Raid, BRI, GIGN: Le plan de Bernard Cazeneuve pour contrer les terroristes

SECURITE Les unités d’intervention spécialisées de la police et de la gendarmerie devront travailler main dans la main…

Des policiers de la BRI le 18 novembre 2015 lors de l'assaut à Saint-Denis.

Des policiers de la BRI le 18 novembre 2015 lors de l’assaut à Saint-Denis. – Francis Pellier MINISTERE DE L’INTERIEUR
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La fin de la guerre entre police et gendarmerie ? Le schéma national d’intervention qu’a présenté ce mardi Bernard Cazeneuve doit organiser de façon claire et précise le travail des deux forces régies par le ministère de l’Intérieur, notamment de leurs forces d’élite – Raid, BRI et GIGN. Un plan indispensable en cas d’attaque terroriste n’importe où en France, notamment en vue de l’Euro de football.

« L’heure n’est pas à la concurrence des forces, mais a l’unité », a martelé Bernard Cazeneuve, devant un parterre de troupes issues du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), du Raid de la police nationale et de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI), « l’antigang » de la préfecture de police de Paris. « Face à des ennemis déterminés à nous frapper en provoquant le plus de dommages possible, sans volonté de négocier et dont la propre mort fait partie de la philosophie, de la stratégie, nous avons besoin de forces performantes qui travaillent les unes avec les autres et qui poursuivent les mêmes objectifs », a-t-il insisté.

«Les premières minutes» sont les plus cruciales

Pour répondre de façon rapide et appropriée à d’éventuels attentats, on savait déjà que les primo-intervenants que sont les policiers de la Bac (Brigade anti-criminalité) de la sécurité publique et les PSIG (Pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie) baptisés Sabre doivent pouvoir intervenir n’importe où en moins de 20 minutes, selon la volonté du ministre de l’Intérieur. Le temps, pour les forces d’élites de la BRI, du Raid ou du GIGN, de constituer une colonne. Afin de faire face à la menace d’attentats, la Bac et les PSIG Sabre ont donc reçu de nouveaux fusils, le HK G36, ainsi que des gilets capables de résister aux balles de kalachnikov et des casques à visières pare-balles.

« En cas de tuerie de masse, c’est durant les premières minutes que les terroristes font le plus grand nombre de victimes », a souligné Bernard Cazeneuve. « Nous devons donc réagir le plus rapidement possible, comme nous devons constamment anticiper l’éventualité d’une telle attaque », a-t-il dit, évoquant la « guerre du temps qu’implique désormais toute riposte antiterroriste ».

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Les unités d’élite, réparties sur l’ensemble du territoire, doivent elles aussi être capables d’intervenir le plus rapidement possible, afin d’assurer la suite des opérations après la Bac et les PSIG Sabre. Le maillage de l’Hexagone entre police et gendarmerie a ainsi été revu uniquement dans les situations « d’urgence absolue », c’est-à-dire de tuerie de masse, prise d’otages ou tout autre type d’attaque terroriste. Dans ce cas précis uniquement, les zones de compétences actuelles (urbaine pour la police, rurale pour la gendarmerie) seront suspendues le temps de la résolution de l’attaque et à l’endroit concerné. Chaque force pourra donc intervenir dans n’importe quelle zone de compétence en fonction de sa rapidité à arriver sur les lieux.

Territoire et compétences

Pour mieux couvrir tout le territoire français, quatre antennes régionales du GIGN ont été créées à Nantes, Tours et Reims, s’ajoutant à celles qui existent à Dijon, Orange et Toulouse. Trois nouvelles antennes du Raid doivent être créées à Montpellier et à Toulouse courant 2016, à Nancy en 2017, qui s’ajoutent à celles de Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nice, Rennes et Strasbourg. Quant à la BRI, elle verra ses effectifs doubler.

La rapidité d’intervention n’est pas le seul point clé du nouveau plan de Bernard Cazeneuve. Chacune des trois unités d’élite a effectué un inventaire de ses « capacités », c’est-à-dire de ses compétences : effraction, soutien logistique, soutien médical, parachutisme… Environ 130 ont ainsi été répertoriées par l’Ucofi (Unité de Coordination des forces d’intervention), qui doit dorénavant vérifier que chaque unité d’élite est bien capable de remplir ces compétences. Le but est que le GIGN, le Raid et la BRI puissent se compléter en nombre : si par exemple le Raid a besoin d’une trentaine d’hommes, le GIGN pourra lui fournir les forces nécessaires. Mais également en « capacités » : le Raid ou la BRI pourront venir apporter leur soutien au GIGN sur une spécialité précise.

Le commandement des opérations deviendra également commun. A titre d’exemple, si un attentat survient en zone territoriale de compétence du Raid et que le GIGN vient le renforcer, le commandement sera assuré par le Raid sous l’égide du préfet, avec un représentant de la gendarmerie.

Un exercice conjoint d’intervention de simulation d’attaque terroriste regroupant la BRI, le GIGN et le Raid doit avoir lieu ce mardi soir à la gare Montparnasse, à Paris.

Source : 20 Minutes

Attentats: Pourquoi l’intervention au Bataclan a-t-elle été si longue? La reconstitution doit y répondre

TERRORISME La commission d’enquête parlementaire se rend sur les lieux des attentats du 13 novembre ce jeudi matin pour une reconstitution des faits…

Le Bataclan, après les attentats du 13 novembre 2015.

Le Bataclan, après les attentats du 13 novembre 2015. – Miguel MEDINA

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C’est ce jeudi, à 9h30, qu’a débutéla reconstitution du drame du 13 novembre 2015 au Bataclan, dans le cadre des travaux de la commission d’enquête parlementaire. Son objectif : « faire toute la lumière » sur la prise d’otages et l’intervention des forces policières et médicales, selon le président de la commission, Georges Fenech. Il devrait notamment être question des moyens d’améliorer les procédures.

Plusieurs heures avant intervention

Pourquoi a-t-il fallu deux heures aux forces de police pour secourir les otages retranchés dans la salle de spectacle ? « Nous avons demandé aux forces de l’ordre qui sont intervenues, la BRI, le Raid, la police, de venir, a expliqué ce jeudi matin le député Georges Fenech devant la presse. Nous allons voir chronologiquement quelle a été leur intervention, pourquoi il a fallu trois heures entre la première attaque et [la fin de] l’intervention, trois heures pour extraire les dernières victimes. »

Une histoire racontée devant la commission interpelle particulièrement. Le soir des attentats, 40 personnes réussissent à se réfugier dans un local de 9 m², dont la porte est bloquée avec un canapé et un mini-frigo. L’un des terroristes tente de ruser. « Ouvrez, c’est le GIGN », crie-t-il, selon le témoignage d’une victime que relaie Le Figaro. Tiraillées entre méfiance et espoir de voir arriver un sauveur, la quarantaine de personnes décide de ne pas ouvrir, à la suite d’un vote à mains levées.


Bataclan: Un terroriste a voulu se faire passer… par 20Minutes

Les vraies forces d’intervention, arrivées devant la salle après plus de deux heures d’opérations, se heurtent au même refus d’ouvrir. Malgré la transmission d’un mot de passe à l’oral aux personnes retranchées, ces dernières ne font pas confiance à la brigade anti-gang. Finalement, le salut du groupe viendra du courage d’une victime, qui ouvrira la fenêtre de la pièce pour crier dans la rue (« est-ce que c’est vous qui êtes derrière la porte ? On veut sortir ! »). Un épisode qui pose des questions sur l’efficacité et la durée des méthodes des forces de l’ordre, aussi bien au front qu’en retrait.

Les équipes médicales trop lentes ?

Les forces spéciales ne sont pas les seules concernées. Le 13 novembre, les équipes médicales, pourtant sur place, ont mis jusqu’à plusieurs heures avant d’intervenir. Une lenteur compréhensible, alors que trois terroristes se trouvaient à l’intérieur du Bataclan, mais sur laquelle la commission parlementaire s’interroge. « Ça ressemble à un soldat qui est blessé entre deux tranchées en 1916. Vous savez qu’il est là, qu’il a mal. Pour autant, pouvez-vous vous permettre de faire risquer la vie de deux ou trois personnes pour aller le chercher ? », a ainsi demandé froidement le général Philippe Boutinaud, patron des pompiers de Paris, devant la commission d’enquête, d’après un reportage de France Info.

Bataclan: Comment ont réagi les services de… par 20Minutes

Le sujet est crucial car comme le rappelle le professeur Tourtier, interrogé par le député LR Pierre Lellouche, la moitié des blessés par balles de fusil d’assaut meurent dans les cinq minutes et les trois quarts dans la demi-heure.

Une unité médicale d’élite ?

C’est donc tout le rôle des équipes médicales au cours de ce genre d’interventions qui est remis en cause. Peuvent-elles se permettre de rester en retrait en attendant que le risque de danger de mort retombe à zéro ? « Est-il envisageable d’imaginer une unité d’élite au niveau des secours médicaux qui puisse pénétrer dans la zone d’exclusion ? », s’interroge le professeur. Et de poursuivre que « même à la guerre, quand le médecin pose une perfusion, il ne tient pas un pistolet. » Le patron du Samu est tout de même catégorique sur un point : les médecins doivent apprendre à soigner les blessures de guerre. Un programme de formation serait d’ailleurs déjà en cours de développement.

Source : 20 Minutes

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