Le temps passe et les « Flics » trépassent !

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Devant la vague de suicides qui endeuille tous les jours l’ensemble de nos Forces de l’Ordre, Maurice Omond, webmaster de la page « Citoyen Solidaire« , nous a adressé ce très beau texte que nous avons voulu partager avec vous.

N’hésitez pas à commenter et à apporter votre soutien à tous nos camarades et collègues ainsi qu’aux familles des victimes de cette hécatombe.

 

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30 octobre 2018…

31 octobre 2018…

1er novembre 2018…
3 jours et 3 suicides !!!

 

Mais que se passe-t-il dans la tête de nos gendarmes et policiers ?
La sempiternelle réponse tombe, comme à chaque fois : « pour des raisons personnelles ou familiales »

 

Mais arrêtez de nous rebattre les oreilles avec ces phrases toutes faites !!!
Les raisons sont bien plus profondes que ça.

Ces hommes et ces femmes sortent des écoles de police et de gendarmerie pleins d’espoir et de rêves de protéger leurs concitoyens et de remettre dans les rangs ceux qui s’en égarent.
Ils se retrouvent brutalement, à la sortie de l’école, équipés maintenant comme des « Robocop » avec des gpb, armes, caméras (enfin, pour les plus chanceux) et on les envoie au casse-pipe dans des cités tenues par des racailles multirécidivistes, trafiquants de drogue, cigarettes de contrefaçon et j’en passe.
On leur demande de contrôler ces individus qui ne connaissent que la haine du flic, (he oui, la peur du gendarme, c’est seulement pour des gens comme moi qui ne font qu’une petite infraction au code de la route tous les 10 ans et qui ont peur de se faire prendre).
Alors, ces contrôles qu’on leur reproche de faire au faciès finissent par dégénérer en bataille rangée où, en finale, force reste à la loi. On emmène les mis en cause en garde à vue pour violence envers les représentant de la loi, dépositaire de l’autorité publique.
Ensuite, que se passe-t-il ? l’imprimante n’est pas encore refroidie que la garde à vue est levée, le multirécidiviste retourne tranquillement dans sa cité, continuer son trafic illégal. Parfois même en envoyant des messages à ses copains pour leur dire : « c’est bon, les Schmits je les ai niqués, je suis déjà ressorti ». Ajoutez là-dessus les supérieurs hiérarchiques qui veulent des résultats pour leur avancement personnel et la pression commence à monter.

 

Mais le bon flic reste persuadé qu’il fait bien son boulot, malgré les aléas de la vie.
Ajoutez, dans l’équation, les juges qui préfèrent préserver la sacro-sainte paix sociale dans les cités (ben oui, il ne faudrait pas que ça s’enflamme partout) alors en cas de dérapage, une tarte dans la tronche d’un malpoli qui insulte la femme d’un officier de gendarmerie, le bouffon qui prend une taloche de la part d’un chauffeur de bus qui se fait insulter etc etc… Dans ces cas-là, on devient la bête immonde à abattre. Le flic qui a dérapé, le violent en bande organisée. Alors devinez qui va passer devant les juges ? pas le malpoli, pas le bouffon. Non, c’est le brave flic de base, celui qui a dérapé, celui qui a frappé un « honnête citoyen ».
Il se retrouve, ce brave flic, envoyé devant un tribunal pour coups et blessures volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique. Il n’a aucune chance de s’en sortir indemne. Les magistrats ont déjà choisi la paix sociale.

 

Et la pression continue de monter…

 

Alors, on y retourne dans la rue, on n’est pas assez nombreux, mais en cas de besoin, on sait qu’on peut compter sur les collègues qui viendront en renfort en cas de pépin.
Que voulez-vous braves gens, la population augmente, et on voit de moins en moins de flics dans les rues. Oui, c’est vrai, tout le monde vous le dira, les flics sont payés par nos impôts et nous sommes en déficit chronique depuis tellement longtemps, qu’on ne se souvient plus de la dernière fois ou on ne l’était pas. Donc, pas d’argent, pas de nouveaux flics, les caisses sont vides. (Tellement vides que même les réservistes de la gendarmerie nationale vont devoir attendre l’année prochaine pour toucher leur solde. )

 

Alors on retourne dans la rue, la peur au ventre, et la pression continue à monter…

 

Un jour, c’est la catastrophe, les délinquants ne veulent même plus s’arrêter lorsque les flics leur en intime l’ordre (bah ouais, mec, tu m’connais, tu m’a d’ja contrôlé hier, j’ai du taf, j’vais pas m’arrêter) et l’irréparable va se commettre. Les racailles vont foncer délibérément sur les forces de l’ordre pour passer, coute que coute. Le flic, sentant sa vie en danger, sort son arme, fait les sommations d’usage, (relis son code de procédure pénale sur l’emploi de l’arme de service selon les circonstances, suis-je en danger immédiat, ai-je à ma disposition un autre moyen d’immobiliser un véhicule d’une tonne à 60 km/h) ?  Il tire…
Hop, direct en garde à vue. Non non, pas le délinquant multirécidiviste qui a voulu tuer du flic, non, le flic qui a voulu sauver sa vie et que l’on considère comme un délinquant.  Qui sera mis en examen pour coups et blessures volontaires etc etc. C’est parti pour des années de procès avec les familles des racailles qui n’ont de cesse de faire innocenter leur rejeton en  accusant le brave flic. Expertises après expertises, procès, appel, cassation, cedh, pour qu’enfin, ce soit le flic qui écope de la peine.

 

Et on retourne dans la rue, et on rumine, et on rentre à la maison, on n’est pas à prendre avec des pincettes, on envoie tout balader pour une broutille. Le doute s’installe,  on s’embrouille avec sa compagne etc..
On repart dans la rue, on n’y croit plus, mais il faut faire bouillir la marmite, payer les portables des gosses, les études, les vacances etc.  Ce qui était une vocation devient juste un boulot casse-croute.

 

Un jour, la réflexion de trop, la brimade qui ne passe plus, l’impression qu’on ne sert plus à rien ni à personne et l’arme administrative se retrouve dans la main. Tout s’arrête, plus de haine, plus de souffrance, plus rien, le vide, le néant.

 

Le lendemain, les hommages pleuvent, « c’était un mec bien, on pouvait toujours compter sur lui ! »
On est éploré, on n’avait rien vu venir.
La dernière sanction tombe, pour bien oublier celui qui a failli, qui a été faible.
« Il a retourné son arme contre lui pour des raisons personnelles ou familiales sans rapport avec le service. »

Fin de l’histoire !!!

 

Au dernier jour du mois d’octobre 2018, 75 membres de nos forces de l’ordre et assimilés se sont ainsi donné la mort, dans l’indifférence générale de leur hiérarchie respective.
Alors, bien sûr, on va faire des réunions pour prendre les choses en mains, il faut que ça cesse, ça fait jaser tous ces flics qui se suicident.
Et le temps passe…
Les ministres de l’intérieur passent…
Les commissions parlementaires passent…
Et les flics trépassent.

 

Maurice Omond

webmaster de la page « Citoyen Solidaire »

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