Valenciennes : un Condéen, mort en déportation, donne son nom à une promotion d’élèves-gendarmes

Ce vendredi matin, à 10 h, la 469e promotion de l’école de gendarmerie de Chaumont recevra le nom de Marius-Damien, gendarme et résistant arrêté à Denain, mort en déportation.


William Damien avec une photo de son père, en tenue de guerre, vers
1940, avec sur le col, les grenades de la gendarmerie.

William Damien avec une photo de son père, en tenue de guerre, vers 1940, avec sur le col, les grenades de la gendarmerie.

La caserne de gendarmerie de Valenciennes en porte déjà le nom. Mais ce vendredi matin, c’est toute une promotion de gendarmes, issue de l’école de gendarmerie de Chaumont, en Haute-Marne, qui se mettra sous le parrainage de Marius-Damien, en présence de son fils William.

« J’avais douze ans. On habitait à la brigade de gendarmerie de Denain, 32, rue Jean-Jaurès. Le 26 août 1944, un samedi vers 23 h, l’adjudant-chef a envoyé quatre gendarmes à la Kommandantur, rue Lazare-Bernard. Les Allemands voulaient avoir une liste avec les numéros des armes ».

William Damien, qui habite aujourd’hui à Saint-Quentin, s’en souvient comme si c’était hier. « Là-bas, ils ont gardé mon père. Les trois autres gendarmes sont revenus et ont prévenu ma mère qu’on pourrait aller le voir le lendemain matin. Elle a fait disparaître les affaires d’un alsacien, un « malgré nous », que mon père avait aidé à déserter un mois avant. Le dimanche, on a parlé vingt minutes avec mon père. Il a dit qu’il rentrerait au plus tard le soir ou le lendemain. L’ambiance était calme : ce n’était ni la Gestapo, ni les SS. On s’est dit au-revoir et on est reparti chez nous ».

En repartant, rue de Villars, la maman de William lui dit : « Regarde papa, il te fait signe au-revoir ! ». Ce fut la dernière fois. « Papa était assis dans une voiture allemande entre deux soldats et il a baissé la tête vers moi pour me faire signe du bras gauche ».

« Des idées de gosse… »

Le résistant -son fils découvrira plus tard qu’il participait à une filière d’évasion d’aviateurs alliés- est emmené au siège de la Gestapo au lycée Watteau de Valenciennes d’où il est transféré à la prison de Loos. Il fera partie, le 1er septembre, du train de Loos, qui emportera vers les camps de déportation allemands 871 prisonniers. Il n’en revint que 275. Parmi eux, James Venture, gendarme lui aussi. Il racontera que Marius Damien a été déporté en uniforme de gendarme.

En 1945, William et sa mère se rendront au grand hôtel de Valenciennes où revenaient les déportés survivants. Ils en rencontreront plusieurs, « par exemple M. Bailleul qui était boucher à Denain ». Longtemps William, qui fut par la suite parachutiste et motard CRS, guettera les pas de son père, en regardant sous le portail de la gendarmerie de Denain : « Des idées de gosse… ».

Différents recoupements ont permis de situer la mort de Marius Damien au 4 janvier 1945, épuisé par le travail forcé, au camp de Neuengamme, près de Hamburg.

Source : La Voix du Nord

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