Trafic de stupéfiants à Brest. Le maire a demandé « des renforts policiers »

Football(Photo archives Nicolas Créach)

« Brest miné par les trafics ». Notre dossier consacré, mardi, à l’explosion des saisies de drogue à la pointe bretonne a fait réagir le maire de Brest. François Cuillandre reconnaît le problème auquel est confrontée la métropole, « comme toutes les grandes villes ». Il indique avoir demandé des renforts policiers, et proposé l’aide financière de la ville au ministère de l’Intérieur.

Partagez-vous le constat et les inquiétudes des forces de l’ordre et de la justice ?

C’est une problématique que malheureusement nous connaissons à Brest, comme dans toutes les villes de France, et même au-delà. C’est conforme à la réalité dont on discute souvent avec le commissaire central, le procureur et le sous-préfet de Brest. Après, comme le notaient quelques-uns des responsables des services de lutte que vous avez interrogés, la notion de trafic dépend de l’activité policière. Quand la brigade des stups, dont je salue ici le professionnalisme, effectue une grosse saisie, cela fait grimper mécaniquement les statistiques. L’efficacité des services montre mieux une réalité qui existe depuis trop longtemps. Brest est une grande ville. C’est là qu’on trouve les lycées où les dealers trouvent leurs nouveaux clients. C’est aussi dans les grandes villes que se concentrent les organisations de ces trafics.

Une municipalité se sent démunie pour faire face à un tel phénomène ?

Il n’y a pas que la municipalité qui se sent démunie. La Justice elle-même concède qu’elle est obligée de faire des choix pour déclencher des enquêtes poussées ! C’est une réalité un peu perturbante. Le trafic de stups relève d’abord du rôle de l’État et de la justice. La société elle-même est démunie. Si j’avais la recette miracle, je l’aurais fait certifier depuis longtemps.

Quelles mesures mettez-vous en œuvre, à votre échelle, pour tenter d’enrayer le problème ?

« Quel est le rôle d’une collectivité territoriale ? C’est de faire de la prévention et de l’information. On a « les Lundis de la santé » par exemple, pour ce qui relève de la santé publique. Au-delà, c’est un problème de tranquillité et d’ordre publics. Mais à Pontanézen, par exemple, nous avons ouvert le quartier qui vivait refermé sur lui-même. On a construit une ligne de tramway qui le traverse et le dessert. Cela a modifié les habitudes et dérangé les trafiquants. Nous avons également réalisé des opérations de renouvellement urbain, et maintenu nos services publics. C’est capital. Cela montre aux plus jeunes qu’il y a autre chose à faire que trafiquer ou consommer.
On voit aussi des dealers jusque sous les fenêtres de la mairie…

Ce sont les petits qui sont là… Mais sur cet espace, nous avons fait des travaux qui permettent d’avoir plus de visibilité. Cela m’a d’ailleurs valu les remarques de riverains qui m’ont reproché de faire couper les branches des arbres. Au-delà, ces mesures ne font au mieux que reporter le trafic ailleurs. On oublie aussi les guerres de clans derrière tout ça. Le crime qui s’est produit devant la mairie il y a près de deux ans était lié, semble-t-il, à cette problématique de guerre entre clans de trafiquants (…) Je pense que la seule chose qui soit efficace, c’est de taper au portefeuille des trafiquants. Comment est tombé Al Capone ? Grâce à un contrôle fiscal. Il y a sans doute des choses à faire dans ce domaine. J’ai d’ailleurs été reçu en février au cabinet du ministre de l’Intérieur. J’ai demandé des moyens supplémentaires qui font clairement défaut à Brest. Et je parle d’un manque de policiers spécialisés.
Vous avez fait des propositions au cabinet du ministre ?

On lui a clairement indiqué que la Ville pouvait aider financièrement la police nationale, comme nous l’avons déjà fait par le passé. L’un des drames des équipes de nuit était de prendre en charge les gens en état d’ivresse et de les emmener au CHU, ce qui prenait beaucoup de temps aux effectifs. Désormais, c’est nous qui prenons en charge les vacations médicales. La police est ainsi davantage sur le terrain. Nous avons fait des propositions très précises au ministère. Nous attendons leur retour.

Source : Le Télégramme

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