Suicides des policiers et des gendarmes : décryptage en cinq points

Suicides Gendarmerie

Les suicides dans la Gendarmerie ces dernières années.

En huit jours, sept policiers et deux gendarmes se sont donné la mort. Cette vague de suicides remet sur le devant de la scène un fléau qui affecte durement les forces de l’ordre. Notre décryptage en cinq points.

Quel est le nombre de suicides dans la Gendarmerie et la Police ?

Ce lundi 13 novembre, on comptabilisait 46 policiers et 16 gendarmes s’étant donné la mort en 2017. L’an passé, la Gendarmerie a déploré 25 suicides dans ses rangs, la Police 36.

Capture d’écran 1

Les gendarmes et les policiers sont-ils des populations à risque?

Oui, pour Eric Morvan, le directeur général de la Police nationale. Il y a 43 policiers qui se suicident en moyenne chaque année. Un nombre déjà dépassé pour 2017. « Nous avons connu en 2014 un pic extrêmement dramatique avec 55 policiers qui avaient mis fin à leurs jours, rappelle Eric Morvan. Il y a des éléments de fragilité qui de manière certaine sont imputables à la vie professionnelle : un policier n’est pas un fonctionnaire comme les autres. »

Voir la vidéo : http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/eric-morvan-face-a-jean-jacques-bourdin-en-direct-1002037.html

Non, estime la Gendarmerie. Dans son bilan social 2016, l’Institution explique que le taux moyen de suicide dans l’Arme « est proche du taux observé en France, à structure de population identique selon l’âge et le sexe ». Cela reste un sujet préoccupant, précise cependant la direction générale. L’association nationale professionnelle de militaires GendXXI conclut dans un rapport de 2016 sur la question, à « l’existence bien réelle d’un risque suicidaire supplémentaire pour les gendarmes et les policiers ».

Quelles actions sont mises en place pour lutter contre ce phénomène ?

Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur. Septembre 2016. (Photo S.D L'Essor).
Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur. Septembre 2016. (Photo S.D L’Essor).

Le ministère de l’Intérieur, Gérard Collomb, a commandé à ses trois directeurs généraux (Gendarmerie, Police, et DGSI) ce dimanche 12 novembre une évaluation des « mesures mises en œuvre pour prévenir les suicides ». La Place Beauvau recevra prochainement les représentants des policiers et des gendarmes. De nouvelles actions sont attendues plus de deux ans après le dernier plan en date lancé par Bernard Cazeneuve en janvier 2015. Après l’année noire de 2014, l’ancien ministre de l’Intérieur avait présenté 23 mesures pour mieux prévenir les suicides. Il avait alors notamment annoncé des recrutements au sein du service de soutien psychologique opérationnel, fort en tout de 76 psychologues, ce qui en ferait aujourd’hui le « service d’aide psychologique institutionnel le plus important de France ».

Que fait la Gendarmerie ?

Bilan social
Le bilan social 2016 de la Gendarmerie.

Le bilan social 2016 de la Gendarmerie précise que la commission nationale de prévention a poursuivi la mise en place des études de l’environnement professionnel à la suite de chaque suicide. De même, la direction générale a finalisé un guide relatif à la gestion de crise et à la communication après un suicide dans une unité. L’Arme précise enfin que les personnels en souffrance peuvent trouver de l’aide auprès de professionnels institutionnels tels que les médecins, les assistants de service social et les psychologues cliniciens.

Dans plusieurs réponses à des parlementaires, le ministère de l’Intérieur brosse l’historique des actions mises en place par la Gendarmerie:

1998 : mise en place au niveau central d’un soutien psychologique des personnels en complément de l’action du service de santé des armées.

2006 : lancement d’un programme de sensibilisation, « Ensemble, prévenons le suicide » dans les régions.

2008-2013 : déploiement de psychologues-cliniciens dans les régions.

2012 : mise en place d’un réseau d’écoute, de solidarité et de proximité.

2013 : rapport d’audit de l’IGA, IGGN, et IGPN, sur la prévention du suicide chez les personnels des forces de sécurité, préconisant une réforme de la procédure de recrutement, généralisation des formations permettant de prendre en compte les risques psycho-sociaux, et mise en place de points de dépôts sécurisés permettant aux policiers de déposer leur arme après le service.

2013 : déclinaison du plan ministériel de prévention des risques psycho-sociaux.

2014 : mise en place des comités de pilotage dans chaque région ou formation administrative avec de comités de pilotage.

Comment les gendarmes ou les policiers passent à l’acte ?

Dans une réponse à un député, en 2014, la Place Beauvau remarquait que, dans la Police nationale, « le suicide par arme de service est le plus fréquent et a représenté 55 % des suicides constatés au cours des années 2008 à 2012 ». Mais, précisait le ministère de l’Intérieur, « il est prématuré de conclure à une recrudescence dans l’utilisation de l’arme de service ». Depuis les attentats de 2015, les policiers volontaires sont autorisés, sous conditions, à conserver leur arme hors service, sans que toutefois la direction générale de la police n’ait relevé de hausse du nombre d’incidents de tir ou de de suicides, précisait en avril 2016 Jean-Marc Falcone. Dans la Gendarmerie, en 2013, la moitié des suicides se sont déroulés dans le logement en caserne et environ 20 % dans les locaux de service, « soit une répartition similaire à celle observée au cours de la dernière décennie », remarque enfin le ministre de l’Intérieur.

Gabriel THIERRY.

Source : L’Essor.org

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