Municipales : ce virus qui peut atteindre le macronisme

Le coronavirus gèle les enjeux locaux, dope l’abstention et pourrait favoriser les maires sortants, donc par définition LR et le PS.

Cécile Cornudet

Publié le 6 mars 2020 à 6h30Mis à jour le 6 mars 2020 à 8h59

Perdre est une chose. Il faut du temps à un jeune parti pour s’implanter, commence d’ailleurs à minimiser La République En marche. Voir se réinstaller la droite et la gauche en est une autre, problématique, pour un mouvement qui a fondé son identité sur le dépassement du vieux clivage. Les municipales , ou le risque de la double peine pour Emmanuel Macron.

Avant même le stade 3 , le coronavirus est en train d’écrire le scénario redouté. Le sujet, sur le terrain, éclipse tous les autres, rapportent les candidats. Les problématiques locales passent au second plan, et avec elles la possibilité pour des personnalités peu connues d’émerger.

La tentation de rester chez soi le jour du vote progresse, relève Elabe, donnant un bonus aux équipes aguerries qui sauront recueillir des procurations dans les Ehpad. Peu d’enjeux, de l’abstention… à qui profite le virus ? Aux maires sortants, a priori, et par ricochet aux anciens partis encore ancrés sur le terrain. A la droite en priorité, qui avait remporté les élections de 2014.

Empêcher le groupe

Si tel était le cas, quelle lecture en serait faite ? C’est le retour du vieux clivage, le macronisme ne fut qu’une parenthèse, se dépêcheraient d’analyser la droite et la gauche. « Le macronisme est en train de partir en fumée […] », a déjà affirmé Christian Jacob , le patron de LR, quand Rachida Dati a grimpé dans les sondages . Au lendemain du scrutin, le PS veut prendre une initiative pour une alliance avec les écologistes. « La gauche est de retour. »

Pour Emmanuel Macron, cette lecture est un piège. Elle accréditerait l’idée que le macronisme n’a pas pris, et compliquerait la dernière phase du quinquennat tournée vers la présidentielle. Mais comment la contrer, comment expliquer qu’il ne s’agit pas d’un retour de la droite et de la gauche mais d’un résultat conjoncturel lié à la spécificité locale du scrutin ?

Les arguments se préparent. LREM a sa part dans le résultat des sortants, dit-il, puisqu’il les a soutenus à Nice, Toulouse, Angers… Les soubresauts de la majorité se désamorcent, ou tentent de l’être. Alors que l’aile gauche souhaite créer un groupe parlementaire pour pousser le président à réorienter sa ligne à gauche, l’Elysée est à la manoeuvre avec ce message : cela entérinerait la lecture des anciens partis sur le retour du clivage et fragiliserait le président ; il n’y a plus ni gauche ni droite. Mais l’écoutent-ils encore ?

Cécile Cornudet

Source : Les Echos

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