Peuple et forces publiques : unis par le droit, divisés par la politique

Ensemble, arrêtons la division orchestrée par les politiciens

Depuis trop longtemps, une fracture artificielle a été entretenue entre les citoyens et celles et ceux qui portent l’uniforme. Cette fracture ne s’est pas créée par hasard. Elle a été nourrie par la violence, par la peur, par des images choc, par des ordres absurdes, et parfois par des blessures qui ne s’effacent pas. Les événements des Gilets jaunes ont laissé des traces profondes, parfois indélébiles. Nul ne le nie. Nul ne les minimise. Ces souffrances existent, elles sont réelles, et elles doivent être reconnues. Mais continuer à opposer le peuple aux forces publiques, c’est prolonger exactement ce que souhaitent ceux qui gouvernent depuis leurs bureaux protégés.

Il faut rappeler une vérité simple, trop souvent oubliée : les policiers et les gendarmes ne sont pas le pouvoir. Ils n’écrivent pas les lois. Ils ne signent pas les traités. Ils ne décident ni du Mercosur, ni des politiques agricoles, ni des abattages, ni des accords commerciaux, ni des orientations européennes. Ils n’ont aucun rôle dans ces décisions qui ruinent des familles, détruisent des exploitations, brisent des vies. Ils sont, comme les agriculteurs, les artisans, les ouvriers, des femmes et des hommes du peuple.

Derrière l’uniforme, il y a des êtres humains. Des pères. Des mères. Des parents seuls parfois. Des gens qui, une fois leur service terminé, rentrent chez eux, paient leurs factures, remboursent leurs crédits, s’inquiètent pour l’avenir de leurs enfants. Eux aussi subissent l’inflation. Eux aussi voient leur pouvoir d’achat s’effondrer. Eux aussi vivent dans un pays qui ne protège plus ceux qui travaillent honnêtement. Eux aussi sont spoliés par les mêmes politiques que le reste de la population.

Mais eux sont en première ligne. Pas les ministres. Pas les députés. Pas les donneurs d’ordre. Ce sont eux qui prennent la colère, les insultes, la pression psychologique, parfois les coups, pendant que les responsables politiques restent à distance, à l’abri. Et oui, il faut le dire avec honnêteté : beaucoup de policiers et de gendarmes obéissent par peur. Peur de perdre leur emploi. Peur de sanctions. Peur de mutations arbitraires. Peur de ne plus pouvoir nourrir leur famille. Cette peur est humaine. Elle est réelle. Et elle est exploitée.

C’est précisément ici qu’il faut rappeler un point fondamental, trop souvent ignoré, y compris par les forces publiques elles-mêmes. Le droit protège les policiers et les gendarmes lorsqu’ils sont confrontés à des ordres injustes ou dangereux pour l’intérêt général. L’article R434-5 du Code de déontologie de la police et de la gendarmerie le dit clairement.

Cet article impose l’obéissance hiérarchique, sauf dans un cas essentiel : lorsque l’ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public. Dans ce cas, le policier ou le gendarme a le droit et le devoir de signaler son objection, d’en faire état à sa hiérarchie, et même de demander une confirmation écrite. Et surtout, le texte est clair : l’ordre écrit n’exonère jamais de la responsabilité personnelle. Autrement dit, obéir aveuglément n’est pas une protection. Le droit reconnaît que chacun reste responsable de ses actes.

Cet article n’est pas une arme contre les forces publiques. Il est au contraire une protection juridique, une garantie que l’uniforme n’efface pas la conscience, ni la responsabilité morale. Il rappelle que la loyauté ne signifie pas l’obéissance aveugle, et que l’intérêt public prime sur les ordres manifestement injustes.

Il est donc essentiel que les civils comprennent une chose : ce ne sont pas les forces publiques qui décident des politiques qui détruisent l’agriculture, qui imposent des accords comme le Mercosur, qui organisent la concurrence déloyale ou la perte de souveraineté. Et il est tout aussi essentiel que les forces publiques comprennent une autre vérité : elles sont placées volontairement entre un peuple en souffrance et un pouvoir qui se protège. Elles sont utilisées comme boucliers humains pour des décisions qu’elles n’ont pas prises.

Cette situation n’est tenable pour personne. Ni pour le peuple. Ni pour les forces publiques. La haine dirigée les uns contre les autres est une impasse. Elle ne profite qu’à ceux qui gouvernent par la division. Diviser les agriculteurs et les policiers. Diviser les civils et les gendarmes. Diviser les travailleurs entre eux. C’est une stratégie ancienne, éprouvée, efficace. Tant que le peuple se déchire, le pouvoir reste intact.

Aujourd’hui, face à la situation dramatique des agriculteurs, face aux accords commerciaux imposés, face à la perte de souveraineté, face à l’injustice sociale généralisée, une évidence s’impose : le peuple et les forces publiques ont le même adversaire. Ce ne sont ni les paysans, ni les policiers, ni les gendarmes, ni les citoyens ordinaires. Ce sont des politiques devenues prédatrices, qui sacrifient la Nation pour des intérêts idéologiques, financiers ou supranationaux.

Rétablir la confiance ne signifie pas oublier. Cela signifie comprendre, dépasser, refuser d’être manipulés plus longtemps. Cela signifie reconnaître l’humanité de chacun, des deux côtés. Refuser la haine comme outil politique. Refuser la division comme mode de gouvernement.

L’unité du peuple ne se fera pas contre les forces publiques, mais avec elles. Et la libération des forces publiques ne se fera pas contre le peuple, mais avec lui. Le pays a besoin de policiers et de gendarmes dignes, courageux, protecteurs. Le peuple a besoin de forces publiques qui protègent les citoyens, pas une politique devenue destructrice. Et les forces publiques ont besoin d’un peuple uni, solidaire, qui les soutienne lorsqu’ils refusent l’inacceptable.

Quand les civils, les paysans, les artisans, les salariés, les indépendants et les forces publiques comprendront qu’ils sont tous victimes du même système, alors la peur changera de camp. Personne n’aura plus à craindre de perdre son emploi pour avoir défendu l’intérêt général. Car lorsqu’un peuple est uni, aucun gouvernement ne peut tenir contre lui.

La Nation n’a pas besoin de répression. Elle a besoin de protection. Elle n’a pas besoin d’ordres injustes. Elle a besoin de justice. Et elle a besoin de femmes et d’hommes en uniforme qui se souviennent qu’ils ne sont pas les gardiens d’un pouvoir, mais les protecteurs du peuple.

S’unir n’est pas une faiblesse. C’est la seule issue.

Par la CISDHJ

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