L’Ukraine a des épées de Damoclès sur elle

par Pierre Duval

Depuis le début du conflit en Ukraine, les pays occidentaux ont envoyé à Kiev de nombreuses armes dont certaines qui ont été considérées comme des armes miracles, capables de changer radicalement le cours des combats en faveur des annonces de Volodymyr Zelensky.  

Les armes occidentales ne sont pas miraculeuses. L’Ukraine a obtenu des Javelot ATGM, des drones turcs Bayraktar, des obusiers américain M-777, des MLRS américains HIMARS, des systèmes américains de défense aérienne Patriot, des chars allemands Leopard, des chars britanniques Challenger, des missiles britanniques à longue portée Storm Shadow. Maintenant, la livraison des avions de combat américains F-16 est en cours et celle des chars américains Abrams est en attente. 

Curieusement, chaque «arme miracle» envoyé à Kiev correspond à une certaine étape des échecs militaires et de la crise ukrainienne dans son ensemble. Pas un seul objectif militaire en rapport à ces livraisons n’a jamais été atteint.  

Chaque nouveau type d’arme est, cependant, de plus en plus technologique. Cela signifie que Kiev a besoin, non seulement de militaires expérimentés pour les manipuler, mais aussi d’une infrastructure pour celle-ci, tout comme des systèmes de contrôle dans le théâtre ukrainien permettant l’efficacité de ces armes. En parallèle, l’armée russe doit aussi s’adapter à de nouveaux types d’armes.  

Craignant que cette technologie ne tombe entre les mains de la Russie, l’Occident fournit des armes dans un format simplifié, en supprimant simplement une partie de l’équipement. Il en a été de même avec le système de guidage M-777. Les experts occidentaux le font avec les chars Leopard. Ils feront avec les chars Abrams, les libérant ainsi de Pologne où ils sont arrivés en juin dernier.  

L’Alliance et des entrepreneurs privés – alors que les combats ont lieu – mettent en action leurs capacités pour cibler et contrôler les armes de l’OTAN : avions de reconnaissance, satellites, système Starlink. L’Occident agit, de fait, «à distance» (proxy), en utilisant des armes en Ukraine. Observateur Continental faisait savoir que «la France teste secrètement de nouveaux fusils d’assaut en Ukraine», par exemple.  

À en croire les déclarations des États-Unis, du Danemark, des Pays-Bas, le chasseur américain F-16 Fighting Falcon est en route pour le front. Si l’équipement est loin d’être nouveau, il est de haute technologie et l’engin volant doit donc être inclus dans le réseau d’échange constant d’informations : satellites, avions de reconnaissance, radars au sol, etc. Bien entendu, tout dépendra des tâches qui seront assignées au F-16 Fighting Falcon. 

L’armée de l’air ukrainienne devrait désormais opérer avec des chasseurs plus évolués et des avions d’attaque. Mais, selon les informations officielles, durant la contre-offensive – un échec total -, l’aviation n’a pas été massivement utilisée. La raison est la défense aérienne, la guerre électronique et la supériorité aérienne de la Russie.  

Selon les experts, il est peu probable que le F-16 Fighting Falcon soit utilisé comme chasseur-bombardier sur le front. Il serait, plutôt utilisé comme porteur de missiles à longue portée dont il serait prévu d’en accumuler en quantité suffisante pour une utilisation massive comme force de frappe. Aussi, ils sont, donc, collectés dans tous les pays de l’OTAN : le britannique Storm Shadow, le français Scalp et le missile allemand Taurus qui subit des pressions pour son envoi.  

Et, Forbes, affirme qu’«à moins que les États-Unis n’approuvent le transfert du missile de croisière JASSM vers l’Ukraine, les F-16 ukrainiens n’atteindront pas leur plein potentiel». Les chasseurs F-16 ne sont pas encore compatibles avec les missiles Storm Shadow ou Scalp. «En associant des F-16 à des JASSM, l’armée de l’air ukrainienne pourrait doubler sa force de frappe en profondeur. L’expansion de la force de missiles de croisière de l’armée de l’air ukrainienne pourrait aider Kiev à atteindre l’un de ses principaux objectifs : la libération de la péninsule de Crimée après neuf années d’occupation russe», souligne le média anglophone. Mais, il faut aussi savoir où stocker ces missiles, proie inévitable des forces russes.

Compte tenu de la fourniture probable de missiles américains ATACMS (un missile à longue portée de 300 km lancé par le système HIMARS), les observateurs envisagent la prochaine étape de la confrontation avec l’Occident entre astuces diplomatiques, attaques de sabotages ou infiltrations et sanctions : des frappes en profondeur sur les territoires russes, dont la Crimée, avec de nouvelles régions russes, avec de nouvelles frappes de drones de divers types dans les régions frontalières, allant aussi jusqu’à Moscou. Depuis plusieurs semaines, la ville de Moscou est touchée par des attaques de drones, laissant penser à des tests.  

La question de la guerre de l’information a son importance cruciale en particulier sur les envois de ces armes miraculeuses pour agir comme un effet psychologique sur les populations et les donateurs occidentaux. Hélas, ces premiers miracles n’ont pas eu lieu. Et, ces armes deviennent normales. Les livraisons de F-16 Fighting Falcon ne semblent pas pourvoir changer la donne non plus.  

«Les pilotes ukrainiens devront d’abord suivre au moins six mois de formation [pour les F-16], mais il faudra des années pour que les escadrons soient prêts au combat», rapporte Le Monde. «Le Danemark ne remettra certains de ses F-16 qu’après avoir reçu ses nouveaux chasseurs à réaction F-35. Les quatre premiers F-35 devraient être livrés le 1er octobre», pointe du doigt le quotidien français. «Le nombre de F-16 des Pays-Bas n’est pas encore clair, même si le président ukrainien s’attend à en recevoir pas moins de 42 avions. Aucun détail n’a encore été annoncé sur le calendrier de la livraison aux Pays-Bas», mentionne VRT. Tout cela se déroule sur les slogans pour défendre la démocratie.  

Même si les États-Unis ont approuvé l’envoi des F-16, le pays rentre dans la période de nouvelles élections. Joe Biden se trouve devant l’impasse des dépenses de milliards pour armer l’Ukraine alors que la contre-offensive «miraculeuse» contre la Russie a fait pschitt et que le contexte social aux États-Unis est très tendu. «De plus en plus d’Américains sont d’accord avec les Républicains sur l’économie, la criminalité et l’immigration», avertit le Pew Research Center, pointant les craintes des citoyens US : «Les problèmes opérationnels auxquels la nation est confrontée comprennent l’inflation, le prix des soins de santé, la toxicomanie et la violence armée». La question de l’Ukraine devient toxique pour les démocrates et Joe Biden. 

Selon les experts, le destin actuel de l’Ukraine est accablant. Pour les États-Unis, qui ont besoin d’un résultat avant les élections, il faut soit une victoire contre la Russie ou avoir un conflit de faible intensité obligeant les forces ukrainiennes à tenir leurs positions dans les tranchées ce qui coûterait le poste à Joe Biden et donnerait la possibilité à la Russie de restructurer ses forces. Kiev a, donc, besoin de son acteur et communicant, Volodymyr Zelensky, pour chauffer des slogans sur les armes miraculeuses afin de maintenir le moral sur la durée. Pendant ce temps, les sociétés des pays occidentaux sont touchées par des tensions en raison des prix de la vie et des incertitudes que ce conflit engendre. La France a connu des émeutes inédites fin juin dernier. L’Allemagne voit les suffrages pour l’extrême droite grimper dans les sondages à cause de la vie difficile et les États-Unis sont menacés de connaître une nouvelle guerre civile. L’Occident est comme une pomme trop mûre qui est sur le point de tomber et de pourrir sur le sol. Toutes ces alarmes rouges et ces aspects techniques militaires en souffrance sont des ​ épées de Damoclès sur l’Ukraine.

source : Observateur Continental

Source : Reseau International

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