Gendarmerie : la section de recherches de Montpellier fête ses 40 ans

Gendarmerie : la section de recherches de Montpellier fête ses 40 ans
Le colonel Bertrand Pallot à la tête de la SR depuis 2015.
V. P.
L a Section de recherches de Montpellier, dirigée par le colonel Pallot, fête ses 40 ans cette année. Le militaire, dont les hommes interviennent dans trois départements de la région, répond à nos questions.

Quel est le rôle de la Section de recherches de Montpellier, qui a vu le jour en 1977 ?

C’est un service d’une quarantaine d’enquêteurs, qui intervient dans l’Hérault, l’Aude et les P.-O. Nous sommes spécialisés dans les crimes de sang, les crimes de sexe, la délinquance économique, financière et numérique, le banditisme et les stupéfiants. Il y a 29 SR en France, et celle de Montpellier fait partie des trois grandes SR du Sud, avec Nîmes et Marseille. Au niveau de son activité, elle fait partie des plus importantes de France : nous traitons une soixantaine d’affaires par an, dont une dizaine d’homicides.

Avec votre regard d’enquêteur, quel portrait pouvez-vous dresser de cette partie de l’Occitanie ?

Ce qui est frappant, c’est l’importance du trafic de stupéfiants, avec la proximité de l’Espagne. La résine de cannabis arrive depuis le Maroc, et nous avons de plus en plus de trafiquants locaux qui se sont mis à la production d’herbe : il y a des régions d’Espagne où des zones agricoles se sont reconverties. Béziers reste une porte d’entrée pour l’héroïne. On a ici peu d’homicides crapuleux. On observe en revanche des équipes du grand banditisme parisien ou marseillais qui viennent se poser dans la région, et se reconvertissent dans l’extorsion. On a aussi une montée en puissance de filières très organisées, issues de l’Europe de l’Est, avec des équipes spécialisées dans les cambriolages, les vols d’outillage ou de caravanes, qui bougent beaucoup en France.

Parmi vos dossiers, les meurtres des prostituées à Marsillargues et Marseillan n’ont pas été élucidés. Comment l’expliquer ?

Il y a eu un travail considérable sur ces deux affaires qui restent non élucidées à ce jour. La difficulté est liée à la nature des victimes : des prostituées étrangères, on n’a pas de famille autour, et qu’on se retrouve avec un environnement beaucoup plus complexe et changeant. C’est beaucoup plus difficile de tirer les bonnes pistes, de reconstituer des lignes de vie.

Une SR à Montpellier, une autre à Nîmes, et le SRPJ qui, en police, intervient sur les mêmes cibles : n’est-ce pas trop ?

Il n’y a pas aujourd’hui de réflexion en gendarmerie sur une réorganisation des SR. Dans la pratique, on se rend compte qu’il y a à Nîmes une délinquance surtout tournée vers Marseille, alors que nous avons ici un pôle de criminalité important à Montpellier et à Perpignan. Quant à la coexistence avec le SRPJ, c’est une chance pour les magistrats de pouvoir s’appuyer sur deux services distincts et compétents. Très franchement, contre le crime et la délinquance, il y a du travail pour tout le monde.

Les procédures et les techniques d’enquêtes évoluent vite. Quelles pistes pour l’avenir ?

Nous avons déjà constitué un groupe renseignement, avec différents capteurs, dont des capteurs humains, c’est-à-dire des indicateurs. C’est une activité sensible, mais très importante : c’est comme ça qu’on sait ce qui se passe dans la région. Je crois aussi à l’indispensable montée en puissance sur le numérique : nous avons des enquêteurs capables d’intervenir sous de faux profils numériques, en se faisant passer pour un pédophile, un trafiquant d’armes ou de stupéfiants sur le Dark web.

De Van Geloven à Bissonnet

La SR de Montpellier a été créée le 1er février 1977, lorsqu’apparaît la nécessité de spécialiser des enquêteurs sur le judiciaire au niveau régional. Elle est alors la seule de France à être dirigée  par un sous-officier, le major Robert Gatounes, et compte 10 enquêteurs, dont le style tranche avec les habitudes de l’époque, puisqu’ils s’efforcent notamment de travailler en civil. La SR va s’illustrer lors des grandes affaires criminelles de notre région : Yves Dandonneau, l’assureur qui avait fait croire à sa mort en tuant un clochard dans l’Hérault pour toucher des assurance-vie (1987) ; Christian Van Geloven, le pédophile bourreau de deux fillettes, à Elne (P-O), en 1991, ou encore Jean-Michel Bissonnet, l’homme d’affaires de Castelnau-le-Lez  qui a fait assassiner son épouse Bernadette (2008).

189 enquêteurs ont servi à la SR de Montpellier depuis sa création. Tous ces anciens se rassembleront ce vendredi à la mairie de Montpellier pour une rencontre en forme d’hommage.

Source : Midi Libre

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