Macron continue de discréditer la France sur le front de la politique étrangère

Par ANDREW KORYBKO AVRIL 18, 2024. Sur Macron continue de discréditer la France en commettant erreur sur erreur sur le front de la politique étrangère (substack.com)

À ce rythme, il n’y a plus aucune chance crédible que la France renoue avec ses traditions de politique étrangère indépendante après les cinq erreurs majeures de politique étrangère commises par Macron au cours des deux dernières années. Il a tellement nui à la réputation de son pays qu’il est impossible de le réparer tant qu’il reste au pouvoir.

L’interception par la France de missiles iraniens au-dessus de la Jordanie au début du mois est la dernière erreur de Macron qui discrédite davantage son pays sur le front de la politique étrangère. En 2018, le dirigeant français s’est attribué le mérite d’avoir empêché le Liban de sombrer dans la guerre civile l’année précédente, après que son intervention diplomatique ait permis de résoudre la crise née de la démission scandaleuse de l’ancien Premier ministre Hariri alors qu’il se trouvait en Arabie saoudite. C’est à peu près à la même époque, fin 2017, que Macron a également commencé à parler de la construction d’une armée européenne.

Ces mesures ont amené beaucoup de gens à penser que la France tentait de faire revivre ses traditions de politique étrangère indépendante, dont la perception a été confirmée par Macron déclarant à The Economist fin 2019 que l’OTAN était en état de mort cérébrale. L’Amérique a ensuite pris sa revanche sur la France en lui soutirant un contrat de sous-marins nucléaires de plusieurs milliards de dollars avec l’Australie deux ans plus tard afin de créer l’AUKUS. Les visions divergentes de la politique étrangère entre ces deux pays au cours des cinq années 2017-2021 étaient clairement devenues une tendance.

Cela a commencé à changer après que la guerre par procuration entre l’OTAN et la Russie en Ukraine a éclaté six mois plus tard, au début de 2022, puisque la France a immédiatement pris le train américain en marche en sanctionnant la Russie et en armant l’Ukraine. Il s’agit de la première erreur majeure de Macron en matière de politique étrangère, car elle a discrédité la perception selon laquelle il s’est efforcé de construire à partir de 2017 la France pour raviver ses traditions de politique étrangère indépendante sous sa direction.

Pendant tout ce temps, le talon d’Achille de cette approche est resté l’Afrique, où la France a continué à dominer ses anciens sujets impériaux par une forme grossière de néocolonialisme qui a retardé leur développement socio-économique. Il n’y a pas eu beaucoup de dynamisme sur ce front jusqu’en 2022-2023, après que les coups d’État militaires patriotiques respectifs au Burkina Faso et au Niger se soient combinés pour libérer le Sahel de la « sphère d’influence » de la France, avant quoi Macron aurait pu réformer cette politique afin d’éviter cela de manière préventive.

C’est là que réside la deuxième de ses erreurs majeures en matière de politique étrangère, puisque le fait de ne pas avoir traité ces pays avec le respect qu’ils méritent, notamment en ne leur offrant pas d’aide d’urgence pour les aider à gérer les crises intérieures provoquées par les sanctions anti-russes de l’Occident, a finalement sonné le glas de la « Françafrique ». La France aurait pu y promulguer une politique étrangère véritablement indépendante, destinée à conserver son influence historique dans les conditions actuelles qui lui auraient permis de mieux concurrencer la Russie.

La panique provoquée par le retrait de la France du Sahel à Paris a incité Macron à compenser en essayant de se tailler une « sphère d’influence » dans le Caucase du Sud centrée sur l’Arménie. À cette fin, son pays s’est joint aux États-Unis pour tenter de débaucher l’Arménie de l’OTSC en exploitant les fausses perceptions du manque de fiabilité de la Russie. Ce récit de guerre de l’information a été promu de manière agressive au sein de la société arménienne par le lobby ultra-nationaliste de la diaspora basé en France (Paris) et aux États-Unis (Californie).

Bien que cela ait été un succès dans le sens où l’Arménie a gelé sa participation à l’OTSC et s’est résolument tournée vers l’Occident, auprès duquel elle cherche maintenant des « garanties de sécurité », il s’agit sans doute d’une victoire à la Pyrrhus pour la France car elle a ruiné les relations avec la Turquie. Étant donné que ce pays exerce une immense influence dans le monde islamique, la politique pro-arménienne de la France peut donc être considérée comme la troisième erreur majeure de politique étrangère de Macron, car elle a affecté négativement la façon dont les musulmans perçoivent la France.

Quant à la quatrième, il s’agissait de sa menace fin février de mener une intervention militaire conventionnelle en Ukraine, qui, a-t-il précisé, pourrait se produire autour de Kiev et/ou d’Odessa dans le cas où la Russie réaliserait une percée sur les lignes de front plus tard cette année. La raison pour laquelle cela peut être considéré comme une erreur majeure de politique étrangère est qu’il a instantanément mis en évidence les profondes divisions au sein de l’OTAN sur ce scénario après que de nombreux dirigeants aient condamné son affirmation imprudente selon laquelle il « ne peut être exclu ».

Il pensait évidemment que présenter la France comme extrêmement belliciste à l’égard de la Russie plairait à l’élite occidentale et à sa société, mais c’est exactement le contraire qui s’est produit après qu’ils aient réagi avec consternation. Loin d’avoir l’air d’un leader, la France ressemblait à un canon lâche qui risquait de déclencher la Troisième Guerre mondiale par erreur de calcul, certains craignant que l’ego infâme de Macron ne devienne finalement un danger pour tous. Ces nouvelles perceptions ont naturellement discrédité la France aux yeux de ses alliés.

Et enfin, la cinquième et dernière erreur majeure de politique étrangère jusqu’à présent a été lorsque Macron a ordonné à ses pilotes en Jordanie d’intercepter certains des missiles que l’Iran a lancés contre Israël en représailles à l’attentat à la bombe contre son consulat à Damas. Ce faisant, il a porté un coup fatal au soft power de la France dans le monde islamique, qu’il s’efforcerait d’améliorer après son intervention diplomatique au Liban fin 2017. En se rangeant ouvertement du côté d’Israël, Macron risque également de provoquer la colère des musulmans français.

Ce groupe démographique est facilement mobilisable et a l’habitude de perturber la société avec les manifestations à grande échelle que les dirigeants de leur communauté ont organisées sous divers prétextes au fil des ans. Il s’agit également d’un bloc électoral important, notamment des citoyens, ce qui pourrait grandement entraver sa capacité à nommer un successeur à l’expiration de son deuxième mandat en 2027. Les musulmans français pourraient voter pour d’autres candidats et donc réduire les chances que le candidat préféré de Macron se qualifie pour le second tour.

La frénésie d’erreurs majeures de Macron en matière de politique étrangère n’est peut-être pas seulement due à lui personnellement, mais pourrait également être au moins partiellement attribuable à des facteurs systémiques. Le Club Valdaï a publié le mois dernier son étude intitulée « Crafting National Interest : How Diplomatic Training Impacts Sovereignty », qui soutient que les réformes mises en œuvre sous son administration risquent de diminuer le rôle des traditions diplomatiques nationales. En termes pratiques, les fonctionnaires nationaux se transforment en fonctionnaires mondiaux, ou fondamentalement en marionnettes américaines.

Après tout, si Macron a le dernier mot en matière de politique étrangère, il est également conseillé par des experts diplomatiques sur la meilleure approche possible pour faire avancer les intérêts français dans une situation donnée. Au lieu de conceptualiser ces intérêts comme des intérêts nationaux, comme ils l’ont fait au début de sa présidence pendant la crise libanaise de 2017 avant ses réformes du début de 2022, l’année où tout a commencé à se détériorer, ils ont commencé à les conceptualiser comme inextricablement liés à ceux de l’Occident collectif. Il s’agissait d’une cession de souveraineté.

L’effet final a été que la France a rejoint avec enthousiasme la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie, a perdu sa « sphère d’influence » au Sahel, a ruiné les relations avec la Turquie (qui étaient déjà affaiblies en raison des controverses antérieures de Macron) en s’alliant avec l’Arménie, a perdu la confiance des alliés de l’OTAN en révélant des détails sur leurs débats secrets sur l’intervention conventionnelle en Ukraine. et s’est discrédité devant tous les musulmans en se rangeant ouvertement du côté d’Israël contre l’Iran après avoir abattu les missiles de ce dernier au-dessus de la Jordanie.

À ce rythme, il n’y a plus aucune chance crédible que la France renoue avec ses traditions de politique étrangère indépendante après les cinq erreurs majeures de politique étrangère commises par Macron au cours des deux dernières années. Il a tellement nui à la réputation de son pays qu’il est impossible de le réparer tant qu’il reste au pouvoir. Pire encore, il est en train de frapper un nid de frelons chez lui en risquant de provoquer davantage de troubles musulmans à cause de ses politiques pro-israéliennes intransigeantes, ce qui est de mauvais augure pour l’avenir de la France dans les années à venir.

Macron continue de discréditer la France en commettant erreur sur erreur sur le front de la politique étrangère (substack.com)

Source : Les 7 du Quebec

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