Le destin romanesque d’un ancien gendarme devenu photographe

Remise de médaille d’étain

L'ancien photographe de l'escadron mobile de la garde républicaine Jean-Jacques Delambre a été décoré hier à Paris d'une médaille  d'Etat pour ses travaux photographiques. Il vit désormais à Rodez avec ses trois enfants./Photo DDM.
L’ancien photographe de l’escadron mobile de la garde républicaine Jean-Jacques Delambre a été décoré hier à Paris d’une médaille d’Etat pour ses travaux photographiques. Il vit désormais à Rodez avec ses trois enfants./Photo DDM.

L’ancien photographe et escadron mobile de la garde républicaine Jean-Jacques Delambre a été récompensé hier par la Société Académique Arts-Sciences-Lettres présidée par le président de la République.

À l’âge de 56 ans, c’est comme si Jean-Jacques Delambre avait déjà plusieurs vies derrière lui, avec à son actif une longue carrière de photographe au sein de l’escadron mobile de la garde républicaine. Les cheveux poivre et sel, bien coiffé, l’air sûr de lui, le photographe a plus d’une corde à son Hier, le ruthénois a été décoré à Paris d’une médaille d’étainpour son travail photographique et son projet d’écriture par la société académique Arts-Sciences-Lettres. L’association fondée en 1915 par René Flament met à l’honneur le travail de mémoire du photographe. Elle récompense aussi quelques-uns de ses clichés animaliers et son travail sur le nu. Cette décoration, Jean-Jacques la voit comme «un encouragement» après sept ans de photographie au sein de la garde républicaine. «Peut-être que sans cette reconnaissance, j’aurais complètement abandonné l’image, c’est comme une piqûre de rappel». Sur la table, ses clichés dévoilent déjà l’itinéraire romanesque qui sera le sien. Des photos d’Adriana Karembeu tenant la coupe du Monde de 1998 aux visites officielles de l’ancien roi du Maroc Hassan II, au pape défunt Jean-Paul II, il garde en tête des images historiques, qu’il a immortalisé une par une. «Il n’y a que l’instant présent qui compte» sourit Jean-Jacques en évoquant celles qui l’ont le plus marqué : la flamme olympique, la visite de l’empereur du Japon, l’arrivée sur les Champs Elysées du Tour de France. «Une carrière dans l’image même si elle est institutionnelle peut amener à des situations uniques». Mais pourtant, rien ne le laissait présager un tel parcours. À l’âge de 17 ans, il s’intéresse à la coiffure et fait ses premiers pas dans le milieu aux côtés de Jacques Dutour, trésorier de la coiffure mondiale.

De gendarme à photographe de la garde républicaine

Quelques années plus tard, un voisin décide de l’inscrire à un concours de gendarmerie sans le lui demander. Il passe alors les tests et intègre en 1983 l’école de gendarmerie de Châtellerault. Alors qu’il effectue un stage de formation motocycliste à Fontainebleau, il fera ses premiers pas à l’Elysée pour une mission d’estafette chargé des plis présidentiels.

C’est à ce moment-là qu’il découvre l’existence d’un service photo à l’Elysée. Il dépose sa candidature, mais elle restera veine. Pendant ses années de gendarme motocycliste, il montrait déjà un grand intérêt pour la photographie.

Le photographe officiel de l’ancien président François Mitterrand, Henri Szott l’avait bien compris. En 1992, ce dernier lui demande de l’accompagner avec son objectif sur le rallye Paris-Moscou-Tokyo. Un pari fou de 18 000 km. Direction Vladivostock en compagnie des chauffeurs des douze chefs d’État de la CEE (L’Union Européenne de l’époque). À ce moment-là, l’ancien gendarme motocycliste était loin d’imaginer qu’il entamait une longue carrière de photographe. «J’étais simple gendarme et j’ai vécu une expérience extraordinaire» sourit-il. Ses yeux en brillent encore. À son retour, Pierre Tourlier, chauffeur privé de François Mitterrand lui demande de réaliser un album photo pour le président. Très vite, il bascule au service de presse de l’armée (la SIPA) où il multipliera les visites officielles, suivant de près les déplacements des présidents de 1994 à 2001. Au cours d’un défilé du 14 juillet, il se permet même d’adresser quelques mots à Jacques Chirac : «L’un de vos gardes officiels est sur le point de terminer sa carrière au bout de trente ans de service». Le président fait demi-tour pour féliciter son collègue motocycliste : «Alors c’est vous qui nous quittez ?». Un souvenir qu’il a capturé avec beaucoup de plaisir. En 2001, il déménage à Rochefort en Charente Maritime où il devient chef du service du centre de réalisation audiovisuel dans une école de commandement de sous-officiers. Il crée ensuite un centre de production pédagogique audiovisuel où il réalise une quarantaine de films institutionnels pour la gendarmerie. Depuis 2013, il vit à Rodez avec ses trois enfants et encadre un groupe de photographe au sein de l’association phot’Aubrac. Il s’est aussi inscrit dans une école de réflexologie. Encore une fois, une nouvelle direction vient s’ajouter aux pages de sa vie d’artiste et de globe-trotter.

Source : La Dépêche

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