Tuerie de la préfecture de police : la piste terroriste confirmée

Les recherches sur les ordinateurs et smartphones de Mickaël Harpon ont enfin parlé et ne laissent plus de doute sur le caractère terroriste de la tuerie, le 3 octobre dernier.

HGKIQALT47XWK3QR25Z7JKQCMQMickaël Harpon avait dans son bureau des éléments de propagande de Daech. DR

Par Jean-Michel Décugis, Eric Pelletier et Jérémie Pham-Lê
Le 26 février 2020 à 06h03, modifié le 26 février 2020 à 16h49

Les expertises informatiques ont parlé : l’attaque perpétrée à coups de couteau à la préfecture de police de Paris, le 3 octobre 2019, est bien de nature terroriste. Ce jour-là, peu avant 13 heures, Mickaël Harpon, un informaticien en poste à la Direction du renseignement (DRPP), tuait quatre agents et en blessait deux autres, avant d’être abattu dans l’enceinte même de la préfecture, située sur l’île de la Cité, face à Notre-Dame. La police antiterroriste était frappée dans l’un de ses sanctuaires.

Jusqu’à présent, seul le matériel informatique professionnel de cet adjoint administratif avait pu être expertisé. C’est ainsi que, sur des clés USB, ont pu être relevées des vidéos de propagande djihadistes, notamment des scènes de décapitation, ainsi que diverses informations collectées par la DRPP, ce qui n’a rien de surprenant compte tenu de la nature du travail d’un informaticien habilité secret-défense et affecté dans un service sensible. Pour comprendre la genèse de son geste, les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire et de la Brigade criminelle parisienne comptaient sur le matériel personnel du fonctionnaire.

Mais, faute de connaître les mots de passe utilisés, cette analyse des ordinateurs et smartphones s’est avérée particulièrement longue. Il a fallu « casser » le système, ce qui a constitué un tour de force. Une fois mises en lumière, les navigations de Mickaël Harpon, converti à l’islam il y a une dizaine d’années, ont confirmé les soupçons de radicalisation. Selon nos informations, une heure avant l’attaque, vers midi, le fonctionnaire tapait la recherche « tuer les infidèles » sur son Smartphone… La veille, les recherches de Mickaël Harpon concernent les « kouffars » (mécréants) mais aussi des sujets plus anodins comme l’infidélité au sein du couple ou des billets d’avion pour se rendre en pèlerinage à La Mecque. Aucun plan d’action précis n’aurait en revanche été détecté. Le matin même de la tuerie, Harpon a acheté deux couteaux dans le quartier.

Nunez devant la commission d’enquête sur les dysfonctionnements ce mercredi

L’affaire a été confiée à des juges antiterroristes mais elle suscite encore nombre d’interrogations, liées à la personnalité de l’assassin. L’homme était en effet psychologiquement fragile et en proie à des problèmes au sein de son couple. Souffrant d’un handicap de surdité, il se sentait rejeté par certains de ses collègues. Des sources proches de l’enquête décrivent « un profil hybride » évoluant aux confins du terrorisme et de la psychiatrie. Son épouse décrit aux enquêteurs la violente crise mystique traversée par son mari la nuit précédente. Récit corroboré par des voisins.

Attaque au couteau à Paris : « Trois policiers et un agent administratif ont été tués »

Devant les derniers développements de l’affaire, notamment la révélation de la nature des consultations Internet de l’assassin, les familles des policiers tués ont demandé à être reçues par Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur. Quant au secrétaire d’Etat Laurent Nunez, il doit intervenir ce mercredi après-midi devant la commission d’enquête sur les dysfonctionnements ayant conduit à l’attaque commise à la préfecture de police. Il devrait s’en tenir aux aspects administratifs du dossier.

Source : Le Parisien

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