Partagez ce feu ! Laissez-le consumer l’oubli !
« J’écris parce que les mots sont la seule chose qui nous reste pour enterrer les morts »…
Poème du docteur Ezzideen, médecin à Gaza, écrit le 11 septembre 2025 …
Il y a des moments où un homme cesse d’être un homme. Il devient une blessure. Une entaille ouverte dans l’univers. Je suis cette blessure. J’écris ces mots non pas depuis une pièce, mais depuis la tombe du sens lui-même. Et je les écris les mains tremblantes et le cœur blasphématoire, car je ne sais plus si la prière est une vertu ou une malédiction. Parce que le silence céleste est devenu si fort que je crains qu’il ne me fracasse le crâne.
Ils nous ont dit de fuir.
Ils nous ont dit : « Allez vers le sud, vous y serez en sécurité. »
Alors nous sommes partis.
Obéissants.
Dociles.
Mendiant la vie comme des mendiants mendient leur pain.
Mais il n’y a pas de sud. Il n’y a pas de sécurité. Il n’y a que la terre qui tremble sous le poids des cadavres, et des enfants portant les yeux des morts sur leurs visages.
Je suis assis maintenant dans une pièce plus petite qu’un confessionnal, vingt-huit mètres carrés de culpabilité. Et j’ai honte de posséder même cela.
Honteux parce que mon ami gît sans tête dans le Nord.
Honteux parce que je respire, et que sa mère ne respire plus.
Honteux parce que survivre, ici, est devenu un péché.
Qu’est-ce que c’est ?
Comment appelle-t-on un monde où l’innocence est une condamnation à mort et la justice une superstition ?
N’appelez pas cela une guerre.
Appelez cela un massacre rituel.
Appelez cela un abandon divin.
Appelez cela pour ce que c’est : la lente crucifixion d’un peuple en plein jour, pendant que les évêques de la démocratie sirotent du vin et parlent de « contexte ».
Ils ont bombardé une tour aujourd’hui. Quarante-huit familles.
Trente minutes pour s’échapper. Puis ce fut le feu.
Puis ce furent les décombres. Puis ce fut le silence.
Et le monde, ce monde boursouflé et anémié, regardait, les yeux secs et le ventre plein.
Ils l’ont écrit.
Ils l’ont appelé « une réponse ».
Ils ont dit : les infrastructures du Hamas.
Je dis : une crèche avec du sang encore humide sur les couvertures.
Je dis : un enfant recroquevillé autour des chaussures de sa sœur morte.
Je dis : un père creusant des briques avec ses ongles parce qu’il n’y a plus de pelle, plus d’ambulance, plus d’espoir.
Et les tentes, ne nous insultez pas avec ce mot.
Une tente n’est pas un abri.
Une tente est une parodie d’abri.
Une tente, c’est ce qu’on donne aux fantômes quand même la poussière a oublié leurs noms.
Et pourtant, d’une certaine manière, mon cœur bat.
Pourquoi ?
De quel droit bat-il ?
De quel droit suis-je là pendant que d’autres disparaissent en fumée ?
Oh mon Dieu, si Tu regardes, alors regarde ça.
Trois autres maisons sont tombées au moment où j’écris.
Trois. Chacune avec sa propre histoire sainte, sa propre berceuse interrompue par le cri de l’acier.
Si ce n’est pas l’enfer, alors l’enfer est superflu.
Et pourtant j’écris. Parce que les mots sont la seule chose qui nous reste pour enterrer les morts.
Ce n’est pas une lecture ; c’est une incision. Ezzide en saigne sur la page, et ton écho, Zeineb Guéhiss le transforme en hurlement collectif.
« La survie est une insurrection »: que ces mots nous lèvent du lit des indifférents.
Pas de contexte ici, que la vérité nue.
Partagez, signez, criez. Gaza n’attend plus. #ÉchoDeGaza#InsurrectionPoétique#EzzideenShehab«

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