Prévenir la délinquance pour enrayer la radicalisation

2019-04-10T200647Z_1_LYNXNPEF391ZV_RTROPTP_3_PEOPLE-CHRISBROWN-FRANCE.JPG.cfQuatre mois après l’attentat du marché de Noël de Strasbourg, qui a fait cinq morts, Edouard Philippe lancera jeudi dans la capitale alsacienne l’élaboration d’une nouvelle stratégie de prévention de la délinquance, terreau de la radicalisation. /Photo prise le 22 janvier 2019/REUTERS/Benoit Tessier

PARIS (Reuters) – Quatre mois après l’attentat du marché de Noël de Strasbourg, qui a fait cinq morts, Edouard Philippe lancera jeudi dans la capitale alsacienne l’élaboration d’une nouvelle stratégie de prévention de la délinquance, terreau de la radicalisation.

Le Premier ministre, qui sera entouré de huit membres de son gouvernement pour ce Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, entend associer les élus des collectivités locales à la définition de cette stratégie.

Celle-ci visera notamment à « intégrer la prévention de la radicalisation dans la prévention de la délinquance », afin de « traiter en amont des jeunes délinquants susceptibles d’évoluer vers la radicalisation », selon un document destiné à la presse et diffusé par les services du Premier ministre.

Le tueur du marché de Noël, Cherif Chekatt, 29 ans, délinquant multirécidiviste radicalisé, avait fait l’objet d’un premier signalement par l’éducation nationale à l’âge de huit ans, s’était vu infliger la première de ses 24 condamnations à 14 ans et avait passé sept ans en prison.

« Il faut intervenir plus tôt et plus vite », explique-t-on notamment à Matignon. « Dans la dernière période, la stratégie de prévention de la délinquance se concentrait sur les 12-25 ans. On voit bien qu’il faut remonter plus en amont. »

« Il faut donner aux élus et aux acteurs de terrain les moyens d’intervenir plus tôt auprès des familles », ajoute-t-on de même source. « Il faut aller trouver les jeunes là où ils sont, dans la rue mais aussi sur les réseaux sociaux et inventer de nouvelles formes de médiation adaptées. »

LA RADICALISATION, UN SUJET D’ÉTUDE

Ce Comité interministériel sera aussi l’occasion pour Edouard Philippe de dresser un premier bilan du plan national de prévention de la radicalisation qu’il a présenté le 23 février 2018 à Lille.

Ce plan a notamment mis l’accent sur la prévention dans les établissements scolaires, où plus de 1.000 atteintes à la laïcité ont été traités en un an, avec l’intervention dans 80% des cas d’équipes mises en place dans chaque académie (350 personnes en tout) pour aider les enseignants dans ce type de situation.

Le gouvernement s’est opposé à l’ouverture de 15 établissements privés hors contrat et en a fermé quatre autres, ainsi que sept lieux de culte et 89 débits de boisson, lors d’opérations ciblées sur des quartiers où les phénomènes de radicalisation sont particulièrement ancrés, précise Matignon.

Il y a eu dans le même temps plus de 14.600 demandes de retrait de contenus sur internet et plus de 5.500 demandes de déférencement de sites par la société civile.

Le 2 avril dernier, le gouvernement a installé un conseil scientifique sur les processus de radicalisation.

Il a par ailleurs conclu cinq contrats avec des doctorants qui étudient cette question et auront accès à la moitié des entrées du fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT).

Ce fichier recensait début avril plus de 20.900 personnes, dont 11.152 fiches actives. Plus des trois quarts des personnes ainsi fichées sont des hommes (78%), 22% des femmes, 2,7% des mineurs et 27% se disent convertis à l’islam, selon les chiffres de Matignon.

Le suivi des détenus condamnés pour faits de terrorisme ou radicalisé a également été renforcé, notamment avec l’ouverture de cinq quartiers d’évaluation de la radicalisation (deux QER supplémentaires doivent être ouverts en 2019).

(Emmanuel Jarry, édité par Simon Carraud)

Source : News Yahoo

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