Disparition de Delphine Jubillar : les éléments qui ont poussé la justice à mettre en examen Cédric pour meurtre

Le procureur de la République de Toulouse lors de la conférence de presse. / Photo DDM / Nathalie SAINT-AFFRE

Le mari de Delphine Jubillar disparue depuis le 16 décembre a été mis en examen pour « homicide volontaire par conjoint ». Le procureur de la République de Toulouse Dominique Alzeari s’est exprimé en conférence de presse à 16 heures 

À la suite de la garde à vue et la mise en examen de Cédric Jubillar et placé sous mandat de dépôt pour « homicide volontaire par conjoint », le procureur de la République de Toulouse, Dominique Alzeari a tenu une conférence de presse à 16 heures, vendredi 18 juin. Que faut-il retenir de cette prise de parole ? La Dépêche du Midi fait le point. 

Un suspect qui profère « des mensonges »

Selon le procureur de la République de Toulouse, « M. Jubillar a fourni des « explications évolutives pour ne pas dire contradictoires et même des mensonges tout en continuant à contester les faits. » Le procureur a rajouté que « les investigations ont montré que ces déclarations étaient totalement mensongères », notamment sur les relations entre les deux époux suite à leur séparation. 

Des hypothèses rapidement écartées

Pour établir un scenario qui correspond aux éléments de l’investigation, les enquêteurs ont procédé par la négative en écartant de nombreuses thèses en lien avec la disparition de Delphine Jubillar. Les hypothèses d’une disparition volontaire, d’un suicide ou d’un accident ont rapidement été abandonnées. Le procureur a estimé que les projets de crédit, de d’emménagement avec son amant ainsi que l’amour de son métier n’étaient « objectivement pas des éléments qui pourraient amener » à un suicide ou un départ volontaire. Plus encore : « Nous étions en décembre, en plein confinement, dans un petit village, elle n’aime pas sortir la nuit… Elle est partie seulement avec son téléphone, sans chargeur, sans son sac à main, sans ses lunettes. Nous savons que la lampe torche de son téléphone n’a pas été activée ». L’instruction a alors conclu à une disparition non volontaire.

L’hypothèse d’un enlèvement a également été mise hors de cause, tout comme l’amant après vérification de son emploi du temps ainsi que les proches de Delphine. L’étau s’est alors resserré sur son mari et une disparition criminelle qui est privilégiée. « On se trouve sur une présomption d’homicide ».

Un mari trompé « brutal, grossier, brutal »

Alors qu’il disait ne pas connaître la relation extraconjugale Delphine Jubillar et avait déclaré vivre une séparation cordiale avec son épouse, le procureur est revenu sur un discours « mensonger » de Cédric. « La séparation était très conflictuelle avec beaucoup de disputes. Il avait une très grande difficulté à accepter cette séparation. Il était brutal, grossier, agressif. Il a même organisé une véritable surveillance de son épouse » a développé le magistrat. « Après avoir nié, Monsieur Jubillar confirme qu’il était parfaitement au courant que Delphine avait un amant ».

Des éléments concrets 

Dominique Alzeari a également confirmé que nombreux indices et éléments concrets ont permis la mise en examen de Cédric Jubillar. Tout d’abord, les gendarmes ont été interpellés par la rapidité de l’appel du mari : 16 minutes après s’être rendu compte qu’elle n’était plus là. En août, alors que Delphine avait passé la nuit en dehors de leur maison, il avait seulement appelé ses amis et non les gendarmes. 

Deuxièmement, le podomètre du suspect indiquait à l’arrivée des militaires que Cédric avait fait seulement 40 pas. Alors que « lors du tour du domicile avec les gendarmes, le podomètre a enregistré 380 pas ». Contradiction, encore, avec le témoignage du mari selon lequel il aurait cherché dans toute la maison Delphine. 

À l’arrivée également des gendarmes, celui dont la femme venait de disparaître était en train de déclencher une machine à laver dans laquelle se trouvait « la couette du lit de Madame. Une scène assez incongrue alors que lui portait un pyjama qu’il n’avait jamais lavé selon ses dires et que l’état de la maison était extrêmement négligé », continue le procureur. 

Plus étrange encore : la voiture. Lui qui n’a pas le permis aurait donné très rapidement les clés de voiture de sa femme aux gendarmes. L’infirmière avait l’habitude de la garer dans le sens de la sortie, ce que corroborent des voisins. Or, à l’arrivée des gendarmes, celle-ci était dans garée dans le sens inverse. De plus, de la condensation a été observée à l’intérieur du véhicule, dont la vitre côté conducteur était à moitié ouverte, en plein mois de décembre. « Les experts ont expliqué que cette condensation correspondait à une présence humaine récente dans ce véhicule ». 

En revanche, aucun sang n’a été retrouvé sur les lieux.  

Des témoignages compromettants

Côté témoignages, alors que Cédric « soutient qu’il n’y a pas eu de dispute, que tout s’est bien passé, nous avons réuni deux éléments importants » : son fils, âgé de 6 ans, a déclaré que vers 23 heures après s’être couché, « il a entendu une violente dispute entre ses parents. Ce que le mis en examen conteste. »

Au même moment, deux voisines, une mère et sa fille, entendent, à 23h07 précisément, en direction du domicile de la famille Jubillar « des cris stridents et de détresse d’une jeune femme qui vont les interpeller et progressivement disparaître dans la nuit ». Elles n’ont pas appelé les gendarmes à ce moment-là. 

Source : La Dépêche

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