Le Fake de Vinnitsa ou pourquoi travestir médiatiquement des militaires ukrainiens en civils ?

par Karine Bechet-Golovko.

Le 14 juillet au matin, l’armée russe a tiré sur Vinnitsa, une ville d’Ukraine centrale, située à 200 km au sud-ouest de Kiev. Alors qu’elle a détruit la Maison des Officiers, un centre d’hébergement temporaire et de formation d’officiers ukrainiens, les médias occidentaux, reprenant uniquement la version ukrainienne, déshabillent ces militaires pour en faire des civils. Autrement dit, comment les pouvoirs publics ukrainiens annonceront aux familles de cette vingtaine d’officiers ukrainiens décédés leur mort ? Quel respect pour ses propres hommes … En revanche, les tirs de l’artillerie américano-ukrainienne quotidiens sur des cibles civiles dans les territoires repris et dans le Donbass, notamment hier sur la station de transport dans le centre de Donetsk, qui ont fait deux morts et 6 blessés, personne n’en parle. Eux ce sont des civils, mais ils ne sont pas du « bon » côté.

Toute guerre, comme celle qui se déroule en Ukraine, quelle que soit l’appellation que l’on veuille formellement lui donner, entraîne le risque de décès des militaires, qui se battent pour leur pays. La mort d’un homme, en soi, est toujours une tragédie, mais comme l’on a pu l’entendre dans le film soviétique « Officiers » : « Il existe cette profession, défendre la Patrie ». En retour de quoi, nos militaires sont en droit d’attendre toute notre considération et tout notre soutien, puisqu’ils risquent leur vie pour préserver celle des civils.

Ce qui est anormal, est la mort volontaire, recherchée, de civils lors des conflits armés. Malheureusement, les civils sont toujours les victimes des conflits, directement ou indirectement, mais les armées ne doivent pas lutter contre eux, elles doivent se battre entre elles. Théoriquement.

Afin de provoquer le rejet de la Russie dans l’opinion publique internationale, tout tir de l’armée russe sur le territoire ukrainien est présenté comme un tir contre des cibles civiles, ce qui doit être choquant et juridiquement constituer un crime de guerre. Sans aucune surprise, c’est également le cas à Vinnitsa.

Immédiatement, les médias occidentaux ont repris la ligne ukrainienne : 20 morts, 90 blessés et une dizaine de disparus. Sous la bannière du Bien (l’OTAN) contre la Mal (la Russie), la bonne conscience otanesque mobilise ses petits soldats médiatiques et la représentation se met en place, rapidement – il est vrai, que les mécanismes sont bien huilés.

Personne ne se demande pourquoi les Ukrainiens placent tous leurs sites militaires au milieu des civils … Avec cette fréquence, ce n’est plus une erreur, mais une stratégie.

Ainsi, peut-on lire dans le NYT :

« Une volée de missiles de croisière russes a frappé jeudi un centre commercial, un studio de danse et une salle de mariage dans le centre de l’Ukraine, tuant au moins 23 personnes et déclenchant une recherche effrénée de dizaines d’autres perdus dans les décombres, lors d’une dernière frappe pour frapper une zone civile loin des lignes de front ».

Quelle honte, quelle horreur ! C’est en tout cas, la réaction recherchée, car nous sommes bien dans la manipulation de l’opinion publique et dans la création de cette opinion par le conditionnement émotif. Pour les besoins de la cause, les militaires ont été rhabillés en civils, leurs familles apprécieront … Manifestement, leur mort est utile pour la guerre de communication, même s’il n’est pas certain que ce soit le combat qu’ils partaient mener …

Comme le précise le ministère russe de la Défense, la Maison des officiers, bâtiment servant de point d’accueil temporaire et de formation des officiers de l’armée ukrainienne, a été détruite à Vinnitsa, dans le centre de la ville et a fait une vingtaine de morts … militaires. Photos à l’appui, où l’on voit des hommes en uniformes et la localisation exacte des tirs :

Le représentant de la Russie à l’ONU s’est également prononcé :

« La Russie ne frappe que des cibles militaires en Ukraine. L’attaque contre Vinnitsa a touché la Maison des officiers, que les forces armées ukrainiennes utilisaient pour s’entraîner », a déclaré Varganov. « Dans le même temps, le représentant de l’Ukraine a omis de mentionner la frappe il y a deux jours sur Novaya Kakhovka, également située sur le territoire de l’Ukraine, où leurs propres civils ont été tués. »

En effet, les médias occidentaux ne parlent pas des tirs constants, répétés et volontaires de l’armée ukrainienne, utilisant les armes de l’OTAN, sur des cibles civiles dans le Donbass et dans les territoires repris. Personne ne parle de cette armée qui se bat contre le peuple qu’elle doit normalement « libérer » de la Russie, si l’on en croit la rhétorique ukrainienne et otanesque officielle. Étrange manière de vouloir reconquérir les territoires en tirant sur ses populations …

Quelques exemples ces derniers jours.

« Selon des informations actualisées, le bombardement de la ville de Stakhanov par l’armée ukrainienne a été effectué à l’aide du MLRS américain M142 HIMARS (au total, 6 missiles ont été tirés par l’ennemi). À la suite du bombardement, deux personnes ont été tuées et deux civils ont été blessés. Les vitres de 11 immeubles résidentiels, le jardin d’enfants de Skazka et l’école spécialisée n° 10 de Stakhanovskaya ont été endommagés. »

Hier, une station de transport a été touchée dans le centre de Donetsk, 2 morts et 6 blessés. Aucun mot dans les médias occidentaux. Que des civils. En image :

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D’une manière générale, selon les données officielles locales, l’on compte au 15 juillet 2022 :

« Pendant les 149 jours de l’escalade, 249 civils ont été tués, dont 16 enfants.

Des données complètes sur les civils morts dans le territoire libéré pendant l’opération spéciale militaire (OSM) sont en cours d’établissement.

Sur le territoire à l’intérieur des frontières, avant le début de l’OSM, 1178 civils ont été blessés de gravité variable, dont 91 enfants.

Dans le territoire libéré lors de l’OSM, 1 493 civils ont été blessés, dont 83 enfants.

Total : 2670 civils, dont 174 enfants.

Dégâts matériels :

• 5495 immeubles résidentiels ;

• 1224 infrastructures civiles, dont 72 établissements médicaux, 238 établissements d’enseignement, 449 établissements sociaux, 32 infrastructures critiques, 433 installations d’approvisionnement en électricité, eau et gaz. Les districts de Kuibyshevsky, Petrovsky, Kirovsky et Voroshilovsky de Donetsk, Makeevka et Gorlovka sont sous les tirs de l’armée ukrainienne.

• 668 véhicules. »

Mais de tout cela, nous n’entendrons pas parler dans les médias occidentaux. Ces médias, qui début juin tentaient même d’accuser la Russie de bombarder elle-même Donetsk, avant de discrètement légèrement modifier leur texte (voir notre article ici).

Je me demande ce que doivent ressentir les militaires ukrainiens, les militaires de carrière, pas les nouvelles recrues fanatisées. Ce sont des professionnels. Ils sont envoyés pour, soi-disant, défendre la Patrie contre « l’envahisseur » russe. Et ils ont pour ordre de tirer sur des cibles civiles, de détruire les infrastructures civiles. Quand ils périssent, ils sont transformés en « civils » pour les besoins de la comm. Quand, abandonnés par leur hiérarchie, ils se rendent, ils sont considérés comme des traîtres.

Que doivent ressentir ces hommes ? Comment est-il possible de déconsidérer à ce point ses propres hommes ?

Mais il est vrai que les décisions ne se prennent pas à Kiev et que les donneurs d’ordres se moquent totalement de l’Ukraine et des Ukrainiens. Ce qui compte, c’est d’écraser la Russie. Si les États-Unis sont prêts à sacrifier les pays européens, comme on le voit, quelle importance peut avoir l’Ukraine à leurs yeux ?

PS : L’ambassade américaine à Kiev a demandé à tous les citoyens américains de quitter d’urgence le territoire de l’Ukraine.

Karine Bechet-Golovko

source : Russie Politics

Source : Reseau Internationaal

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