Gendarmes. Mission en or en Guyane

Photo Gendarmerie mobile de Pontivy

De la surveillance de l’Eurotunnel de Calais à la sécurité du championnat du monde de handball : les missions des gendarmes mobiles de Pontivy sont variées au possible. Celle qu’ils ont menée en Guyane durant trois mois vaut son pesant d’or.

La forêt amazonienne en Guyane française et sa faune hostile, des températures qui oscillent autour de 40º et un taux d’humidité de plus de 90 %. C’est dans ces conditions extrêmes que 71 personnels de l’escadron de gendarmerie mobile de Pontivy (113 au total) ont assuré une mission de lutte contre l’orpaillage illégal durant trois mois, d’août à novembre. Avant de mettre le cap, dès ce jeudi, pour Nantes, puis Brest, où se déroule le championnat du monde de handball. Un renfort pour assurer la sécurité, comme ces gendarmes pontivyens ont été amenés à le faire durant les vacances de Noël aux abords de l’Eurotunnel, à Calais. La particularité du « 13/3 », comme les autres unités en France, est qu’elle est en déplacement hors de la caserne environ 200 jours par an. Pour des missions riches et variées, qui « empêchent la routine ».

Sac de 30 kg sur le dos

Celle qui les a menés en Guyane française, du côté de Maripasoula, frontalière du Surinam, peut être qualifiée d’exotique, hors norme même sur un territoire atypique, surtout « l’une des plus exigeantes sur le plan physique », reconnaissent le chef d’escadron Philippe Pilard, commandant de l’escadron de gendarmerie mobile de Pontivy, et l’adjudant-chef Thierry Augizeau. Rien que le ravitaillement des vivres était une épreuve en soi, du fait de l’assèchement, en cette période de l’année, du fleuve Maroni. Se déplacer dans la forêt amazonienne pour deux, trois, voire cinq jours, avec des marches quotidiennes de 15 à 17 km, leur imposait de porter sur le dos environ 30 kg de vivres et matériels. Sachant que, « si vous êtes perdus dans cette forêt, vous êtes morts ».

Objectif : endiguer l’orpaillage illégal, autrement dit, « lutter contre le pillage du sol français en or. Le but était de détruire tous les campements illégaux et toutes les marchandises et matériels sur place. En stoppant leurs ravitaillements, ils ne peuvent plus poursuivre leur activité. On a donc aussi détruit ou saisi leurs pirogues. On travaillait sur place avec des militaires, dont on avait l’autorité, toujours par groupes de quinze à vingt hommes ».

300 à 350 sites illégaux

L’orpaillage illégal est un phénomène ancien, de grande ampleur. Avec 300 à 350 sites identifiés. La technique peut s’avérer sophistiquée : si le système alluvionnaire est le plus prisé, avec une lance pour extraire les boues et une table de levée pour les trier, les militaires ont parfois eu affaire à une barge de pompage qui permet d’aspirer les fonds du fleuve. Une machine estimée à environ 1 M€. Pour exercer ce travail, « ce sont des pauvres gens, qui sont employés, souvent d’origine brésilienne et qui ne gagnent pas grand-chose. Des ouvriers et manutentionnaires exposés aux risques en termes de santé. Il n’y a pas vraiment de rébellion de leur part : quand ils nous voient arriver, ils déguerpissent. Ou alors, on leur donnait l’ordre de quitter le territoire national ».

Des commodités au coeur de l’Amazonie

Des ouvriers qui ont toutes les commodités sur place, en pleine Amazonie : les gendarmes mobiles ont été amenés à détruire des téléviseurs, des réfrigérateurs, des groupes électrogènes et même des antennes satellites. Raser un site pour empêcher une reprise d’activité par la suite. Car, quitte à repartir de zéro, les trafiquants préfèrent en exploiter un nouveau.

Les sites aurifères de l’Amérique du sud sont désormais loin derrière les gendarmes mobiles de Pontivy. Place, désormais, au handball sur les sites bretons, sans transition ou presque. Enchaîner les missions variées au possible fait partie de leur métier. « Cela nous donne une ouverture d’esprit énorme, c’est très valorisant, sans jamais de routine », en conviennent Philippe Pilard et Thierry Augizeau.
Source : Le Télégramme

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