Un dispositif, unique en France, aide les gendarmes du Limousin à gérer leurs traumatismes

Les gendarmes face à l’horreur, celui d’un accident de bus en Gironde en 2015 - AFP

Les gendarmes face à l’horreur, celui d’un accident de bus en Gironde en 2015 – AFP

Sur le terrain, les gendarmes se retrouvent parfois face à des situations difficiles à digérer sur le plan mental. Des dispositifs sont là pour les aider.

« Dans la gendarmerie le principe de camaraderie est très important. Nous partageons des moments forts en intensité et parfois très violents », assure le colonel Philippe Ledoux. Cependant cette solidarité institutionnalisée ne permet pas de guérir tous les maux : des traumatismes de certaines images violentes, des relations hommes femmes parfois compliquées dans les unités, des questions de harcèlement. « Sur le plan de l’accompagnement psychologique, nous essayons d’intervenir le plus en amont possible presque sur le lieu même du traumatisme », explique le colonel.

Ces problèmes individuels, la gendarmerie décide de plus en plus les prendre en compte. Où commence le mal-être au travail ? Comment gérer les cas de harcèlement ? Comment faire en sorte que les problèmes individuels puissent être réglés pour ne pas nuire aux missions de sécurité publique ? Ces questions, les gendarmes tentent d’y répondre. En Limousin, psychologues, assistantes sociales et médecins travaillent de concert pour briser le mutisme traditionnel dans ce corps d’armée.

Une commission pluridisciplinaire a même été mise en place depuis 2014 au sein de la gendarmerie. Une première en France. « Au début, chacun était dubitatif sur ces réunions. Mais on ne peut pas traiter un problème correctement si l’assistante sociale est déconnectée du psychologue, ou l’inverse, surtout quand un agent passe par l’un puis l’autre. Il faut apporter les bonnes réponses avec plus de cohésion », explique Philippe Ledoux.

Partager les informationsTous les mois, médecins psychologues, représentants du personnel et commandement se réunissent autour d’une table pour examiner les situations des personnes en inaptitude définitive. « Ces personnes ont développé des pathologies au cours de leur service dans la gendarmerie. Nous prenons notre décision après avoir croisé nos informations dans le but de préserver les intérêts de la gendarmerie et de l’individu », confie le colonel. Une dizaine de cas dans le Limousin auraient déjà été traités. La deuxième partie de ces réunions mensuelles sert à informer le groupe de professionnels des situations pouvant poser problème. « Nous faisons ce partage d’informations dans le respect du secret professionnel. Notre objectif est d’établir une stratégie d’équipe pour redresser des situations complexes », explique le colonel.

Durant l’été 2015, les gendarmes de Haute-Vienne ont dû faire face à un cas de suicide. Un gendarme avait mis fin à ses jours avec son arme de service à Limoges. « On n’a rien vu venir. Une enquête a été menée en interne pour connaître les causes de cet acte. Nos recherches ont révélé qu’il s’agissait de problèmes dans la vie personnelle de la victime », explique le colonel.

Selon l’état-major, l’incident avait causé un traumatisme important au sein de l’unité du gendarme décédé. Un cas qui rappelle les limites du dispositif. S’il peut prévenir certains comportements, l’imprévisible restera par définition, imprévisible.

Pierre Vignaud

Source : Le Populaire

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