Comment Macron compte réformer l’Elysée après l’affaire Benalla

eef3bf70de785883f6f9048b03311Emmanuel Macron accompagné par Alexandre Benalla lors de la visite d’une école à Berd’huis, le 12 avril 2018 – CHARLY TRIBALLEAU / AFP

L’affaire Benalla et les « dysfonctionnements » qu’elle a révélés n’ont fait que renforcer le projet d’Emmanuel Macron de réformer en profondeur l’organisation de l’Elysée.

Réforme des retraites, projet de révision constitutionnelle, discussions sur la loi Pacte pour les entreprises… Après deux semaines de vacances discrètes au Fort de Brégançon, la rentrée s’annonce chargée pour Emmanuel Macron, affaibli au mois de juillet par l’affaire Benalla. Alors que la commission des Lois du Sénat n’a pas encore achevé sa mission d’enquête, et que l’ancien chargé de mission de l’Elysée pourrait être auditionné par les parlementaires, le président de la République compte bien réformer rapidement l’organisation de l’Elysée afin d’éviter tout autre « dysfonctionnement ».

Une réforme engagée peu de temps après son accession au pouvoir – Emmanuel Macron avait lancé en octobre 2017 une « revue générale des services » qui avait mis en évidence les travaux indus effectués par certains services -, mais que le président souhaite désormais accélérer en créant notamment une direction générale des services et un commandement unique des forces de sécurité, a indiqué son entourage.

« Ce qu’a apporté l’affaire Benalla est d’avoir révélé d’autres dysfonctionnements, par exemple dans l’organisation hiérarchique », explique-t-on à l’Elysée.

« Le président a souhaité que le travail mené sous l’autorité du secrétaire général Alexis Kohler soit également nourri de ce qu’on pouvait identifier après l’affaire Benalla » pour une réorganisation qui concernera la logistique comme les transports, la sécurité ou encore la communication. La réforme devrait être enclenchée « d’ici la fin de l’année » et s’étaler sur plusieurs mois.

Les « relations immatérielles » en ligne de mire

L’affaire Benalla a notamment montré « des dysfonctionnements sur les relations immatérielles à l’Elysée, pas forcément visibles », explique l’entourage du président. En clair, personne au palais n’oserait remettre en cause les faits et gestes d’une personne visiblement proche du président, comme ce fut le cas pour Alexandre Benalla.

« Tout à l’Elysée est basé sur ce que l’on peut vous prêter en termes de proximité avec le chef de l’Etat. Est-ce qu’il vous a fait un sourire, appelé par votre prénom, etc. C’est un phénomène de cour », avait-il lui-même dans une interview au Monde.

820 collaborateurs à l’Elysée

Un autre handicap est l’absence à l’Elysée d’administration propre: le personnel est composé de fonctionnaires mis à disposition par leur administration d’origine, qui impute leur salaire à la présidence, et ce jusqu’au personnel du standard, mis à disposition par Orange. Ce qui explique que l’Elysée n’ait ni médecine du travail en propre, ni syndicats. D’où la décision d’Emmanuel Macron de nommer un directeur ou une directrice générale des services ayant autorité sur les quelques 820 collaborateurs de l’Elysée.

Cette fonction, qui a existé sous d’autres présidents, relevait jusqu’ici du directeur de cabinet Patrick Strzoda, qui est accaparé par les missions régaliennes, explique la présidence.

Une réorganisation de la sécurité de l’Elysée envisagée

La sécurité est, elle, éclatée entre le commandement militaire, qui dépend de l’Elysée, dirigé par le général Eric Bio Farina, chargé de la sécurité du Palais et des résidences présidentielles, et le GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République), qui assure la sécurité du président lors de ses déplacements et dépend du ministère de l’Intérieur. Par exemple, le commandement militaire, chargé de la sécurité du Palais, réalisait la revue de presse quotidienne et chapeautait le service d’impression des cartons d’invitation, tandis que le GSPR s’occupe des bagages des conseillers.

Depuis plusieurs mois, le commandant militaire et le patron du GSPR étudient une manière de placer les deux entités sous un commandement unique, qui pourrait dépendre de l’Elysée, indique la présidence.

« L’enjeu est une continuité dans la sécurité et une rationalisation des moyens, » justifie l’Elysée, qui se défend de toute intention de créer une garde prétorienne.

Alexandre Benalla avait participé à des réunions sur ce rapprochement mais Patrick Strzoda, durant son audition à l’Assemblée, a catégoriquement nié que son ancien adjoint ait été pressenti pour diriger ce nouveau service unifié.

Source : BFMTV

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