Terrorisme. Les sites nucléaires sont-ils réellement bien protégés ?

Des gendarmes devant la centrale nucléaire de Chinon en Indre-et-Loire.

Des gendarmes devant la centrale nucléaire de Chinon en Indre-et-Loire. | Reuters.

Depuis les attentats de janvier 2015, les moyens de protection ont été renforcés. Suffisamment ? Certains experts n’écartent pas le scénario d’une attaque dans les cinq ans.

L’hypothèse d’un attentat contre une centrale nucléaire est loin d’être farfelue. Gilles de Kerchove, coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, a même estimé, il y a peu, qu’elle pourrait devenir une réalité « avant cinq ans ».

En France, comment les autorités s’y préparent-elles alors que la moitié de la population vit à moins de 80 km d’une centrale nucléaire ? La loi du 2 juin 2015 a renforcé les sanctions contre les intrusions dans ces sites sensibles. Un individu armé, s’introduisant dans une centrale, peut désormais être puni de sept ans d’emprisonnement et de 100 000 € d’amende.

« Il n’existait aucun délit pénal spécifique à ce type d’intrusion. L’infraction relevait de la simple violation de domicile et était peu sanctionnée », relève le député du Loiret (LR) Claude de Ganay, auteur d’un rapport sur le sujet.

58 réacteurs sont en fonctionnement dans 19 centrales en France

Onze intrusionsDepuis 2003, onze intrusions et trois tentatives ont été enregistrées dans les centrales françaises. Le 15 juillet 2013, vingt-neuf militants de Greenpeace s’étaient introduits dans celle de Tricastin (Drôme) et avaient déployé deux banderoles. Objectif : « Pointer du doigt toutes les failles de la sécurité. » En 2014, ils ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis.

Mais le seul renforcement des sanctions peut-il vraiment dissuader des terroristes ? Depuis 2009, les dix-neuf centrales et le centre de Creys-Malville (Isère) sont défendus par des pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie (PSPG).

Un peloton d’une quarantaine de gendarmes (formés par le GIGN, l’unité d’élite de la gendarmerie) par site, soit environ 900 professionnels au total, financés par EDF. Et pour être fin prêts en cas d’attaque, plus de 80 exercices de sécurité ont lieu chaque année.

Menace aérienne« Il existe plusieurs barrières, note Claude de Ganay. C’est comme dans une banque. Ce n’est pas parce que vous êtes entré dans le hall d’accueil que vous parviendrez à la salle des coffres. » Yannick Rousselet, de Greenpeace, est plus réservé : « Sur le papier, c’est convaincant. Mais en réalité, avec les 3×8 et les congés, ils ne sont que cinq gendarmes présents ! »

Les sites du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et d’Areva (dont l’usine de La Hague) sont, eux, protégés par des formations locales de sécurité (FLS). Celles-ci sont souvent composées d’anciens gendarmes, policiers et pompiers professionnels. En cas d’attaque, elles sont secondées par le Raid, l’unité d’élite de la police nationale.

Nombre de spécialistes pensent toutefois que l’un des principaux dangers pourrait venir du ciel. Les survols réguliers de drones, s’ils ne représentent pas une menace directe (faible capacité d’emport), interpellent. Les 26 et 27 janvier 2015, plusieurs drones avaient survolé la base navale de l’Ile-Longue (Finistère) qui abrite quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins.

Et un crash d’avionEt comment parer le crash volontaire d’un avion ? En théorie, tout survol est interdit dans un périmètre de cinq kilomètres autour des sites nucléaires. Leur surveillance relève du Centre national des opérations aériennes, une unité de l’armée de l’Air basée à Lyon-Mont Verdun (Rhône).

Des procédures d’alerte ont été mises en place avec EDF. « Les centrales ont été conçues pour résister au crash d’un avion », complète Claude de Ganay. Si ce risque a été évalué pour un monomoteur de 1,5 t et un jet d’affaires de 5,7 t, les dégâts causés par la chute d’un avion de ligne tel qu’un Airbus A320 (75 t) seraient « d’une ampleur considérable », conclut un rapport de Greenpeace.

Source : Ouest-France

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