Perros-Guirec. Au secours d’une désespérée

Jeudi dernier, les gendarmes de Perros-Guirec (22) ont pu, grâce à la géolocalisation de son téléphone, sauver in extremis une femme désespérée.
« Les gens nous voient souvent comme des enquiquineurs au bord des routes. Mais l’essence de notre travail, c’est la protection des biens et des personnes. Et dans ce cas précis, nous étions dans l’ultime protection », rappelle le lieutenant Cédric Roger, faisant allusion au sauvetage, jeudi dernier, d’une infirmière âgée de 54 ans, arrivée de Vendée, qui a tenté de mettre fin à ses jours (Le Télégramme du 22 février).

Treize disparitions inquiétantes depuis le 1er janvier

Depuis le 1er janvier, la brigade de gendarmerie de Perros-Guirec s’est chargée de treize dossiers de disparitions inquiétantes. Douze personnes ont été retrouvées à ce jour. Celle de jeudi a marqué les esprits, à la brigade, car l’affaire « sort de l’ordinaire par les moyens employés ». Ce soir-là, à 18 h 17, un SMS très explicite est envoyé par la Vendéenne à une amie. Cette dernière prévient aussitôt les enfants de la désespérée. Eux-mêmes se rendent à la brigade la plus proche à La Mothe-Achard, qui donne l’alerte. Le Centre d’opérations et de renseignement de la gendarmerie (CORG) de La Roche-sur-Yon lance une opération de géolocalisation. Résultat, la femme recherchée a activé une antenne relais, rue de la Salle à Perros-Guirec. Le CORG vendéen transmet la précieuse information à son homologue à Saint-Brieuc, qui avertit immédiatement (il est 19 h 40) la brigade de Perros.

« D’instinct, j’ai poussé la porte… »

L’adjudant Gérald Conan et le gendarme Christophe Mascart se lancent à la recherche du véhicule de l’infirmière, qu’ils retrouvent non loin du port à 19 h 50. À 20 h, ils ont localisé la femme dans un hôtel. Ils frappent à sa porte et après discussion, les gendarmes réussissent à la convaincre d’être prise en charge par un médecin. Étant en peignoir, elle demande à pouvoir s’habiller avant de partir. La discussion se poursuit à travers la porte de la salle de bain, jusqu’au moment où l’adjudant Conan sent « un trouble » dans la voix de la femme. « D’instinct, j’ai poussé la porte, les vêtements étaient sur la baignoire et il y avait du sang au sol. Elle s’était tranchée, à l’aide d’un scalpel, les deux artères fémorales au niveau de l’aine… On a su plus tard qu’elle avait pris de l’aspirine pour fluidifier son sang… ». Les gendarmes, qui suivent régulièrement des cours de secourisme, ont le bon réflexe. Ils attrapent des serviettes de toilette et opèrent un point de compression de chaque côté, en attendant les secours, qui prendront le relais dix minutes plus tard.

« On a fait le travail »

Des minutes « interminables » pour l’adjudant Conan et le gendarme Mascart, marqués par certaines paroles : « On lui parlait sans arrêt. À un moment, elle nous a dit : « Vous direz pardon de ma part à mes enfants. » C’est qu’elle se voyait partir… ». Des gendarmes bien conscients aussi que tout s’est joué dans un temps très court. « Quelques minutes plus tard, on ne sait pas si on aurait eu le même résultat ». Ce soir-là, une vie a été sauvée. L’adjudant Conan, vingt-huit ans de carrière au compteur, ne joue pourtant pas les héros. « On a fait le travail. Il y avait une autre intervention juste après : une pendaison… ». Le lendemain, il a pris des nouvelles : la femme avait été opérée et était tirée d’affaire. Et l’humble et soucieux sauveteur de préciser : « Ses blessures physiques et psychologiques sont profondes. On va reprendre de ses nouvelles cette semaine ».

Source : Le Télégramme

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