Jusqu’à quand ? Soutien à un gardien de la paix

Mes chers amis,

Je me permets de vous faire connaître, avec son autorisation, le message très touchant qui m’a été adressé par un gardien de la paix qui ne parvient pas à voir sa demande de démission agréée par l’administration.

Il est très symptomatique des difficultés et souffrances vécues par nos camarades, dans l’exercice de leurs fonctions, dans leurs commissariats d’emploi respectifs, au service des victimes et des citoyens de notre pays et je tiens à vous le faire connaître.

Force et Honneur

Capitaine (ER) Hervé Moreau

« Bonjour mon Capitaine et mes Respects à vous,

Je me permets de vous écrire à titre privé, en dehors de votre page Facebook, pour ne pas m’exposer dans ma vie personnelle et surtout dans ma vie professionnelle.

Je tenais à vous remercier pour l’hommage que vous avez rendu à Thomas, notre camarade policier, ayant décidé très récemment, hélas, d’en finir avec l’existence. Je suis moi-même Gardien de la Paix depuis plus de 25 ans. Depuis plusieurs mois, j’ai adressé ma demande de démission à ma hiérarchie et celle-ci n’est toujours pas acceptée, à mon grand désespoir.

Pourquoi démissionner ?

Ce choix, cette décision ont été très cruels et difficiles à prendre après avoir si longtemps et si loyalement servi notre pays et nos concitoyens au sein de la police nationale. Veuillez croire et être certain que durant toutes ces années, je n’ai compté ni les heures, ni les sacrifices.

Je ne l’ai jamais regretté, j’ai été passionné par mon emploi au service des autres et si c’était à refaire, alors je le referais de la même manière.

Mais je dois l’avouer, passionné je l’étais et je ne le suis plus désormais !

Il ne se passe pas un jour sans que l’actualité nous stigmatise de manière totalement injuste. La justice nous condamne et nous poursuit de manière décuplée par rapport à la manière dont elle poursuit les délinquants de droit commun. Nos hiérarchies, au sein de la police nationale comme au sein de la gendarmerie nationale, font « l’autruche » et ne nous soutiennent pas. Nous n’avons qu’un seul droit, celui de nous taire ! Les partis d’extrême gauche nous traitent d’assassins, Mélenchon en tête et cela non plus nous ne le supportons plus.

Cela fait maintenant deux ans que je m’interroge, comme tant de mes camarades sur l’intérêt qu’il y a de poursuivre l’existence et je dois reconnaître que je suis animé de nombreuses pensées suicidaires. Il m’est arrivé de vouloir en finir, de passer à l’acte en prenant des médicaments, en appelant à l’aide mais je m’en suis tiré, j’ai rebondi et j’ai repris mes fonctions. Deux de mes collègues, avec lesquels je travaillais, ont mis à exécution leur volonté, en usant de leurs armes de service et ils ne sont plus de ce monde aujourd’hui hélas. Je pense très souvent à eux.

Je résiste, j’essaie de tenir le coup et de faire bonne figure. Je m’efforce de rester en vie avant tout pour ma famille, pour mes enfants, pour la femme que j’aime et qui partage ma vie et mes souffrances au quotidien. Et je le fais aussi pour mes parents car j’ai encore la chance de les avoir à mes côtés.

Je ne cesse de relancer mon administration pour qu’elle accepte ma démission et j’espère que celle-ci deviendra bientôt effective parce que je n’en peux plus, vous l’avez bien compris. Je travaillerai dans un autre domaine et cela ne me fait pas peur parce que j’ai toujours été courageux. Mon CV ne tient qu’en deux mots : Police Nationale.

Rien ne bouge, il leur faut toujours des attestations et autres certificats et je sais aussi que je serai auditionné pour qu’ils puissent identifier mes motivations. Ce sont exactement celles que vous décrivez souvent mon Capitaine, et je vous remercie de si bien nous défendre : le sentiment de travailler pour rien en voyant les multirécidivistes toujours relâchés. Mais aussi la complexité de la procédure pénale, qui est toujours plus lourde et qui ne sert à rien, si ce n’est à donner toujours plus de droits aux malfrats et à en donner toujours moins aux victimes. Et puis aussi l’absence de soutien de la hiérarchie qui ne pense qu’à elle-même et puis tant d’autres raisons que vous analysez si bien.

Rien ne bouge. Pourquoi tant de difficultés à pouvoir démissionner, pourquoi mettent-ils tant de temps à me rendre ma Liberté ?

Je ne comprends pas, je ne comprends plus et combien encore de temps vais-je pouvoir paraître et tenir ?

MERCI à vous,

Fabrice »

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