« Oublier Malik Oussekine » : l’opposition dénonce « une défaite morale » du député LREM Fauvergue

L'ancien patron du Raid, Jean-Michel Fauvergue, estime que la doctrine du maintien de l'ordre ne doit plus prendre en compte l'affaire Malik Oussekine.

L’ancien patron du Raid, Jean-Michel Fauvergue, estime que la doctrine du maintien de l’ordre ne doit plus prendre en compte l’affaire Malik Oussekine. – Capture CàVous (France 5)
Jean-Michel Fauvergue, député de La République en marche et ancien patron du Raid, a souhaité que la doctrine du maintien de l’ordre soit délestée du souvenir de la mort de l’étudiant Malik Oussekine sous les coups de la police en 1986. Des propos lourds, alors que la manifestation de ce 1er mai à Paris s’annonce tendue.

Lourde déclaration. Alors qu’Emmanuel Macron a souhaité une réponse “extrêmement ferme” aux éventuelles violences ce mercredi 1er mai, dont le gouvernement redoute qu’il ne tourne à l’émeute sous l’influence combinée des black blocs et des gilets jaunes, le député de La République en marche (LREM) Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du Raid, a expliqué mardi soir qu’il fallait “oublier l’affaire Malik Oussekine” dans la gestion des manifestations.

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Le 6 décembre 1986, Malik Oussekine, étudiant franco-algérien manifestant à Paris contre la loi Devaquet, était battu à mort par les policiers “voltigeurs” sous les ordres de Charles Pasqua. L’événement avait provoqué une vague d’émotion en France et est devenu, depuis, l’épouvantail des forces de l’ordre en termes de violences policières.

Aller « au contact »

D’après Jean-Michel Fauvergue, il serait toutefois temps de tourner la page. Invité de l’émission C à Vous pour expliquer la doctrine de maintien de l’ordre offensive que le nouveau préfet de police de Paris, Didier Lallement, est chargé d’appliquer, l’élu de Seine-et-Marne est revenu sur sa propre expérience en la matière, en tant que directeur départemental de la sécurité publique en Guyane.

Sur des maintiens de l’ordre qui étaient conséquents, je n’avais pas beaucoup de renforts : j’avais quelques escadrons de gendarmerie mobile, j’avais quelques fonctionnaires à moi, j’étais obligé de bouger beaucoup, d’aller au contact. Depuis très longtemps, en province, on va au contact”, a exposé l’ancien super-flic. D’après lui, seul le souvenir encombrant de Malik Oussekine empêche désormais d’appliquer cette méthode agressive dans la capitale. “Paris commence à faire de la même manière. Paris a été empêché de faire comme cela par l’affaire Malik Oussekine, a-t-il déploré. Il faut l’oublier maintenant ! Il faut oublier l’affaire Malik Oussekine.

« L’oublier, c’est trahir la mission » de la police

Ces propos ont provoqué des réactions outragées à gauche ce mercredi. “Voilà pourquoi LREM on ne peut avoir confiance dans votre conception du monde”, s’est indigné sur Twitter le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. Benoît Hamon, leader de Génération.s, dénonce quant à lui une “défaite morale et politique totale”. “La banalisation de la répression et l’encouragement à la violence policière est résumée dans cette sentence d’un député LREM”, tance l’ancien candidat à l’élection présidentielle.

Capture d’écran 2019-05-02 à 00.25.08A la France insoumise, c’est le député Alexis Corbière qui est monté au créneau. “Chaque policier et gendarme, même dans des conditions difficiles, doit garder en mémoire la scandaleuse mort de Malik Oussekine. Rien ne justifie qu’un être humain meurt sous des coups de matraques. L’oublier c’est trahir la dure mission qui vous est confiée”, a tweeté l’élu de Seine-Saint-Denis.

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Tout de même interrogé dans C à Vous sur les risques encourus par les manifestants avec cette stratégie, Jean-Michel Fauvergue a balayé la question des violences policières d’un revers de main, jouant la carte de l’ordre républicain : “La prise de risque elle est pour nos policiers, elle est pour nos gendarmes, elle est pour notre population, elle est pour nos commerçants. La République doit pouvoir se défendre”. Et d’ajouter : “Les policiers sont formés pour ça, pour éviter ce genre de blessure. Maintenant on ne peut pas le garantir à 100% ».

De fait, depuis le début des mobilisations, d’après les chiffres compilés par le journaliste spécialisé David Dufresne, plus de 2.000 gilets jaunes ont été blessés, dont 220 gravement. A en croire Emmanuel Macron, les mots “répression” et “violences policières” sont pourtant “inacceptables dans un Etat de droit”.

Des critiques « bien-pensantes », réagit Jean-Michel Fauvergue

Interrogé par Le Parisien, Jean-Michel Fauvergue a affirmé ne pas regretter ses propos, tout en les nuançant largement. “Ces critiques relèvent de la bien-pensance”, a d’abord dénoncé le député. “Bien sûr qu’il ne faut pas oublier Malik Oussekine, je suis à 100% d’accord avec ça ! Ce garçon a été victime de violences policières, il a été pris pour cible par des policiers qui ont été condamnés pour ça, et c’est bien normal. Il a été tabassé par des voltigeurs de manière éhontée, il faut être clair”, a cependant reconnu l’élu de Seine-et-Marne. “Ce que je veux dire, c’est que dans l’esprit il ne faut pas que les pouvoirs publics soient empêchés lors des manifestations actuelles de défendre les manifestants et les commerçants. La République doit se défendre ».

Source : Marianne

Affaire Malik Oussekine : Wikipédia

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