Un policier jugé pour avoir tiré sur des voleurs de magrets de canard

les-voleurs-avaient-subtilise-chacun-un-sachet-de-magret-de-canardLes voleurs avaient subtilisé chacun un sachet de magret de canard.

illustration Bats Pascal

Le policier affirme avoir tiré en « légitime défense ». Une version mise à mal par les voleurs, des témoins et surtout les expertises balistiques

Un policier qui avait pourchassé et tiré sur des voleurs de magrets de canard en fuite sera jugé à partir de mardi devant les assises de l’Essonne, à Évry, pour tentative de meurtre.

En 2011, dans un petit supermarché de Limours (Essonne), deux hommes glissent chacun un sachet de magrets de canard sous leurs tee-shirts. Ils sont repérés par le gérant, mais parviennent à s’échapper. Un homme assiste à la scène : Gwenaël L., policier hors service, 39 ans à l’époque. Il décide de prendre en chasse les deux voleurs, qui ont grimpé à l’arrière d’une fourgonnette les attendant devant le magasin.

Le policier assure qu’il ne voulait au départ que s’approcher pour relever leur immatriculation. Alors qu’il poursuit la fourgonnette, explique-t-il, celle-ci fait subitement marche arrière, et menace de heurter sa voiture. Il craint que le choc ne lui soit fatal, sort son arme de service, et tire à plusieurs reprises, en « légitime défense ».

Version mise à mal par les expertises balistiques

Les deux hommes, blessés à la cuisse pour l’un et au bras pour l’autre, sortent du véhicule. Le policier fait un garrot, appelle les secours, qu’il attend.

La version de Gwenaël L. pourtant, est mise à mal par les occupants de la fourgonnette, des témoins, et surtout par les expertises balistiques. Car selon celles-ci et contrairement à ce qu’il soutient, Gwenaël L., un gaucher, a tiré les premières balles alors qu’il était au volant de sa voiture, le bras passé par la fenêtre. Puis il en est descendu et, en marchant ou en courant, il a de nouveau tiré à plusieurs reprises en direction de la fourgonnette.

Au total, Gwenaël L. a tiré sept fois. Une réaction « en dehors de tout entendement », « en dehors de toute raison » au vu de la situation, et face à des voleurs qui n’ont cessé de prendre la fuite, estiment les enquêteurs. En tirant sur la fourgonnette en dehors de tout danger et de tout enjeu, l’accusé a selon eux pris le risque conscient d’atteindre, et donc de tuer, les fuyards.

Une attitude de « justicier » déjà remarquée, d’après les témoignages d’anciens collègues, qui l’ont décrit comme un homme imbu de sa personne et imprévisible, et de son ex-femme. Celle-ci l’avait notamment vu prendre en chasse des automobilistes qui avaient commis des infractions, carte de police plaquée à la vitre, en dehors de ses heures de service.

Source : Sud Ouest

 

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