait en mars 2021 « une pandémie mondiale impliquant une souche inhabituelle de virus de variole du singe ». NATHAN LAINE / HANS LUCAS VIA AFP

Auteur(s): FranceSoir

En mars 2021, l’ONG américaine spécialisée dans les risques nucléaire et biologique du nom de Nuclear Threat Initiative (NTI), en partenariatavec la Fondation de la conférence de Munich sur la sécurité, menait un exercice de simulation sur les menaces biologiques aux conséquences graves. Cette rencontre a été suivie de la publication, en novembre 2021, d’un document étonnant dans lequel les auteurs ont écrit les différentes étapes d’un scénario apocalyptique qui raconte la propagation de la variole du singe dans le monde. Une épidémie qui pourrait, selon eux, commencer le 5 juin 2022… après l’attaque terroriste d’un laboratoire de virologie le 15 mai 2022. 
Le déroulement du scénario
Dans le scénario imaginé par l’organisation Nuclear Threat Initiative, une première vague de variole du singe commence à se répandre dans un pays fictif de 250 millions d’habitants appelé Brinia, à partir du 5 juin 2022. 

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Un premier rapport fait état d’une contagion favorisée par une fête nationale ayant entraîné des déplacements nationaux et internationaux des Briniens. Tandis que l’on déplore 1 421 cas et quatre décès, le séquençage du génome d’échantillons de patients atteints de variole du singe, révèle que la souche présente à Brinia, contient des mutations qui la rendent résistante aux vaccins existants.
Face à l’épidémie, le gouvernement accueille favorablement les enquêtes internationales et demande l’aide médicale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 
La seconde vague d’épidémie de variole de singe se produit six mois plus tard (10 janvier 2023). Le virus s’est propagé dans 83 pays. On dénombre alors 70 millions de cas et 1,3 million de morts. Démunis thérapeutiquement, certains pays, comme la République de Dranma, ont rapidement adopté des mesures très dures afin de ralentir la transmission et limiter la pandémie. Pour faire face à l’augmentation du nombre de cas, les autorités ont mis en place des opérations de dépistage et de recherche des cas contacts à grande échelle. Parallèlement, elles ont renforcé leurs systèmes de soins de santé. Des mesures coercitives ont également été instaurées pour ralentir la transmission du virus, en fermant les lieux qui accueillaient des rassemblements de masse, en imposant des mesures de distanciation sociale, et en obligeant les populations à porter le masque.
Le scénario dépeint également un autre groupe de pays, comme le pays fictif de Cardus, qui a fait le choix d’une autre stratégie. Sans céder à la peur du virus, ces pays n’ont imposé aucune restriction et choisi de maintenir toutes les activités ouvertes. Une décision lourde de conséquences, puisqu’ils enregistrent un nombre bien plus élevé de cas et de décès que les pays qui ont réagi rapidement, comme le montre les figures 2 et 3 du document.

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La troisième vague commence un an après l’épidémie initiale (10 mai 2023). On dénombre plus de 480 millions de cas et 27 millions de décès dans le monde, alors que l’on apprend que la pandémie a été provoquée par une attaque bioterroriste régionale qui aurait dépassé les objectifs de leurs auteurs. Les services de renseignement de Brinia révèlent que le virus de la variole de singe a été développé de manière illicite dans le principal institut de virologie du pays fictif d’Arnica, qui a un passé conflictuel avec son voisin Brinia. 
Dans le détail, l’enquête révèle qu’un groupe terroriste indépendant d’Arnica a travaillé avec des scientifiques du laboratoire pour créer un agent pathogène mortel hautement contagieux, et le disperser dans les gares bondées de Brinia pendant la fête nationale, alors qu’une grande partie de la population voyageait à l’intérieur du pays et à l’étranger. La collaboration entre le groupe terroriste et les scientifiques du principal institut de virologie d’Arnica, a permis de modifier le virus de la variole du singe, afin de le rendre plus transmissible et résistant aux vaccins actuellement disponibles.
De la fiction à la réalité : premiers cas de variole du singe en Europe et en Amérique du Nord
La variole du singe ou virus Monkeypox est à distinguer de la variole, responsable de millions de morts jusqu’au 20ᵉ siècle. Ce virus qui avait dévasté l’humanité pendant plus de 3 000 ans, faisant encore 300 millions de morts au siècle dernier, a été déclaré éradiqué le 8 mai 1980 lors de la 33ᵉ Assemblée mondiale de la santé, après qu’une stratégie de surveillance combinée à une campagne de vaccination massive décidée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a permis d’en venir à bout. 
Il n’en va pas de même pour la variole du singe dont on retrouve des cas principalement sur le continent africain et qui se distingue de la variole par sa transmission de l’animal à l’homme et par sa capacité à avoir un réservoir animal (zoonose). Si le virus a été isolé la première fois sur un singe, en 1958, au Danemark, son réservoir principal se trouve cependant chez les rongeurs et chez les écureuils.
Avant mai 2022, des rares cas de varioles du singe détectés aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Israël ou à Singapour, étaient survenus chez des personnes revenues du Nigéria. Dans l’hémisphère nord, ces cas étaient jusqu’à présent, toujours restés isolés et circonscrits.
Depuis le début du mois de mai, la situation a quelque peu évolué puisque plusieurs cas ont été détectés dans de très nombreux pays européens, en Amérique du Nord, en Israël, mais également en Australie.
Le premier cas de l’épidémie actuelle serait apparu le 7 mai au Royaume-Uni, chez un voyageur revenu du Nigeria. Depuis, d’autres cas ont été confirmés au Royaume-Uni. Cependant, pour le moment, il n’a pas été établi de lien entre ce nouveau cas et les autres, apparus quelques jours plus tard.
Après le Royaume-Uni, de nombreux pays comme l’Espagne, le Portugal, la Suède, la République tchèque, l’Italie, l’Autriche, les États-Unis et le Canada ont signalé plusieurs cas de variole du singe.
De son côté, la France, compte actuellement sept cas avérés de variole du singe, a indiqué la nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon.
Cette augmentation soudaine dans des pays, où le virus ne circulait pas habituellement, n’a pas trouvé pour le moment d’explication. Mais, dès à présent, de nombreux pays recommandent la vaccination des personnes ayant été en contact avec une personne infectée par ce virus.
Voir aussi : Variole du singe: vers un retour des restrictions sanitaires et de la vaccination généralisée ?
Des vaccins contre le virus de la variole, également efficaces contre la variole du singe, sont disponibles. Ils seraient, d’après les données de l’Inserm, « efficaces pour prévenir contre l’infection, dans 85 % des cas, même plusieurs jours après une exposition au virus ».
Le 25 mai 2022, le gouvernement autorise « l’utilisation de vaccins dans le cadre de la prise en charge des personnes contacts à risque d’une personne contaminée par le virus Monkeypox ». Deux vaccins antivarioliques sont actuellement sur le marché : les vaccins Imvanex et Jynneos, qui sont des vaccins vivants atténués. L’Imvanex développé dans les années 2000 pour répondre à une éventuelle attaque bioterroriste est un vaccin de troisième génération. Il serait beaucoup mieux toléré que ceux de la première et de la deuxième génération, selon la Haute Autorité de santé (HAS), qui le recommande dans son avis paru le 20 mai 2022. 


Auteur(s): FranceSoir

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