Écroué après une folle course-poursuite avec les gendarmes

Écroué après une folle course-poursuite avec les gendarmes

La course infernale du prévenu s’est achevée dans une rue de Sancerre. © Stéphanie Para

Entre Les Aix-d’Angillon et Sancerre, il avait tenté, jeudi après-midi, d’échapper à plusieurs véhicules de gendarmerie. Il attendra son procès en prison.

Jugé hier en comparution immédiate pour refus d’obtempérer, violence avec arme (sa voiture) et dégradation d’un bien d’utilité publique (un véhicule de gendarmerie), André (*), un résident sancerrois de vingt-quatre ans, a sollicité un délai pour préparer sa défense.
Dans l’attente de son procès, le 27 novembre, le tribunal l’a placé en détention provisoire.

Des années d’addiction

Dans le box des prévenus, perdu dans un pantalon de jogging et un blouson fermé jusqu’au menton, André semble surtout un paumé de la vie. Des années d’addiction aux stupéfiants (l’héroïne autrefois, le cannabis encore aujourd’hui, et à hautes doses) se lisent sur ses traits tirés, dans ses yeux battus et sa silhouette de naufragé.
Face à lui, pas moins de quatre gendarmes sur le banc des parties civiles. La veille, il leur a mené la vie dure, au volant de sa voiture, entre Les Aix-d’Angillon et Sancerre.
En agglomération des Aix, André a démarré à fond de train : en doublant pied au plancher un traînard. Pas de veine ! C’est un officier de gendarmerie, en voiture banalisée. Poursuite ! André appuie sur le champignon, est rattrapé une première fois, mais s’échappe.

Quelques bornes plus loin, avalées à toute allure, il est à nouveau coincé. Et là, devant un gendarme ayant l’arme au poing, il passe la marche arrière et s’esquive à nouveau, en manquant renverser un autre militaire.

« Je voulais pas mettre leur vie en danger. Je suis p’têt cinglé, bon… mais pas au point de vouloir tuer un gendarme ! Enfin quoi ! Je suis pas un terroriste, quand même ! »

Et ce n’est pas fini ! À l’approche de Sancerre, il est pris en chasse par plusieurs véhicules de gendarmerie arrivés à la rescousse. On est dans Mad Max. C’est French Connection sur le piton ! Comme dans un jeu vidéo, André, déchaîné à son volant, percute par le côté une voiture de patrouille parvenue à sa hauteur.
Sa course infernale s’achève dans une rue de Sancerre, où il abandonne son auto. Des riverains l’ont vu s’enfuir à pied. Il est interpellé chez lui en début de soirée, et placé en garde à vue.

La présidente, Pauline Wattez, lui donne la parole. « Je voulais pas mettre leur vie en danger (aux gendarmes NDLR), commence André. Je suis p’têt cinglé, bon… mais pas au point de vouloir tuer un gendarme ! Enfin quoi ! Je suis pas un terroriste, quand même ! »
En garde à vue, il aurait expliqué qu’il voulait se dépêcher de regagner Sancerre, après une visite à Bourges. Dame ! André est « sous surveillance électronique », en jargon juridique. Il porte un bracelet électronique.

Sous bracelet électronique, il voulait vite regagner Sancerre

En sanglots dans le box, il évoque sa compagne et leur enfant en bas âge. « Si je vais en prison, je vais mettre fin à mes jours, c’est sûr », affirme-t-il.
Car en dépit d’un casier déjà conséquent (les stups…), il n’a encore jamais fait l’expérience de la détention.
« Mais vous êtes, déjà, sous le coup de deux sursis, constate Lydie Samour pour le parquet. Votre bracelet, c’est en outre une alternative à une peine de prison ferme. Et pourtant rien de tout ça ne vous a empêché de faire n’importe quoi… »
Dès lors, le mandat de dépôt est inévitable, surtout en regard des exploits routiers d’André.
Son avocat, Me Michaël Villemont, a beau plaider un maintien en liberté assorti du fameux bracelet, c’est trop court. Son client attendra d’être jugé derrière les barreaux.

Emmanuel Letreulle

(*) Le prénom a été changé.

Source : Le Berry Républicain

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