L’indépendance sanitaire des Français entre les mails du Pr Delfraissy et Anthony Fauci

Quand Delfraissy « résiste » à soigner les Français… Une guerre d’ego ? AFP / FS

Auteur(s): FranceSoir A+A

Un document de plus de 3000 pages d’échanges de mails déclassifiés a fuité. Un point commun entre tous, le Dr Anthony Fauci, immunologue américain, mais surtout conseiller principal de Donald Trump puis de Joe Biden, au sujet de la crise du covid-19.

Voir ici : la totalité des échangesclosevolume_off

De l’origine du virus à l’utilisation des masques en passant par beaucoup d’autres sujets, ces échanges de mails retracent les non-dits de la sphère décisionnaire, les plus hauts protagonistes de la gestion de crise sanitaire. Pour ne mentionner qu’un exemple, à la page 1841, on trouve notamment une discussion entre le Dr Fauci et le Pr Delfraissy, président du Conseil scientifique indépendant français.

Mail du Pr Delfraissy au Dr Fauci, le 25 mars 2020 à 10h35 (voir page 1841 – traduit par FS) :

Bonjour,

Je suis à nouveau en service depuis que la crise sanitaire mondiale COVID-19 a frappé la France, il y a quelques semaines. Je dirige maintenant le Conseil scientifique du COVID-19, composé de 10 personnes, au service du Président français, Emmanuel Macron. Le Conseil a été créé le 10 mars et nous avons été fortement impliqués dans des activités de conseil en relation avec le Président, notamment sur sa décision de mettre en place le confinement généralisé, parce que nous n’avions pas de meilleur choix.

Tout d’abord, nous disposons d’un nombre limité de tests, ce qui nous empêche de mettre en place une stratégie de type coréen dans les prochains jours. Cependant, à la fin du confinement (dans les six semaines à venir), nous serons en mesure de généraliser l’utilisation des tests et de développer des applications de type coréen, ainsi qu’une stratégie de test et de traitement, si nous disposons de médicaments à ce moment-là. Avant cela, nous allons passer par une phase difficile dans les semaines qui suivent, car nous n’aurons pas assez de lits dans nos unités de soins dans certaines régions de France…

Deuxièmement, sur le plan thérapeutique, Yazdan Yazdanpanah a pris ma place et dirige désormais REACTing. Demain matin va débuter un essai médical franco-européen, sous le contrôle de l’OMS, avec 5 objets d’étude (placebo/kalatra/kalatra+interféron bêta/produit de Gilead/hydroxychloroquine seule ou en combinaison pour la semaine prochaine). Comme vous le savez peut-être, nous faisons actuellement face à un buzz médiatique depuis l’annonce faite par le Dr Raoult sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine. Ses données ne sont pas particulièrement convaincantes. Nous pouvons distinguer un léger signal positif mais il doit être confirmé par un essai randomisé de bonne facture. Nous avons également commencé une étude sur le modèle de cellules de singes avec l’hydroxychloroquine, et nous devrions avoir les résultats à la fin de la semaine prochaine. Une cohorte de patients COVID+ sévères a également été créée et certains seront traités par hydroxychloroquine : nous analyserons ces résultats avec toute la conscience nécessaire. Il sera également possible de faire un essai de prévention pour les professionnels de la santé et les personnes âgées avec l’hydroxychloroquine.

J’ai une énorme pression politique pour libérer l’accès à l’hydroxychloroquine pour tout le monde, mais je résiste actuellement.

Quelle est la situation aux États-Unis, surtout après l’annonce de Trump ? Quelle est la position des NIH ? Qu’est-ce qui va être mis en place ? Merci pour votre réponse. J’ai mis Yazdan Yazdanpanah en copie de cet email. Cordialement.

Ici, le président du Conseil scientifique rapporte donc qu’il est « sous pression » pour rendre accessible l’hydroxychloroquine, mais qu’il « résiste ». Pourtant, il y a un « léger signal positif » et aucune mention d’éffets négatifs. Qu’est-ce que cela signifie ? L’indépendance sanitaire des Français reposerait-elle sur des échanges de mails avec le principal conseiller américain ?

La réponse de l’intéressé, le même jour à 15h01 (voir page 1840 – traduit par FS) :

Merci pour votre note. Je ne vois pas de copie de Yazdan sur votre e-mail, et je vous prie donc de lui transmettre celui-ci. La position du NIH est que nous devrions de préférence mettre les médicaments à disposition dans le cadre d’essais cliniques randomisés et contrôlés et ne pas les distribuer librement. Il y a une forte pression aux États-Unis, favorisée par le Président, pour rendre certains de ces médicaments plus largement disponibles, en dehors d’un essai clinique randomisé en utilisant des mécanismes tels que « l’usage compassionnel« . Aux États-Unis, comme vous le savez, le HC (plaquenil) est un médicament approuvé pour le paludisme ainsi que pour certaines maladies auto-immunes comme le LED. Ainsi, les médecins peuvent prescrire le médicament dans le cadre d’une utilisation « hors indication ». Ce sera probablement la principale modalité de distribution de ce médicament aux États-Unis, du moins dans un avenir prévisible.

Je mets Cliff Lane en copie de ce courriel. Veuillez l’inclure dans toute correspondance ultérieure sur ce sujet. Cordialement, Tony

Donc aux États-Unis, l’usage compassionnel est autorisé, mais pas en France. Pourquoi le Pr Delfraissy n’a-t-il pas conseillé l’hydroxychloroquine de la même façon ? En pleine épidémie, il semblerait qu’un traitement rapide de la maladie est à favoriser.

Voir aussi : L’essai randomisé, la nouvelle arme médiatique de Big Pharma.

Copie écran de l’email source :

Auteur(s): FranceSoir A+A

Un document de plus de 3000 pages d’échanges de mails déclassifiés a fuité. Un point commun entre tous, le Dr Anthony Fauci, immunologue américain, mais surtout conseiller principal de Donald Trump puis de Joe Biden, au sujet de la crise du covid-19.

Voir ici : la totalité des échangesclosevolume_off

De l’origine du virus à l’utilisation des masques en passant par beaucoup d’autres sujets, ces échanges de mails retracent les non-dits de la sphère décisionnaire, les plus hauts protagonistes de la gestion de crise sanitaire. Pour ne mentionner qu’un exemple, à la page 1841, on trouve notamment une discussion entre le Dr Fauci et le Pr Delfraissy, président du Conseil scientifique indépendant français.

Mail du Pr Delfraissy au Dr Fauci, le 25 mars 2020 à 10h35 (voir page 1841 – traduit par FS) :

Bonjour,

Je suis à nouveau en service depuis que la crise sanitaire mondiale COVID-19 a frappé la France, il y a quelques semaines. Je dirige maintenant le Conseil scientifique du COVID-19, composé de 10 personnes, au service du Président français, Emmanuel Macron. Le Conseil a été créé le 10 mars et nous avons été fortement impliqués dans des activités de conseil en relation avec le Président, notamment sur sa décision de mettre en place le confinement généralisé, parce que nous n’avions pas de meilleur choix.

Tout d’abord, nous disposons d’un nombre limité de tests, ce qui nous empêche de mettre en place une stratégie de type coréen dans les prochains jours. Cependant, à la fin du confinement (dans les six semaines à venir), nous serons en mesure de généraliser l’utilisation des tests et de développer des applications de type coréen, ainsi qu’une stratégie de test et de traitement, si nous disposons de médicaments à ce moment-là. Avant cela, nous allons passer par une phase difficile dans les semaines qui suivent, car nous n’aurons pas assez de lits dans nos unités de soins dans certaines régions de France…

Deuxièmement, sur le plan thérapeutique, Yazdan Yazdanpanah a pris ma place et dirige désormais REACTing. Demain matin va débuter un essai médical franco-européen, sous le contrôle de l’OMS, avec 5 objets d’étude (placebo/kalatra/kalatra+interféron bêta/produit de Gilead/hydroxychloroquine seule ou en combinaison pour la semaine prochaine). Comme vous le savez peut-être, nous faisons actuellement face à un buzz médiatique depuis l’annonce faite par le Dr Raoult sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine. Ses données ne sont pas particulièrement convaincantes. Nous pouvons distinguer un léger signal positif mais il doit être confirmé par un essai randomisé de bonne facture. Nous avons également commencé une étude sur le modèle de cellules de singes avec l’hydroxychloroquine, et nous devrions avoir les résultats à la fin de la semaine prochaine. Une cohorte de patients COVID+ sévères a également été créée et certains seront traités par hydroxychloroquine : nous analyserons ces résultats avec toute la conscience nécessaire. Il sera également possible de faire un essai de prévention pour les professionnels de la santé et les personnes âgées avec l’hydroxychloroquine.

J’ai une énorme pression politique pour libérer l’accès à l’hydroxychloroquine pour tout le monde, mais je résiste actuellement.

Quelle est la situation aux États-Unis, surtout après l’annonce de Trump ? Quelle est la position des NIH ? Qu’est-ce qui va être mis en place ? Merci pour votre réponse. J’ai mis Yazdan Yazdanpanah en copie de cet email. Cordialement.

Ici, le président du Conseil scientifique rapporte donc qu’il est « sous pression » pour rendre accessible l’hydroxychloroquine, mais qu’il « résiste ». Pourtant, il y a un « léger signal positif » et aucune mention d’éffets négatifs. Qu’est-ce que cela signifie ? L’indépendance sanitaire des Français reposerait-elle sur des échanges de mails avec le principal conseiller américain ?

La réponse de l’intéressé, le même jour à 15h01 (voir page 1840 – traduit par FS) :

Merci pour votre note. Je ne vois pas de copie de Yazdan sur votre e-mail, et je vous prie donc de lui transmettre celui-ci. La position du NIH est que nous devrions de préférence mettre les médicaments à disposition dans le cadre d’essais cliniques randomisés et contrôlés et ne pas les distribuer librement. Il y a une forte pression aux États-Unis, favorisée par le Président, pour rendre certains de ces médicaments plus largement disponibles, en dehors d’un essai clinique randomisé en utilisant des mécanismes tels que « l’usage compassionnel« . Aux États-Unis, comme vous le savez, le HC (plaquenil) est un médicament approuvé pour le paludisme ainsi que pour certaines maladies auto-immunes comme le LED. Ainsi, les médecins peuvent prescrire le médicament dans le cadre d’une utilisation « hors indication ». Ce sera probablement la principale modalité de distribution de ce médicament aux États-Unis, du moins dans un avenir prévisible.

Je mets Cliff Lane en copie de ce courriel. Veuillez l’inclure dans toute correspondance ultérieure sur ce sujet. Cordialement, Tony

Donc aux États-Unis, l’usage compassionnel est autorisé, mais pas en France. Pourquoi le Pr Delfraissy n’a-t-il pas conseillé l’hydroxychloroquine de la même façon ? En pleine épidémie, il semblerait qu’un traitement rapide de la maladie est à favoriser.

Voir aussi : L’essai randomisé, la nouvelle arme médiatique de Big Pharma.

Copie écran de l’email source :

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