« Un mensonge d’Etat » : Jean-Michel Claverie jette un froid sur BFMTV

Jean-Michel Claverie en duplex sur BFMTV BFMTV

Une anomalie « rassuriste » chez une chaîne d’alarmisme en continu : c’est peu après 13h15 aujourd’hui, que le virologue Jean-Michel Claverie a instauré une certaine gêne sur le plateau de BFMTV. Il y a jeté un pavé dans la mare en développant « une voix un peu dissidente », de son propre aveu.

Il a d’abord souligné que « les gens qui sont dans la rue ne sont pas tous des gens qui pensent que la terre est plate ou qui sont antivax, ou des extrémistes politiques. Il y a de vraies bonnes raisons, à la fois éthiques et scientifiques, à trouver que le passe sanitaire est quelque chose qui est à la fois inacceptable, et probablement pas très efficace. »

Pour l’éthique, il a renvoyé aux dix points d’alerte que la Défenseure des droits a relevés, déplorant qu’ils n’aient eu pratiquement aucun écho médiatique ni politique.

Voir aussi : La Défenseure des droits relève dix points d’alerte quant à l’extension du passe sanitaire

Pour le scientifique, il a donné un exemple en Corse, pour en conclure qu’il « faut arrêter avec ces 20 000 cas de gens qui ne sont pas malades, mais positifs » : relevant que les populations sont différentes : le virus circule chez les jeunes qui ne font pas de formes graves, « la plupart des seniors sont vaccinés » et que les symptômes du variant delta semblent s’apparenter le plus souvent à un gros rhume – ce dont nous avions parlé, notamment dans les billets du Dr Maudrux ou bien une tribune du Dr Gérard Delépine.

Voir aussi : Rien à craindre du variant Delta : il donne le rhume, curable par traitements précoces

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Un désaccord s’est dessiné sur les chiffres, les journalistes de BFMTV s’accrochant aux « 70% d’augmentation d’admission à l’hôpital en une semaine », le virologue les contestant en prenant des valeurs quotidiennnes (qui on le sait sont soumises à trop de variations liées à la rentrée des données – impact des week-ends et jours fériés par exemple – pour être significatives, il est préférable d’observer l’évolution des moyennes glissantes sur 7 jours par exemple).

En réalité, aucun n’avait les bons chiffres :

Force est de constater que sur cet aspect précis des chiffres, BFM se trompait moins que son invité. De là à en conclure que leur position est plus juste… Ce qui compte, davantage que les chiffres, est leur interprétation. Comme le rappelait Pierre, de Décoder l’éco, invité d’une « Pause », les données brutes n’ont pas de valeur pure, c’est la capacité à les analyser qui compte.

Les plus alarmistes voient dans cette remontée la fameuse « exponentielle » des modélisations et la promesse d’une tension voire d’une saturation des hôpitaux courant août. Rappelons-le, cette exponentielle n’a pas toujours été confirmée par la réalité, loin de là – et quoi qu’en disent les modélisateurs, pas seulement en raison de la prise en compte de leurs modélisations. 

D’autres, dont fait partie Jean-Michel Claverie, qui sera à coup sûr désormais condamné à l’infamie médiatique pour cet accès impardonnable de « rassurisme », considèrent qu’il est absurde de s’affoler pour une « épidémie de cas » alors que la donne a encore changé pour les raisons sus-évoquées. Et qu’il faut justement lever le nez des chiffres pour aller observer la réalité – clinique, hospitalière, médicale, sociale, politique…

En ce sens, c’est lui qui a posé la seule question qui vaille :

« Est ce que vous pensez que ça justifie de faire ces lois qui sont incroyablement liberticides, sans aucune justification réelle, clinique et sanitaire ? »

Question à laquelle les présentateurs n’ont pas répondu, coupant le virologue dans son propos pour enchaîner avec le journal des sports… 

Une escarmouche télévisée qui illustre en quatre minutes un des grands malentendus – et certains diront une des grandes erreurs – de cette gestion de crise sanitaire : la focalisation excessive sur l’hôpital, et l’hypnotisation par les chiffres : ceux qui vouent déjà Jean-Michel Claverie aux gémonies diront que c’était la négation de la réalité qui avait la parole, tandis que ceux que l’étroitesse de vue de la doxa insupporte auront jugé au contraire savoureuse et salutaire l’irruption passagère du réel, à la fois dans le récit terre-à-terre et dans la prise en compte de sa complexité, sur un tel plateau.

Auteur(s): FranceSoir

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