Six policiers pour maîtriser un récidiviste

5a99fe3c469a459e018b45cbMara devra indemniser ses victimes et repasser son permis.
© (Photo, illustration NR)

Le tribunal a condamné un homme à de la prison ferme, notamment pour des violences sur des policiers – infraction qui figurait déjà au casier du prévenu.

Tribunal correctionnel de Blois
Mara est un grand gaillard d’1,95 m qui promène sur le monde une silhouette athlétique digne « d’une première ligne de rugby », comme se plaît à le souligner son avocat Me Damien Vinet. Pas étonnant que cette montagne de muscles ait donné du fil à retordre à… six policiers, le 15 janvier dernier, dans une rue du centre-ville de Blois.
Connu des services de police pour de très nombreuses conduites sans permis, le trentenaire est repéré au volant d’une Opel. Sur leurs gardes, connaissant sa capacité à résister aux interpellations, les policiers réclament du renfort. Mais le nombre n’effraie pas Mara. Il résiste au menottage et se débat comme un beau diable envoyant valser tous ceux qui s’approchent de lui. Une policière aura la main retournée contre un mur, son collègue verra sa montre broyée en tentant une clé de bras, un troisième esquivera un coup de tête. Tenace au combat, Mara ira jusqu’à freiner l’élan d’un autre brigadier en l’attrapant par… les parties génitales ! Finalement maîtrisé après une âpre lutte des corps, le conducteur jure qu’il ne faisait que déplacer le véhicule – mal garé – d’un ami…
Appelé à répondre de ses actes en comparution immédiate, Mara avait obtenu un délai pour sa défense, moyennant un petit séjour à l’ombre des barreaux jusqu’à mercredi, date annoncée de son procès
Des séances avec un psychologue pour gérer sa colère « D’ordinaire je n’utilise pas la voiture, je me fais accompagner. Ce soir-là, je changeais vraiment la voiture de place, d’ailleurs j’étais en pyjama », raconte posément Mara à Denys Baillard, le président du tribunal, ébahi devant la dizaine de condamnations sur son casier pour la même infraction. « Réalisez-vous dans quelle position délicate cela vous met encore de monter derrière un volant ? s’étonne le juge. Vous envisagez quoi pour votre avenir ? » Mara rétorque qu’il voit un psychologue pour travailler sur cette colère qui lui empoisonne la vie. Et celle des autres.
Nanti d’un bac pro, le prévenu s’exprime avec un calme et une aisance verbale qui rassurent les magistrats sur sa capacité à comprendre qu’il a vraiment franchi la ligne. Et sans marquer d’essai, le code pénal n’obéissant pas aux mêmes règles que le rugby. « Mes clients aussi sont en colère mais ils savent la gérer », réplique Me Laurence Grenouilloux pour les six victimes. « 5.600 policiers sont blessés par an en intervention, c’est beaucoup trop ! », s’agace l’avocate qui réclame un préjudice de 250 à 1.200 euros par policiers selon leur degré de souffrance. Pour sa part, la vice-procureure, Delphine Amacher, s’interroge sur la sanction à trouver pour un prévenu « en capacité à être poli et calme comme il peut l’être à l’audience ». Mais compte tenu de la récidive, elle requiert 18 mois dont 6 avec sursis. « Il est prisonnier de l’image qu’il renvoie, regrette Me Vinet. Il est poli, travailleur, diplômé, le laisser regarder la télé 23 h sur 24 h en maison d’arrêt, est-ce vraiment opportun ? »
Le tribunal a tranché, Mara a l’obligation de repasser son permis, d’indemniser trois policiers à hauteur de 749 euros (avec la montre), 500 et 200 euros et se voit condamné à 15 mois de prison dont 9 ferme avec maintien en détention. A regarder la télé ou potasser le code de la route, selon son emploi du temps.

Source : La Nouvelle République

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