Gendarmerie et police recrutent sur les plages

Comme chaque année, police et gendarmerie profitent de l’affluence estivale pour recruter directement sur les plages. Jeudi, ils étaient à Sangatte…

Gendarmes et policiers sont restés sur la plage de 9 h à 17 h. Ils reviendront pour une deuxième journée de sensibilisation le 3 août.
Gendarmes et policiers sont restés sur la plage de 9 h à 17 h. Ils reviendront pour une deuxième journée de sensibilisation le 3 août.

Chassés par les bourrasques qui soufflent sur le front de mer, policiers et gendarmes ont trouvé refuge dans l’abri relatif de leurs fourgons. Du 12 juillet au 24 août, ils arpentent la côte d’Opale: après Bray-Dunes et Malo-les-Bains, les voilà à Sangatte, et ils continuent vers Wimereux, Wissant, Hardelot-Plage, Stella-Merlimont. « On fait toutes les stations balnéaires, on repassera à Calais le 3 août », précisent-ils. On a connu pires affectations, même s’ils admettent trouver le temps un peu long quand une mauvaise météo chasse les baigneurs et les potentielles recrues…

« Avec les attentats, on était passés de 20 000 candidats à 30 000. Depuis, c’est un peu retombé… »

Quel est le vivier de recrutement visé ? Hommes ou femmes entre 18 et 35 ans, de nationalité française, avec un casier judiciaire vierge et ayant effectué la journée d’appel à la préparation à la défense (JAPD). Et il faut aussi être en bonne condition physique. C’est à dire ? « Disons qu’il faut courir plus vite que les voleurs ! », sourit le major Ringeval, de la police nationale.Et dans la tête ? « On recrute sans diplômes comme à bac+5… » S’il n’y a pas de filières d’études particulièrement adaptées, le droit est un plus non négligeable à mesure qu’on ambitionne d’intégrer la hiérarchie.

Filières poudre

Peu à peu, quelques promeneurs apparaissent et s’arrêtent devant les fourgons. Des jeunes, bien sûr, mais aussi des personnes plus âgées, qui prennent les informations pour un fils ou une petite-fille qui se cherche encore… Policiers comme gendarmes s’interdisent tout démarchage agressif, on n’embrasse pas ce genre de carrière à reculons : « On donne nos contacts, mais on ne prend pas les leurs : à eux de prendre l’initiative de faire les démarches… » Policiers comme gendarmes ont noté un afflux d’intérêt pour leurs professions dans la foulée des attentats : « On était passés de 20 000 candidats à 30 000. C’était une bonne chose ! Depuis, c’est un peu retombé… En un sens, c’est une bonne chose aussi ! »

Quelles sont les préoccupations du jeune public ? Moins intéressées qu’on ne pourrait l’imaginer… « On a assez peu de questions sur les salaires ou la retraite, affirme le gendarme Dofosse. En fait, ils se projettent déjà à long terme et posent beaucoup de questions sur les filières et les spécialisations… » Alors bien sûr, on rêve plus d’affronter des preneurs d’otages arme au poing au sein du GIGN, ou de piloter un hélicoptère de la gendarmerie, que de dépoussiérer des dossiers aux archives… « C’est dommage, d’ailleurs, parce que beaucoup d’affaires sont résolues en épluchant les archives ! Mais oui, les unités les plus recherchées, ce sont le GIGN, la BAC, la BRI, le Raid, enfin ce qui est le plus médiatisé… On ne leur vend pas du rêve et on ne les décourage pas non plus. On leur dit que c’est possible d’entrer au Raid, bien sûr, mais que ce n’est pas facile, ce sont les filières les plus demandées… et les plus sélectives ! »

Le major Ringeval demande à la cantonade si quelqu’un a déjà envisagé une carrière dans la police. Timidité ou désintérêt, personne ne lève la main. Alors l’agent dégaine l’argument animaux, notamment à l’intention des fillettes : « Il y a la brigade équestre ou la brigade canine, ça ne vous dirait pas de travailler avec un chien ? » Ce qui désarme beaucoup de jeunes vocations, c’est surtout la perspective de premières affectations loin de sa région d’origine : en police, on commence toujours en région parisienne. « Il y en a qui sont frileux à l’idée de s’éloigner de leurs proches. Alors on explique que beaucoup de jeunes arrivent célibataires en région parisienne, se trouvent une copine sur place et au final, ils font leur vie là-bas… »

L’autre intérêt de ces campagnes de recrutement, c’est de combattre certains clichés sur leurs professions : « Les gens sont convaincus que la guerre police-gendarmerie continue… » Pas à leur niveau, assurent-ils, et encore moins quand il s’agit du recrutement: « Policier ou gendarme, peu importe, l’important c’est que les jeunes recrues bossent et cotisent ! »

Edouard Odièvre

Source : Nord Littoral

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