Salah Abdeslam transféré en France: les coulisses d’une opération top secret

Salah Abdeslam a été transféré de Belgique vers la France par hélicoptère et sous haute protection.

Le suspect-clé des attentats de Paris est arrivé en France ce mercredi matin par voie aérienne et sous escorte des gendarmes d’élite du GIGN. Une opération menée dans la plus grande discrétion.

Même son avocat français ne s’attendait pas à le voir arriver de si tôt. Cinq mois après les attentats de Paris, Salah Abdeslam, seul survivant des commandos terroristes, a été remis aux autorités françaises ce mercredi matin. Le Molenbeekois de 26 ans, suspecté d’avoir joué au minimum un rôle logistique dans l’opération meurtrière, a été secrètement transféré par voie aérienne depuis sa prison belge de Béveren.

Les juges d’instruction français en charge de l’enquête vont le recevoir dans l’après-midi au Palais de justice de Paris pour lui signifier sa mise en examen. Puis le djihadiste présumé sera incarcéré dans une prison francilienne, vraisemblablement Fleury-Mérogis (Essonne), dans l’attente de ses prochaines auditions par les magistrats et enquêteurs. L’ensemble de l’opération relève du défi sécuritaire.

Comment s’est déroulé le trajet?

Salah Abdeslam a foulé le sol français aux alentours de 9h05. Mais selon le journal belge La Dernière Heure, l’opération a débuté dans « le courant de la nuit dernière ». Le djihadiste présumé a atterri à la base militaire de Villacoublay, située au sud de Paris, dans les Yvelines. Selon une source proche du dossier, contactée par L’Express, le trajet en hélicoptère a duré « moins de deux heures, environ 1h30 ». « L’opération a été sensible parce que le colis à livrer est sensible. Mais elle n’est ni courante, ni exceptionnelle. Tout s’est bien déroulé et dans la plus grande discrétion », explique cette même source.

Tout au long du transfèrement, Salah Abdeslam a été escorté par des gendarmes de l’unité d’élite du GIGN, réputée notamment pour avoir mené l’assaut contre les frères Kouachi. L’appareil utilisé était un EC145, composée de six places maximum. Outre le détenu, le pilote, son mécanicien et « trois ou quatre » militaires étaient présents à bord. Contrairement à ces derniers, comme le veut l’usage, le Molenbeekois n’a pas été cagoulé. Il a en revanche été menotté. « Il s’agit d’éviter toute mauvaise réaction de sa part, comme tenter de sauter ou mettre en danger l’équipage », explique Frédéric Gallois, ancien patron du GIGN.

Pourquoi avoir choisi la voie aérienne?

Les autorités belges et françaises avaient le choix entre la voie terrestre, ce qui sous-entendait un voyage de 300 kilomètres par les routes, et la voie aérienne. La seconde option a été choisie car elle garantissait un maximum de sécurité. « En voiture, le trajet aurait été plus long et duré près de quatre heures. C’est un choix tactique: cela permet d’éviter tous les éventuels obstacles de circulation et d’écarter tous risques d’embuscades. C’est un moyen discret mais qui reste sensible car soumis aux aléas de la météo », observe encore l’ancien commandant des forces d’élites de la gendarmerie.

Un seul hélicoptère a été sollicité pour effectuer le voyage. Mais selon notre source proche du dossier, il est possible qu’un convoi terrestre ait suivi l’itinéraire de l’appareil. Une mesure de sécurité supplémentaire en cas d’imprévus liés à un problème technique ou à un atterrissage d’urgence. Par ailleurs, la voie aérienne possédait l’avantage de pouvoir déposer Salah Abdeslam dans une zone sécurisée, en l’occurrence la base de Villacoublay, hautement gardée par les militaires, et permettre un relais avec des forces au sol.

Quand l’opération a-t-elle été décidée?

L’avocat français du suspect, maître Frank Berton, ne semblait pas au courant de l’imminence de l’opération. Auprès des médias ce mercredi matin, il avait avancé une date autour du 15 mai. Réagissant après l’officialisation du transfèrement, le conseil s’est dit « assez surpris » que son client « soit là aujourd’hui ».

« Il est en France dans des conditions assez rapides et surprenantes. Je crois savoir qu’il avait une audience prévue demain en Belgique », a déclaré l’avocat, suggérant que la Belgique a précipité la procédure.

« Il est en France dans des conditions assez rapides et surprenantes » (Me Frank Berton, avocat de Salah #Abdeslam) https://t.co/3BL8pYya0K

— iTELE (@itele) April 27, 2016

Selon Europe 1, la décision de transférer Salah Abdeslam en France ce mercredi a été prise depuis « au moins la semaine dernière » mais « le secret a été parfaitement bien gardé ».

Source : L’Express

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