Encore des gendarmes agressés

Six agressions par mois en moyenne en 2013 du côté des gendarmes de Lot-et-Garonne. Photo./archives.

Six agressions par mois en moyenne en 2013 du côté des gendarmes de Lot-et-Garonne. Photo./archives.

Au tribunal correctionnel hier, deux gendarmes de Prayssas. Deux victimes d’outrages et de violences en avril dernier. Des agressions de moins en moins rares.

Dans la salle d’audience, les deux gendarmes ont patienté plus d’une heure. En temps normal, ils se placent dans un couloir parallèle, dans l’attente de la comparution d’un détenu qu’ils sont chargés d’escorter. Hier, ils étaient à la barre pour témoigner de cet après-midi du 11 avril dernier. Ils menaient une enquête ordinaire sur le vol de deux vélos et frappent au domicile d’une famille à Port Sainte-Marie. L’un des enfants n’était pas suspect, en tout cas pas ce jour-là.

«Je hais la France»

La suite est aujourd’hui plus qu’hier devenue ordinaire. Les mots glissent, le ton monte et une jeune femme de 27 ans qui n’était pas présente à leur arrivée sur place s’interpose. La tension aidant, les deux gendarmes de Prayssas décident de lui mettre les menottes. La fille de la famille crache son venin au sens littéral du terme. «Ça a été une humiliation pour moi» lâche l’un des deux militaires. Il se prend un coup de tête que sa collègue a réussi à éviter. Elle témoigne. «Elle nous a dit qu’elle était enceinte de trois mois. Ce n’était pas vrai.» En revanche, la gendarme l’était et l’est toujours.

Ça continue ensuite dans le véhicule de service. «Sales Français, je hais la France.» Elle en a pourtant la nationalité. La garde à vue n’est pas beaucoup plus calme. Elle est finalement remise en liberté mais avec une convocation pour cette audience du 10 juillet. Outrage, rebellions, violence, injure «en raison de la race, de l’ethnie, de la nation…». C’est le code pénal qui parle à l’audience.

«Pas rassurée»

Absente car retenue par une activité professionnelle, dit Me Philippe Briat. «De plus, elle n’était pas rassurée.» L’avocat s’interroge à voix haute devant le juge unique de cette audience, Ludovic Pilling. «Comment lutter contre la parole des gendarmes ? Que vaut dans la balance la voix d’une jeune femme qui arrive dans votre bureau en vous expliquant qu’elle va être victime d’une erreur judiciaire ? (…) Je n’y étais pas, mais cela ne s’est pas bien passé. Les gendarmes ne sont pas restés les mains dans les poches. D’ailleurs, ils évoquent une clé de bras (…) Cest un combat perdu quand on se range du côté des plus faibles, comme cette mère de trois enfants. Obtenir la relaxe serait un miracle». Elle a porté plainte pour des coups et des insultes qu’elle aurait reçus.

Une plaidoirie guère appréciée par les deux victimes et un officier de la compagnie de gendarmerie d’Agen, dont dépend la brigade de Prayssas. Le ministère public a requis 5 mois de prison avec sursis et 150 € pour les injures. La partie civile demandait 1 000 € de dommages et intérêts. La jeune femme a été condamnée à six mois de prison avec sursis et doit indemniser les victimes (500 € l’un).

Une condamnation à ajouter à une liste déjà longue. En 2013, pour le seul groupement départemental, 75 outrages et violences constatés, 6 par mois.

Source : La Dépêche

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